Il y a un peu plus de deux ans – déjà! – que j’avais écrit un premier billet sur l’intelligence artificielle générative. À l’époque, j’étais plutôt neutre. Ce n’est plus le cas.
Je ne surprendrai personne en disant que la situation n’a pas vraiment évolué en bien, au point qu’aujourd’hui, sur les réseaux, je me retrouve à masquer ou bloquer de plus en plus de gens qui les utilisent en masse. Cette technologie est de plus en plus utilisée, d’une part pour des usages triviaux et, d’autre part, pour des usages plus professionnels. Et c’est un problème, sur plein de niveaux.
En très très résumé, ce que l’on appelle « intelligence artificielle générative » est un ensemble d’algorithmes qui utilisent des vastes collections de données et les recombinent à la demande pour créer des contenus: textes, images, mais aussi musique et vidéos.
Pour le profane, le résultat est bluffant et ça fait partie du problème. Pour paraphraser Cory Doctorow, l’IA générative ne va pas remplacer votre boulot, mais des gens qui vendent ce genre de service vont essayer de convaincre votre patron que leur bouzin peut faire votre boulot aussi bien et pour moins cher. Spoiler: ils mentent. Ou ils y croient et ils sont très cons.
En vrai, de par leur conception même, les IA génératives ne peuvent que reproduire de façon médiocre ce qui existe déjà. Ce sont littéralement des machines à plagier. Et c’est évident pour n’importe qui avec un minimum d’expérience dans la création. Dit autrement, c’est souvent moche, voire très moche.
OK, j’admets que c’est un point quelque peu subjectif, mais il y a plus. Les IA génératives sont des processus qui demandent des grosses puissances de calcul. On en est au point où des centres de calculs sont massivement construits spécifiquement pour cet usage, ce qui implique un accroissement considérable de la consommation en électricité et en eau, à un moment où ce sont des ressources qui deviennent de plus en plus critiques.
En plus, ce sont des modèles qui doivent être « entraînés » par des humains. Le plus souvent des travailleurs du clic, payés une misère dans des pays en développement. Un impact social à ajouter à celui de tous les créateurs qui voient de plus en plus de clients potentiels avoir recours à l’IA générative parce que c’est moins cher, en plus du fait que cette même IA générative pille sans vergogne leurs créations pour alimenter ses collections de données.
Pour résumer, l’IA générative produit des contenus médiocres, voire carrément faux, tout en cramant la planète et en pourrissant la vie de plein de gens. On dirait que les années 2020 sont placées sous le signe des systèmes qui utilisent un max de ressources pour des résultats au mieux nuls, au pire néfastes (cryptos, NFT, etc.).
Pour être franc, je ne vois pas comment on peut avoir un minimum d’empathie et continuer à utiliser ces merdes. Et même, ce n’est juste pas efficace.
Je dois quand même nuancer: il y a des usages qui peuvent être justifiés. Mais ils doivent se comprendre dans le cadre des problèmes que je mentionne plus haut. Je peux me tromper, mais je pense qu’un outil comme la réduction de bruit sur Lightroom est raisonnablement inoffensif (on ne va pas se mentir: en tant que photographe, j’espère très fort que ce soit le cas).
Mais j’en arrive à un point où je suis en train de systématiquement désactiver tous les systèmes qui utilisent de l’intelligence artificielle générative. Et ce n’est pas si facile, parce que les gens qui en vendent, ils semblent avoir décidé qu’on en mangerait matin, midi et soir, qu’on le veuille ou non.
Et je ne sais pas pour vous, mais ces techniques de forceur, c’est un argument supplémentaire pour rejeter le bazar.
Photo de Markus Winkler sur Unsplash.
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20/06/2025 at 10:44
Je suis assez d’accord avec toi, le seul usage que je lui trouve, c’est quand on cherche une valeur un peu chiante à retrouver sur le net ou comparer deux trucs. Mais c’est plus pour avoir un résultat en forme de texte que de devoir éplucher quelques site web sur mobile et qu’on a pas vraiment le temps.
