Nous sommes en 1988 et, si le metal progressif commence à poindre, c’est plutôt le hard-FM qui tient le haut des charts, avec Europe ou Bon Jovi. C’est cette année que sort Cycle of the Moon, du groupe américain Prophet. Et si je vous en parle, c’est parce que c’est du hard-FM, soit, mais pas que.

Prophet est un groupe fondé dans le New Jersey, d’abord comme un cover-band, puis avec ses propres compositions. Les musiciens ont sorti trois albums entre 1985 et 1991, puis sont partis vers d’autres projets.

Deuxième album du groupe, Cycle of the Moon contient onze compositions qui tournent autour de trois-quatre minutes, pour un total de quarante-deux minutes. La seule particularité de cet album est la présence d’un instrumental. À signaler que le titre « Hard Lovin’ Man » n’était pas sur la première version de l’album; d’ailleurs, « Red Light Rider », l’avant-dernière piste, inclut le hurlement de loup qu’on retrouve au début.

On ne va pas se mentir: Prophet est un groupe de hard-FM. Cet album contient à peu près tous les clichés du genre, dans la musique, la voix du chanteur, les thèmes des chansons et – bien entendu – la coupe de cheveux des musiciens. Même en 1988, c’était déjà des clichés.

Pourtant, Cycle of the Moon a un son très particulier. Déjà, une « clarté » dans la production, mais aussi une basse souvent mise très en avant, ce qui n’est pas très courant. Musicalement, dire que c’est du metal progressif, c’est peut-être exagéré, mais disons que, pour le genre, il y a clairement une volonté d’aller au-delà du simple hard-FM. C’est assez flagrant sur certains titres, comme « On the Run » et l’instrumental « Hyperspace ».

Plus généralement, Prophet signe avec cet album un bel exemple, un peu atypique, de ce qu’était le hard-FM à la fin des années huitante. Je l’avais découvert à sa sortie, ou peu s’en faut, et pour moi qui consommais énormément d’albums dans ce genre, c’était une grosse baffe.

Et puis bon, il y a cette pochette, avec un des calembours les plus honteux que je connaisse. Je ne résiste jamais aux calembours, même honteux. Surtout honteux, en fait.

Trente-cinq ans plus tard, il me semble toujours aussi moderne, mais c’est vrai que, depuis, on a eu d’autres formations qui se sont appropriées ce genre – par exemple Beast in Black – pour en faire quelque chose de plus compatible avec le XXIe siècle.

C’est un peu dommage que Prophet n’ait pas connu plus de succès et que ce Cycle of the Moon reste dans la catégorie des joyaux méconnus de l’époque.

Bonus: la vidéo de « Sound of a Breaking Heart »

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