Rouen, mai 1431, Jeanne la Pucelle est sur le point d’être brûlée sur le bûcher. Mais ce n’est pas elle qui meurt, évadée – limite enlevée – par son capitaine Gilles de Rais. Dans Jeanne, première Reine, la voici qui repart à la conquête du royaume de France, suivie par une armée qui l’appelle la Reine Jeanne.

Une fois encore, la série uchronique Jour J s’intéresse à celle que l’on appellera plus tard Jeanne d’Arc. Mais – paradoxalement, pour une uchronie – cette version est plus proche du personnage historique. Ou, à tout le moins, d’une vision historique de ce personnage.

Ici, Jeanne doit beaucoup à la reine Yolande d’Aragon, qui a « inventé » la pucelle et en a fait son outil pour reprendre le royaume aux Anglais. Et à la suite de sa libération, alliée aux Bourguignons, elle va continuer ce qu’elle avait commencer: « Bouter l’Anglois hors de France », selon la formule (postérieure), puis se lancer dans une ultime croisade.

L’histoire est crédible. Elle raccroche pas mal d’éléments historiques, comme Charles d’Orléans ou les papes d’Avignon, et les lie par une bonne dose de realpolitik. Jeanne a conscience d’être un outil au service de puissances qui l’utilisent sans vergogne, mais ses « voix » lui disent que c’est ce qu’il faut faire.

Ah, et ignorez la couverture: Jeanne ne sera jamais sacrée reine.

Au scénario, on retrouve les inévitables Jean-Pierre Pécau et Fred Duval (plus Fred Blanchard). J’avais trouvé le dessin quelque peu inégal, ça s’explique par le fait que deux dessinateurs, Siniša Radović et Marcio Bianchini, se sont succédés sur ce tome.

Jeanne, première Reine est un album plutôt convaincant. Ce n’est pas tant une uchronie à grand spectacle, mais elle a le bon goût d’utiliser son personnage principal avec intelligence et subtilité.

Stéphane “Alias” Gallay, graphiste de profession, quinqua rôliste, amateur de rock progressif, geek autoproclamé et résident genevois, donc grande gueule. On vous aura prévenu.

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