Dans une Montréal autonome, mais assiégée, Nikki survit avec sa copine Kim et s’improvise détective pour chats disparus et pour animaux martyrisés. Ainsi commence Toxoplasma, roman déjanté de Sabrina Calvo qui jongle avec le cyberpunk, le post-apo, l’uchronie et le fantastique.
Posons tout de suite les choses: ce n’est pas un bouquin excessivement facile d’accès. De Sabrina Calvo, je connaissais déjà Sous la Colline et quelques autres textes plus court, donc je savais à peu près à quoi m’attendre, mais Toxoplasma m’a quand même happé dans un univers parallèle particulièrement secoué.
Déjà, il y a cette île de Montréal – oui, Montréal est une île; vous ne le saviez pas, moi non plus. Devenue autonome et transformée en commune autogérée, c’est à la fois un lieu d’expérimentation sociale et une zone de non-droit. Et, bientôt, une zone de guerre menacée par l’Armée du Roy, qui cherche à reprendre la ville. Et, sans doute, la punir.
Mais autour, il y a un contexte rendu flou par l’absence de repères chronologiques. Toxoplasma pourrait tout aussi bien se situer dans un avenir plus ou moins proche ou dans un passé uchronique, où la guerre commerciale entre VHS et Betamax bat toujours son plein.
On est dans un monde post-Trump, où l’Europe est en proie au chaos et où Internet a crashé (Tim Berners-Lee arrêté et condamné comme le premier Assange venu). Il a été partiellement remplacé par des réseaux privés ou très limités, parcourus par des « coureurs » – difficile de ne pas y voir ici une allusion aux runners du jeu Shadowrun (et aux « coureurs des bois »), d’autant que Sabrina Calvo place quelques discrets clins d’œil rôlistes dans son récit.
Ce flou pourrait être gênant, mais il entretient un côté onirique et fantastique. Nikki y rêve d’une forêt détruite qui pourrait avoir des liens avec un tueur d’animaux, mais aussi avec des légendes natives. Et les runners qui parcourent les réseaux font usage de drogues qui altèrent leur conscience en les ouvrant au monde des esprits.
À moins, bien évidemment, que tout ça soit un coup des chats.
Je vous avoue bien volontiers que j’ai été proprement bluffé par Toxoplasma. C’est un roman éminemment bordélique, qui joue beaucoup avec les codes de l’ambigüité – ce n’est sans doute pas un hasard si Nikki, la principale protagoniste, est une femme trans.
Cela dit, je trouve qu’il est plus impressionnant par son contexte et son ambiance, celle d’une ville qui tente l’utopie et finit par plonger dans le chaos, que par son histoire – qui, au demeurant, est plutôt bien foutue. N’espérez par contre pas de dénouement définitif ou de résolution claire, Toxoplasma reste flou jusqu’au bout, dans la fumée des incendies apocalyptiques – et ce n’est peut-être pas plus mal.
Comme j’arrive deux ans après tout le monde, un peu toute la blogosphère SFF a chroniqué ce bouquin.
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En voilà qui rejoint ma pile “à commander”. J’étais passé à côté.
Merci !
De rien, et officiellement bienvenue sur le blog, je crois que c’est la première fois que tu commentes.