« Les Choses immobiles », de Michael Roch

C’est encore l’esprit quelque peu intoxiqué par l’expérience Tè Mawon que je me suis attaqué au nouveau roman de Michael Roch, Les Choses immobiles. Disons pour résumer que je suis un peu redescendu.

Les Choses immobiles – qui au demeurant pourrait tout à fait être une préquelle de Tè Mawon – se déroule en Martinique, dans un avenir proche (environ 2035). La révolte gronde sourdement contre la France, puissance coloniale qui ne veut pas dire son nom et on y suit le cheminement d’un ancien soldat, potentiellement déserteur, qui se cache auprès de son frère, militant indépendantiste quelque peu radical.

Alors, oui, il y a une intrigue, mais j’ai l’impression qu’ici, elle passe à l’arrière-plan au profit d’une sorte de chronique de la vie dans une île de plus en plus abandonnée par sa métropole et d’un sentiment indépendantiste qui ne sait pas trop ce qu’il se veut non plus.

Le protagoniste est passablement ballotté entre une famille qu’il peine à reconnaître (et réciproquement), un héritage culturel dans lequel il peine aussi à se reconnaître, et un passé plus récent, en Europe, qui a fait de lui un étranger là-bas également – si tant est qu’il ne l’ait pas toujours été. S’ajoutent à cela des visions mystiques, peut-être causées par sa consommation de drogue, ses propres démons, ou pas en fait. Ce n’est jamais très clair.

Et, paradoxalement, alors que Les Choses immobiles est nettement plus court et que la langue est nettement plus accessible que dans Tè Mawon, avec des inclusions de créole caraïbe somme toute assez rares, j’ai eu plus de mal à entrer dans ce bouquin. J’ai eu l’impression d’être juste le spectateur d’une vie à laquelle j’avais beaucoup de mal à m’identifier.

Cela dit, il y a tout de même une ambiance très particulière dans les bouquins de Michael Roch – enfin, des deux que j’ai lus en tout cas – qui rend la lecture agréable. Ce n’est pas forcément pour tout le monde et je soupçonne que les passages en créole vont faire fuir beaucoup de lecteurs potentiels.

Pour soutenir Blog à part / Erdorin:

Blog à part est un blog sans publicité. Son contenu est distribué sous licence Creative Commons (CC-BY).

Si vous souhaitez me soutenir, vous pouvez me faire des micro-dons sur Ko-Fi, sur Liberapay ou sur uTip. Je suis également présent sur Patreon et sur KissKissBankBank pour des soutiens sur la longue durée.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.