Kadath, dans la « mythologie » lovecraftienne, c’est la Cité des rêves. Et, comme souvent, il n’y a pas loin du rêve au cauchemar. C’est ce que nous démontre avec brio The Great Old Ones, dans ce nouvel album.

The Great Old Ones, c’est un groupe qui distille des albums inspirés par l’œuvre de H.P. Lovecraft depuis une quinzaine d’années. Originaire de Bordeaux, leur musique se classe clairement dans le black-metal, mais avec des aspects atmosphériques et mélodiques, voire prog.

Kadath est le cinquième album du groupe; il fait suite à Cosmicism, que j’ai loupé à l’époque. S’il ne compte que sept pistes, seul le bref interlude instrumental « The Gathering » fait moins de sept minutes, avec même deux compositions qui dépassent les dix minutes.

Avant toute chose, je me dois de rappeler deux points: d’abord, je n’aime pas les écrits de Lovecraft; ensuite, si j’utilise des termes comme « mélodique » ou « prog », ne vous leurrez pas: The Great Old Ones, c’est avant tout du black-metal, avec guitares méchantes, rythmique puissantes et voix saturées.

Ceci posé, j’aime beaucoup ce que j’ai écouté de ce groupe et Kadath n’est pas une exception. C’est assez typiquement le genre de black-metal que j’apprécie, même si c’est souvent proche de mes limites. Le metal est un genre extrême et le black-metal encore plus; ça vient avec le territoire.

Et ce territoire, c’est ici le monde des rêves, décrit dans la novella The Dream-Quest of Unknown Kadath. Les titres des compositions de Kadath rappellent le texte (« Those from Ulthar », « Leng »). Et, sans l’avoir lu, je pense pouvoir dire que la musique reflète aussi l’ambiance du texte: certes, c’est très sombre, peuplé de créatures monstrueuses au service de dieux innommables, mais c’est également traversé par des trouées de lumière et des instants de grâce.

Ce n’est cependant un album facile: il est très dense. Kadath fait la part belle aux compositions longues, voire très longues – une de dix et une de quinze minutes – avec de multiples changements d’atmosphère. Il est aussi très « extrême » – à mes oreilles, en tout cas. Mais il est servi par des musiciens qui connaissent leur taf et une production très propre, ce qui rend l’ensemble plutôt « digeste ».

lovecJe vais être franc: Kadath m’a un peu moins impressionné que ses deux prédécesseurs que j’ai chroniqué – Tekeli-li et EOD – mais The Great Old Ones proposent encore un album extrêmement solide, qui va peut-être plus loin dans la complexité.

Kadath est disponible sur Bandcamp et je recommande à ceux qui ont un goût pour les formes les plus avant-gardistes de black-metal.

Bonus: la lyric-video de « Under the Sign of Koth »

Pour soutenir Blog à part / Erdorin:

Blog à part est un blog sans publicité. Son contenu est distribué sous licence Creative Commons (CC-BY).

Si vous souhaitez me soutenir, vous pouvez me faire des micro-dons sur Ko-Fi, sur Liberapay ou sur uTip. Je suis également présent sur Patreon et sur KissKissBankBank pour des soutiens sur la longue durée.