Quand on est fan de prog en Suisse, que ce soit dans sa version rock ou metal, il y a une salle incontournable: le Z7 de Pratteln. Néanmoins, ces dernières années, j’ai l’impression que le KiFF d’Aarau est en train de se forger une solide réputation dans ce domaine. Témoin ce concert de Leprous, avec Agent Fresco et 22 en premières parties.
Alors oui, c’est un lundi, mais j’ai encore une blinde de vacances. Donc deux demi-journées de congé posées et hop! me voici dans le train en direction d’Aarau. Une affiche pareille, ça ne se rate pas!
Et d’ailleurs, je ne suis pas le seul à le penser: la salle va gentiment se remplir au cours de la soirée, avec un public surprenamment jeune et féminin.
Le premier groupe à monter sur scène n’était pas annoncé à l’origine : il s’agit de 22, une formation norvégienne qui – tiens tiens – est assez proche en style de Leprous. C’est donc du prog à mi-chemin entre rock et metal, avec une grosse d’électro, mais en beaucoup plus chaotique. Et aussi avec beaucoup d’effets UV et un éclairage stroboscopique spécial “je hais les photographes” (je leur ai posé la question, ils ont nié).
Il faut le dire : il y a de la patate en gros et demi-gros. Ça saute dans tous les sens que c’en est impressionnant. Par contre, c’est aussi un peu décousu. J’ai pris leur dernier album studio pour voir ce que ça donne à tête reposée et je vous en reparlerai, je pense. Pour un groupe de première partie, ça met déjà bien l’ambiance.
Un tombé de rideau plus tard et c’est le tour d’Agent Fresco. Lorsque j’avais chroniqué Destrier, leur dernier album en date, j’avais comparé ce groupe islandais à un Leprous plus pop. Je ne suis donc pas vraiment surpris de les voir ce soir.
Sans surprise, le set est basé surtout sur Destrier, mais avec quelques nouveaux morceaux. C’est un peu moins pêchu que 22, mais nettement plus lisible et emprunt d’émotion. Cela n’empêche pas les musiciens de changer allègrement d’instruments pour assurer les parties de clavier – même le batteur s’y colle.
Quand ils montent sur scène, la salle est déjà pleine. Visiblement, ils sont déjà passés ici et ils ont dû laisser une plutôt bonne impression au vu de l’accueil que leur réserve le public. Au reste, leur prestation est de très bon niveau.
Il est neuf heures et demie et c’est l’heure de Leprous! Oui, parce qu’au KiFF, quand on dit l’heure, c’est l’heure. Et pas de quart-d’heure vaudois, hein; tout juste les cinq minutes argoviennes, et encore!
Bref, c’est un des groupes les plus innovants sur la scène prog actuelle qui est annoncé. Ce n’est plus tout à fait du metal progressif, pas vraiment du pur prog non plus et c’est un groupe qui se permet d’aller bricoler sans vergogne du côté de l’électro sans que ça ne choque.
Et qui commence par… cinq minutes de violoncelle. OK, parce que Leprous, je suppose.
Le reste du groupe rejoint cependant son petit camarade et la formation norvégienne se lance dans un set d’une heure et demie, rappel compris, surtout basé sur leur dernier album, Malina.
Le groupe va enquiller les morceaux comme à la parade, avec très peu d’interaction avec le public. Je suppose que, quand on ne connaît pas, ça doit donner l’impression d’une forme de chaos – vaguement – organisé. Mais en vrai, c’est du calculé au millimètre.
Ce qui n’est d’ailleurs pas sans poser quelques problèmes. J’ai eu l’impression qu’à six musiciens sur la scène du KiFF, Leprous avait du mal à laisser libre cours à sa folie habituelle. Un peu comme s’ils se gênaient et qu’ils avaient peur de se faire mal parmi. Ce qui fait que certaines compositions à haut potentiel explosif paraissaient comme domestiquées, assagies.
Cela dit, Leprous a livré une prestation de haut niveau, dominée par la voix d’Einar Solberg et par une section rythmique impressionnante – sans parler du violoncelliste qui tenait parfois son instrument coincé sous le menton, comme un vulgaire violon.
En résumé, le trio de groupes nordiques nous a réservé de belles prestations, avec des styles remarquablement voisins, mais sans pour autant qu’on ait l’impression de voir une parade de clones. J’aurai peut-être aimé un peu plus de chaleur de la part de Leprous, mais c’est mineur.
Un autre avantage du KiFF, c’est qu’il arrivent à finir – raisonnablement – tôt. Il est 23 h pétantes quand les lumières se rallument enfin. Le temps de passer au merch, c’est le retour à l’hôtel – pour m’apercevoir que j’ai laissé mes câbles à la maison. Ce sont donc des photos moisies à l’iPhone qui accompagnent ce compte-rendu, le temps que je rentre et que je fasse le tri dans les photos (et vidéos) du réflex.
Photos donc plus tard.
[Mise à jour, 19 septembre 2018] Les photos sont en ligne sur Flickr, sous licence Creative Commons. Disons les choses ainsi: j’ai déjà fait mieux, mais il y a quand même quelques clichés corrects.
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Un bon kiff, quoi !
j’ai pas pu résisté :p
Je suppose que le jeu de mot ne passe pas en allemand. Et encore moins en suisse-allemand. 😉