Mais c’est clair que certains voudraient nous faire croire que c’est “intelligent” alors que ce ne sont que des statistiques et probabilités pour faire du texte qui tien +/- la route
20/06/2025 at 11:52
Je suis teeeeeellement d’accord avec toi.
Les IA génératives c’est pas bien.
Enfin… leur usage général est mauvais.
Elles devraient servir à de l’analyse de corpus de documents : “fais moi un résumé des rapports de 2m15 dernières années” ou “analyse moi la durée du travail et les écarts de rémunération par salarié sur ces 457 bulletins de paie en fonction des critères suivant […]”
Là oui, ça a une utilité.
Mais c’est juste pas utilisé comme ça…
Après, il y a un effet de bord amusant au pillage fait pour les entraîner.
En leur promptant le pitch d’une œuvre de fiction, elles arrivent à retrouver assez précisément le titre du truc.
20/06/2025 at 13:19
Mais purée oui! Et même comme ça, c’est juste pas assez fiable pour que ça fonctionne correctement.
20/06/2025 at 20:33
Hormis pour l’employer à de rares occasions dans des recherches précises. J’envisage l’écriture d’un livre “musique” – ou plutôt j’ai entamé la rédaction. Je vois en l’IA une recherche avancée en lieu et place du désormais banal moteur de recherche. MAIS, car il y a un “mais” : je considère qu’un individu incapable de formuler correctement ses questions, ses demandes, génèrera un contenu tout aussi médiocre que lui, donc à son image. Même quelqu’un de suffisamment qualifié peut produire un contenu décevant… L’avènement (ou plutôt la démocratisation, popularisation) d’internet n’a pas produit les promesses escomptées : ludique (ou aliénant ? débilisant ?) plus qu’éducatif, au final.
Et je partage ton avis : implémenter cette technologie à marche forcée m’agace aussi. Bordel, je ne suis pas encore neuneu au point de ne pas savoir effectuer mes recherches comme un grand ! ^.^
20/06/2025 at 21:48
C’est surtout l’impact environnemental qui fait souci à cette heure.
21/06/2025 at 10:47
IA or not IA, this is the question…
De base je ne rejette pas cette nouvelle technologie, elle est très utile en recherche, photographie, astronomie, mais à condition que l’on puisse choisir de l’utiliser ou non.
C’est l’usage qu’en fait le grand public pour s’amuser ou faciliter sa vie qui me hérisse.
Outre la flemme de chercher et de prendre pour argent comptant une synthèse parfois inexacte de plein d’informations, c’est effectivement une machine à bruler du CO2 pour rien.
Comme toujours, c’est l’usage et non la technologie le problème.
JC
21/06/2025 at 10:52
Une fois encore, je pense qu’il y a un problème fondamental dans l’utilisation de ressources.
06/07/2025 at 11:39
J’ai trouvé une utilisation pour la génération de code informatique basique, surtout dans des langages que je ne connais pas. J’utilise avec beaucoup de parcimonie (et pas à titre pro, mon employeur a mis un moratoire sur les IA), seulement quand je décide qu’il y a des chances que ce soit plus rapide que découvrir moi-même, parce qu’entre les hallucinations et les erreurs de compréhension/raisonnement, je me méfie de chaque ligne comme de la peste. C’est comme un stagiaire : rapide, plein de bonne volonté et sans aucun recul.
Il est clair que 99% de l’utilisation doit être pour générer de la m. qui n’aurait pas existé sans, pour générer de la paperasse dont on aurait pu se passer, ou économiser du temps reperdu ensuite (mais par quelqu’un d’autre).
Mais c’est comme l’avion : pas facile de rester vertueux, quand toute notre civilisation marche sur la tête. Dans mon Alsace, en stress hydrique de plus en plus fréquent, je n’ai théoriquement pas le droit d’arroser au jet d’eau un de mes arbustes, qui soufre, tandis que la surface plantée en maïs (plante tropicale) ne cesse d’augmenter, pour faire du sirop de glucose pour la malbouffe, du méthane, au mieux nourrir des animaux (exceptionnellement des humains). Je me demande via quelle dystopie le retour de bâton se fera.