Dimanche, je vais aller voter pour Emmanuel Macron. Voilà, c’est dit. Je pourrais bien dire que je vais voter contre Marine Le Pen, mais soyons honnête, je ne mettrai pas dans l’urne un bulletin qui dit « pas Marine le Pen ».

Si je fais un billet sur le sujet, c’est parce que ça n’était pas évident pour moi de prime bord. Il y a quelques mois, j’étais bien parti pour ne pas aller voter du tout. L’argument étant que, pendant ces cinq dernières années, le gouvernement a accumulé les politiques et les polémiques d’extrême-droite.

Seulement, une fois devant le fait accompli, j’ai commencé à réfléchir cinq minutes. Ce qui est entre quatre minutes trente secondes et cinq minutes de plus que d’habitude, mais passons.

(J’avoue volontiers que j’ai pas mal été aidé par beaucoup de mes contacts Twitter et Facebook; comme quoi tout arrive.)

Oui, voter Macron, c’est re-signer pour cinq ans d’ultra-libéralisme et de casse des services publics (sauf l’armée et la police) avec le quasi-fasciste Darmanin, le totalement déconnecté Blanquer et ses sorties lunaires sur le « wokisme », le parlement-godillot et les ministres-alibi. Et donc, je vais re-signer résigné.

Parce que l’alternative, c’est une vraie présidente d’extrême-droite. Qui, d’une part, fera très exactement la même politique ultra-libérale, mais en plus va lancer une chasse à tout ce qui n’est pas blanc cishet – et je doute que le fait que ce soit une femme fasse beaucoup pour le féminisme.

De plus, s’il y a toutes les chances que, dans cinq ans, Macron dégage définitivement, j’ai des gros doutes que le Air-Haine ait les mêmes scrupules face à la Constitution. La candidate Le Pen a déjà clairement annoncé que, si besoin est, elle allait contourner le Législatif; je suis prêt à parier qu’une fois élue, elle ne s’arrêtera pas là.

C’est un peu une constante dans tous les pays où l’extrême-droite est arrivée au pouvoir, en Europe ou ailleurs. Une fois qu’elle y est, elle fait tout pour y rester. Et « tout », avec les fascistes, ça va très, très loin.

Alors, oui, la France va en chier. Quelque part, vous me direz que je m’en fous un peu, vu que j’habite en Suisse. Certes, mais d’une part la frontière française est à quinze minutes de chez moi à pied et, d’autre part, j’ai beaucoup trop de potes français – dont beaucoup n’entrent pas dans la catégorie « mec blanc cishet » sus-mentionnée – pour que ça ne me touche pas.

Mais la question n’est pas – plus – de savoir si elle va en chier, mais si elle va en chier pour cinq ans ou jusqu’à ce que la machine à raccourcir les monarques redevienne à la mode.

Image: Affiche électorale arrachée à São João dos Angolares, au sud-est de l’île de São Tomé (São Tomé-et-Principe). Photo: Ji-Elle via Wikimedia Commons.

Stéphane “Alias” Gallay, graphiste de profession, quinqua rôliste, amateur de rock progressif, geek autoproclamé et résident genevois, donc grande gueule. On vous aura prévenu.

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