Jura, 2024: Mathis, écolier jusque là paisible, commence à voir des événements paranormaux autour de lui. Jura, 1651: Jéhan, adolescent au sein d’une famille pauvre, fait lui aussi face à des occurrences bizarres et des accusations de sorcellerie. Ces deux destins se croisent dans Place d’âmes, de Sara Schneider.
Il va falloir vous y faire: il y a encore un avertissement copinage sur cette chronique: je connais Sara depuis quelques temps, notamment parce que nous sommes tous deux au Gahelig. Et ce roman est également paru chez les copains de PVH.
Et, pour ne rien arranger, on y retrouve deux de mes petites marottes: l’histoire de la Suisse romande et l’uchronie. Une uchronie assez originale puisqu’elle a comme point de divergence… une absence de pluie, le soir du 23 juin 1974, jour de vote sur la création du canton du Jura.
Car, vous l’aurez compris, c’est bien le Jura qui est au centre de Place d’âmes. Une terre à l’histoire plutôt agitée – et au cœur d’une « Question jurassienne » toujours partiellement ouverte cinquante ans plus tard. La question, elle n’est pas vite résolue.
Et pas seulement d’un point de vue politique, puisque l’uchronie pose la création d’une place d’armes (abandonnée dans notre ligne temporelle) en pleine nature et la destruction de biotopes par l’activité humaine.
En alternant les deux périodes, un chapitre sur deux, Sara Schneider tisse un récit qui met en avant le rapport des hommes avec la nature, ainsi que les tiraillements politiques de la région. Si la vie de Mathis n’a pas grand-chose à voir avec celle de Jéhan, Sara Schneider nous montre certains parallèles et certains enjeux communs.
Et puis, il y a un élément fantastique qui, au-delà du simple jeu de mot, donne toute sa saveur à Place d’âmes. Et qui, dans les dernières pages, révèle le fin mot de l’histoire – et de l’Histoire. J’ai beaucoup aimé l’idée de donner une explication intradiégétique (pour utiliser un mot à la mode) pour les chapitres au XVIIe siècle.
Si je devais poser un défaut à ce roman, c’est peut-être dans le ton parfois très didactique. Ça s’explique par le fait que ce sont souvent des discussions qui ont lieu à l’école ou dans un musée, mais parfois j’ai eu plus l’impression d’avoir un « infodump » brut de décoffrage.
Cela dit, l’aspect didactique est assumé et Place d’âmes s’ouvre sur deux cartes de la région et se conclut avec un petit corpus de notes: notice historique pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire du Jura, une autre carte pour mieux situer les lieux, ainsi qu’une bibliographie.
Et donc, dans l’ensemble, j’ai beaucoup aimé Place d’âmes. Si j’en veux encore à Sara pour le coup du chat, je recommande l’ouvrage aux amateurs de fantastique et d’histoire régionale, de Suisse ou d’ailleurs.
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