Ce concert d’Alcest à l’Usine de Genève n’était absolument pas prévu. Même de ses organisateurs, qui l’ont annoncé le jeudi avant. Il faut dire que ce concert vient en remplacement de celui de Parme, prévu ce jour-là et annulé pour cause d’épidémie de Covid-19.
J’en suis désolé pour les Italiens, mais je dois dire que ça m’arrange bien: je n’avais jamais encore vu Alcest en concert et leur nouvel album, Spiritual Instinct, est dans mon Top 10 de 2019. Donc go l’Usine!
En cet étrange jour du 29 février, entre la pluie battante et le vent, en plus de la psychose épidémique, on a un peu tout ce qu’il faut pour décourager le metaleux genevois. Pourtant, il y a du monde: un public qui remplit la salle, mais pas de façon très compacte non plus, un peu comme pour Hypno5e la semaine dernière.
La soirée commence tôt avec Kælan Mikla, qui monte sur scène dès 19 h. Le groupe islandais est un trio féminin en robes noires gainées de chaînes, plongé dans des ambiances monochromatique et les fumées d’encens.
Il se définit comme de la synth-punk et, à mon oreille, je classe dans la catégorie « électro sombre à la Anne Clark ». Ça me rappelle ma folle jeunesse à la fin des années huitante.
Kælan Mikla connaît quelques problèmes de son au début, mais c’est vite résolu. Les musiciennes déroulent leur show un peu ésotérique, fait de sonorités électro et ponctué de cris discordants. La batterie est assurée par une boîte a rythme que la chanteuse lance à l’aise d’une baguette magique. Si je ne le connaissais pas avant cette soirée, le groupe a ses fans qui lui font bon accueil.
En général, dans une tournée, on a des groupes qui sont assez similaires. Ce n’est pas vraiment le cas ici. Témoin Birds in Row, qui investit la scène un peu après 20 h. C’est un autre trio, mais qui fait du punk hardcore. Oui, ça surprend.
L’éclairage est uniquement assuré par une guirlande d’ampoules à incandescence. C’est très roots. Ajoutez à ça des musiciens qui sautent dans tous les sens et vous sentez venir ma déprime de photographe. J’exagère un peu: au final, ça n’était pas si pire, même si j’ai du méchamment monter dans les ISO.
Musicalement, je pense que je ne vous surprendrai pas si je vous dit que c’est pas trop ma came non plus. Mais il fait reconnaître que c’est très énergique, parfois étonnamment mélodique (enfin, j’ai été étonné) et ça va chauffer la salle. Littéralement. Et, là encore, c’est un groupe qui a ses fans dans le public.
Un dernier changement de scène: le sphinx en toile de fond et l’intro à la batterie sur « Les Jardins de Minuit » annoncent l’arrivée d’Alcest un peu après 21 h. Une grosse batterie de spots, aussi: le groupe va jouer avec un light-show impressionnant.
Post-metal, post-black-metal ou blackgaze, la musique de Neige et de ses acolytes flirte avec les atmosphères planantes et les grosses guitares qui mordent. Au reste, en live, si on gagne en intensité, on perd peut-être en subtilité. Le gros son a tendance à quelque peu écraser les parties chantées les plus éthérées.
Ça ne va pas empêcher quelques très beaux moments de grâce, notamment sur « Les Jardins de Minuit », « Sapphire » ou « Kodama ». Le groupe joue à merveille sur les contrastes entre moments planants et fulgurances électriques.
Alcest va bien évidemment mettre l’accent sur Spiritual Instinct, son dernier album, mais pas tant que ça. Surtout si on considère que c’est un album qui fait moins de quarante minutes. J’aurais pensé que le groupe finirait sur « L’Île des Morts », mais « Deliverance » (en rappel), c’est pas mal non plus.
Non, soyons honnête: c’est un peu plus que « pas mal du tout ». C’était un très chouette concert d’un peu plus d’une heure. C’était vraiment un plaisir de voir Alcest jouer ses compositions sur scène. Malgré le côté « dernière minute » et les circonstances sus-mentionnées, le public a répondu présent et a fait un excellent accueil aux trois groupes.
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