Depuis plusieurs millénaires, la corporation Verdance travaille à la terraformation de la planète Sask-E, mais leurs plans vont connaître un souci majeur quand un de leurs agents découvre une cité qui n’est pas censée exister. C’est le point de départ de The Terraformers, roman d’Annalee Newitz.
Soyons clairs: Verdance, ce n’est pas exactement les gentils dans l’histoire. Leur force de travail n’est pas très loin d’être des esclaves et, s’ils autorisent un contingent d’environnementalistes à participer à la terraformation, c’est pour mieux les contrôler tout en verdissant leur bilan carbone.
Et d’ailleurs, leur premier réflexe en découvrant l’existence de la ville – peuplée d’anciens employés qui n’étaient pas très enthousiastes à l’idée de mourir pour laisser leur place à la génération suivante – c’est de l’aplatir à coup de frappes orbitales. Ça ne fonctionne pas très bien (et d’autres feront bien pire plus tard).
En fait, toute cette histoire, qui occupe le premier tiers de The Terraformers, on va la vivre du point vue de Destry, une des environnementaliste de l’ERT (Environment Rescue Team), une agence interplanétaire très respectée. C’est elle qui va découvrir l’existence de la ville, logée au cœur d’un volcan en activité, et qui va aussi négocier sa survie et un statut spécial. Ce qui va avoir des répercussions dans les deux autres tiers.
Car l’ouvrage est divisé en trois parties: la première pendant la fin de la terraformation de la planète – un processus complexe où un petit raté peut mettre tout l’édifice en danger – la seconde pendant l’établissement des premières cités et infrastructures, et enfin une troisième partie intitulée « gentrification ». Avec, à chaque fois, un saut de quelques siècles, voire un millénaire, et des protagonistes différents.
Un des éléments clés de The Terraformers, c’est que la notion de « gens » a pas mal évolué pendant les quelques dizaines de millénaires qui séparent notre époque de celle du roman. On devine, au fil des pages, une révolution que l’on qualifiera « d’antispéciste », pour reprendre les termes à la mode. Cette révolution a abouti à un Great Bargain – probablement nommé ainsi en référence au Grand Bargain – où les animaux, mais aussi les consciences artificielles, ont accédé à un statut de personnes.
Ainsi, parmi les personnages du roman, on trouve des humains plus ou moins massivement modifiés, des élans, des chats, des rats-taupes nus, des colonies de vers de terre, des essaims de drones, des créatures robotiques et même un train. Fondamentalement, j’ai envie de dire que l’un des thèmes majeurs, c’est « les gens sont des gens », quelles que soient leurs fort diverses formes.
Mais The Terraformers aborde aussi la question des communs, de la démocratie, de l’écologie, le tout transposé dans un avenir vertigineusement lointain (au moins soixante mille ans) et sur des échelles de temps massives. Entre chacune des parties, certains personnages ont le temps de mourir de vieillesse, même avec avec une espérance de vie multiséculaire.
En prime, c’est un roman plutôt court: un peu plus de 350 pages, qui se lisent plutôt aisément. Et qui laissent le lecteur – enfin, le présent lecteur – avec, au bout du voyage, un sentiment d’optimisme. The Terraformers est vraiment très chouette et je remercie De l’autre côté des livres pour la découverte.
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