“The Nightmare Stacks”, de Charles Stross

Oui, je suis très en retard sur la série The Laundry, de Charles Stross. Fort heureusement, comme j’ai des amis géniaux (et une wishlist à jour), j’en ai reçu deux pour mon récent anniversaire, dont The Nightmare Stacks, septième de la série et faisant suite à The Annihilation Score.

Si je devais résumer l’histoire, je dirais qu’il s’agit d’une formidable histoire d’amour entre une princesse elfe et un vampire.

Oui, je parle bien d’un roman dans la série The Laundry, souvent citée comme un croisement (forcément contre-nature) entre Lovecraft et Dilbert, mais à la sauce britannique. Pas “à la mente”, on n’est pas des sauvages à ce point!

Disons qu’après avoir retravaillé à sa sauce les mythes des licornes, des vampires et des superhéros, Charles Stross s’attaque aux elfes. Et, bien évidemment, ça implique des choses pas vraiment très propres.

Dans ce roman, le lecteur va suivre les pas d’Alex Schwartz. Alex a vingt-quatre ans, un doctorat en informatique, une expérience limitée dans le fonctionnement de la Laverie, encore plus limitée dans le fonctionnement du sexe en général et de l’autre sexe en particulier, et des parasites interdimensionnels qui le rendent très sensible à la lumière, mais lui donnent des pouvoirs surnaturels – qui se payent de sang.

C’est un des vampires de The Rhesus Chart – enfin, un des vampires survivants. Il a été engagé plus ou moins de force par la Laverie, qui lui fournit régulièrement sa dose de sang et qui l’envoie tout aussi régulièrement dans des missions absurdes, principalement pour cause de manque de personnel.

C’est ainsi qu’il se retrouve à Leeds, sa ville natale, à explorer des vieux bunkers de la Guerre froide et des bâtiments administratifs à la recherche d’un nouveau QG pour ses employeurs (le précédent est un peu en vrac suite à une attaque de vampire). Et à se demander comment expliquer sa situation à sa famille.

Dans le même temps, les survivants d’un peuple humanoïde avec des oreilles en pointe cherchent désespérément une nouvelle terre d’accueil. Devinez où ils ont décidé d’envoyer leur maîtresse-espionne?

Dans The Nightmare Stacks, on retrouve pas mal de personnages de la série: Pinky et Brains, le couple de techniciens fous (genre Mythbusters, mais gays et avec de la magie), Pete le Vicaire, prêtre anglican qui se retrouve mentor d’Alex, Mhari (une autre vampire), et même Harry the Horse, l’ancien chef armurier de la Laverie. Bob Howard lui-même fait une brève apparition.

Alex est un protagoniste plutôt sympathique. Il n’a pas vraiment demandé à être un vampire – un effet secondaire de la combinaison de mathématiques très avancées et d’un économiseur d’écran – et il a du mal avec l’idée de boire du sang. Surtout ce que ça implique, en fait. Parce que, non, ce n’est pas simple et ce n’est pas propre non plus.

On retrouve un peu tous les traits habituels d’un roman de la série: les arcanes ésotériques de la bureaucratie britannique – qui font passer le Necronomicon pour une édition simplifiée de Oui-Oui à l’école – le sens de l’humour également très britannique et les blagues de geek.

Dans sa période d’administrateur système, Charles Stross a mangé le Jargon Book et ça se sent: j’ai repéré beaucoup d’expressions tirées de ce glossaire. Il y a aussi un certain nombre d’abominations informatiques qui sentent le vécu qui pique (genre le wiki sur une base de Lotus Notes).

Ce n’est toujours un avantage: l’auteur a parfois la mauvaise habitude de s’étendre complaisamment sur les procédures administratives. Parfois, ça donne des choses amusantes (les plans du guerre de l’armée de Sa Majesté), mais parfois c’est chiant (les procédures de tir des avions de chasse).

Il a aussi un certain nombre de gimmicks littéraires qui, pour un œil exercé, peuvent parfois passer pour des béquilles: notamment des effets comiques réutilisés à quelques pages d’intervalle. Ce n’est pas capital et pas très gênant non plus.

L’un dans l’autre, The Nightmare Stacks est un roman où on rit beaucoup. Enfin, où j’ai beaucoup ri, en tout cas. Cela dit, c’est aussi un roman qui se termine avec une quantité assez monstrueuse de cadavres, surtout civils. C’est tout de suite un peu moins lol.

C’est d’ailleurs un peu la marque de fabrique de La Laverie: un mélange de burlesque bureaucratique et de catastrophe à grand spectacle – et là, sur ce dernier point, on est servi et ce n’est pas très rassurant quant à l’arrivée prochaine de CASE NIGHTMARE GREEN.

Le plus gros défaut de ce tome, c’est sans doute qu’il est difficile de prendre la série en route. Il y a tout un contexte à rattraper avant et The Nightmare Stacks est truffé de références aux six premiers volumes (sans compter les novellas).

Néanmoins, si l’idée de confronter les trucs verts non-euclidiens à tentacules et les requêtes administratives absconses (et également non-euclidiennes, dans les bons jours), je ne peux que vous recommander de vous attaquer à cette série – mais par le début.

Et si vous êtes un lecteur assidu de Charles Stross, il est probable que je n’ai pas besoin de vous recommander la lecture de ce Nightmare Stacks, vous l’avez sans doute déjà lu avant moi. Et, si ce n’est pas le cas, il est très bien.

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