Frontier

Frontier est une bande dessinée grand format qui nous propulse dans un futur indéterminé et dans un système solaire qui ressemble beaucoup au nôtre. Là, une scientifique, une mercenaire et un ouvrier spatial se retrouvent en fuite à cause d’un… singe.

Signé Guillaume Singelin (qui fait tout) et publié par le Label 619 chez Rue de Sèvres, Frontier est un pavé de près de 200 pages, un format comparable avec celui de Carbone & Silicium. C’est d’ailleurs aussi une histoire complète.

Le contexte rappelle un peu The Expanse, avec son thème exploitation spatiale en mode hard-science-mais-pas-trop. Il met en lumière les différences entres les humains planétaires et spatiaux, gomme pas mal des aspects géopolitiques (et le macguffin extraterrestre), mais avec un côté plus lumineux.

(Un petit mot au passage: il y a peut-être un poil de copinage dans cette chronique, vu que j’ai une relation particulière avec le Studio 619 via Freaks’ Squeele. Mais je pense être suffisamment objectif sur le sujet de cette BD.)

On y suit principalement Ji-Soo, une scientifique dont le projet de sonde spatiale est racheté par un conglomérat commercial – et elle avec. À force de casser les pieds à tout le monde, elle se retrouve placardisée sur une station spatiale, où elle croise Alex, un travailleur de l’espace. Leur destin va être bouleversé par la rencontre inopinée avec un petit singe de laboratoire, dont le sauvetage va leur valoir de gros ennuis.

L’univers de Frontier, c’est la conquête spatiale, mais telle que l’imaginent les tenants d’un capitalisme débridé. Une frontière où les seules lois qui comptent sont la gravité et le marché et où les idéalistes, comme Ji-Soo, Alex ou Camina, la mercenaire qui va plus tard croiser leur chemin, n’ont pas vraiment leur place. Ou peut-être que si.

Un des éléments distinctifs de Frontier, c’est le style des personnages – le chara-design, pour faire style genre. Il y a un côté manga, et aussi un peu enfantin, qui contraste avec le style des équipements, plutôt réaliste. Ça peut paraître très bizarre, mais ça fonctionne plutôt pas mal, en mettant justement l’accent sur les personnages.

Ce n’est opas non plus une aventure à l’action trépidante. Il y a certes de l’action, mais ce sont souvent des explosions de violence entre des périodes plus calmes, voire des planches de pure « tranche de vie ».

Quand je mentionne un côté plus lumineux, c’est aussi parce que l’action se déroule assez peu dans le noir de l’espace, mais plus dans les stations spatiales surpeuplées, dans la promiscuité des vaisseaux spatiaux ou sur les mondes terraformés d’un système stellaire aux noms féminisés (ce qui, quelque part, reprend un peu un concept développé dans l’univers Freaks’ Squeele).

Il y a aussi un message plutôt optimiste, avec les utopies qui se construisent malgré les forces dystopiques qui traversent cet univers. Ou, peut-être, grâce à elles, en fait; en opposition.

Frontier, c’est un excellent exemple de science-fiction comme littérature du présent. Un des thèmes qui y sont développés, c’est l’avidité qui détruit le monde et, malgré tout, la solidarité qui le construit. Ou, parfois, le reconstruit.

Si le parti-pris graphique de Frontier peut en rebuter certains, je ne peux que recommander cette bande dessinée aux amateurs de science-fiction.

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2 réflexions au sujet de “Frontier”

  1. Les personnages ont un style un peu chibi – pour faire style genre. Ça ne me choque pas, au contraire, donc j’imagine que je suis compatible pour cette lecture. Ça tombe bien parce que ça a l’air bien sympa. Je note, merci pour la découverte !

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    • Perso, je dirais que cette dichotomie graphique est le seul point qui est potentiellement problématique, donc si ça ne te gêne pas, go for it.

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