Aone: The Age of Aquarius

Même après avoir écouté l’équivalent de jours entiers de métal progressif, il y a encore des groupes qui arrivent à me prendre complètement par surprise. C’est le cas de Aone, qui, avec son Age of Aquarius, vient de sortir un sérieux concurrent au titre d’album de l’année. Tenez, c’est bien simple: je les compare avec l’énormissime The Fullness of Time de Redemption.

La première surprise vient de la musique. Le métal progressif est un genre qui, s’il n’est pas encore au point de tourner en rond, génère beaucoup de redites; n’est pas Dream Theater qui veut et, après un énième clone, on finit par se lasser. Dans le cas d’Aone, il s’agit plus d’inspiration que de clonage; on trouve aussi des accents de Fates Warning dans les plus longues compositions, mais aussi une approche distinctement rageuse qui n’est pas sans rappeler la colère et l’urgence, justement, de Redemption et des accents nu-metal à la System of a Down.

La deuxième surprise vient de la maîtrise, individuelle et collective. Les musiciens sont tous au minimum des grosses brutes et leurs compositions sont taillées au cordeau, avec juste ce qu’il faut de décrochages et de décalages, par exemple par un usage de guitare discordante ou de chant guttural pour souligner un passage, par exemple sur Paralell Anthill ou sur le morceau titre. Oui, il y a un peu de growl, mais pas suffisamment pour m’agacer.

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Qantice: The Cosmocinesy

Les eaux musicales qui se situent aux confluents des tendances prog-métal, power-métal et métal symphonique ne sont pas des plus calmes qui soient; sans aller trop loin dans la métaphore nautique, on va dire que ce n’est pas pour les marins d’eau douce. Le groupe français Qantice, avec son premier album The Cosmocinesy, s’y lance avec beaucoup d’enthousiasme et suffisamment de talent pour éviter le naufrage.

On va encore me reprocher de donner dans le compliment assassin; qu’on ne s’y trompe pas: à mon avis, c’est un bon album, mais la vérité est qu’avec ce style musical, être juste un “bon” album ne suffit qu’un temps. La bonne nouvelle, c’est qu’un certain nombre d’éléments ne laissent à penser que Qantice a les moyens d’être plus qu’un “bon” groupe.

De façon générale, la musique rappelle beaucoup des groupes comme Symphony X, avec ses morceaux emphatiques avec des avalanches de notes et ses soli de virtuose. Côté virtuosité, rien à redire: ça reste de bon niveau. Côté compositions, il y a quand même pas mal de choses qui ont déjà entendues un peu partout, mais il y a également des approches originales et ce sont même ces originalités qui forment les points forts du groupe.

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The Second Death of Pain of Salvation

Je vais être méchant d’emblée: la meilleure partie du nouvel album live de Pain of Salvation, c’est son emballage. Intitulé The Second Death of Pain of Salvation, il se présente comme la bande originale d’une série télévisée, “Ending Themes”, tellement mythique qu’elle n’a jamais existé – mais vous vous en doutiez un peu. S’il on en croit Wikipedia, le titre fait référence aux deux changements de musiciens au sein du groupe.

Le livret inclut les paroles – ce qui est rare dans un live – et une petite histoire narrant l’épopée fictive de la série en question, ainsi que les traditionnelles photos de concert assez impressionnantes. Tout ceci serait bel et bon si un album live ne devait contenir, ben… un album.

On me dira que je pousse un peu. C’est un de mes côtés geeks: si je n’arrive pas à placer une hyperbole, je m’étiole et je dépéris. The Second Death of Pain of Salvation n’est de loin pas le plus mauvais album en public qu’il m’est été donné d’écouter (The Tangent a, en son temps, fait bien pire). Je trouve par contre un peu dommage qu’il s’appuie principalement sur Scarsick, un album qui aurait pu être plus inspiré. C’est aussi le plus récent en date, ceci explique cela.

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JT Bruce: du prog-métal pour pas un rond (ou presque)

C’est une première: je viens de payer pour de la musique gratuite. En l’occurrence, ce n’est pas tout à fait exact: j’ai juste versé une petite somme sur le compte de JT Bruce, un artiste américain qui fait du prog-métal instrumental de plutôt bonne facture. La particularité étant que ses albums sont disponibles gratos sur Jamendo.

Cela fait un petit moment que j’ai découvert Jamendo, un site de musique en ligne qui a l’originalité de ne proposer que de la musique sous license Creative Commons. Je n’y suis pas resté très longtemps: j’ai déjà du mal à écouter sereinement la tonne métrique de disques que j’achète chaque année, ce n’est pas pour en rajouter une couche. Mais là, il se trouve que j’avais un trou dans mes achats, alors je suis allé y faire mon marché.

JT Bruce n’est pas un manche et même s’il n’y a pas tout qui me plaît dans ses albums (notamment des parties chantées/narrées qui n’apportent pas grand-chose), c’est de la belle ouvrage. Je recommande particulièrement son dernier album, Universica, qui est également téléchargeable sur son site.

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DGM: Frame

Pour faire un bon minestrone d’Ita…

Euh, pardon; je reprends. Pour faire un bon groupe de métal progressif, il faut des bons musiciens, beaucoup d’enthousiasme, l’intégrale des albums de Dream Theater et, le cas échéant, un peu d’originalité. Frame, le dernier album des Italiens de DGM, remplit ces conditions. Mais pas beaucoup plus.

 

Votum: Time Must Have a Stop

Si on me demande quel est l’intérêt d’aller encore acheter ses disques dans une boutique spécialisée plutôt que sur des boutiques en ligne, je répondrai que je n’aurais jamais découvert un certain nombre de groupes autrement. Témoin les Polonais de Votum, dont je viens d’acquérir le premier album, Time Must Have a Stop. Votum produit …

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Thought Industry: Songs for Insects

Nouvelle rubrique pour ce blog: le “Cabinet des curiosités” sera pour moi l’occasion d’aller piocher dans mes vieilleries (surtout musicales), pour aller y pêcher des joyaux dont personne d’autre que moi n’a sans doute jamais entendu parler.

Je commence donc avec “Songs for Insects”, le fort bien nommé premier album de Thought Industry, datant de 1992. Bien nommé, parce qu’on peut douter que ce mélange improbable de heavy-metal façon Fates Warning première époque, de tech-metal et de rock progressif ait été réellement conçu pour des humains.

On peut aisément comparer “Songs for Insects” avec “A Sceptic’s Universe”, de Spiral Architect. À une différence près: Thought Industry prend son temps, multiplie les ambiances, déconstruit systématiquement ses morceaux au point où des hystéries punks cohabitent avec des balades atmosphériques.

“Songs for Insects” propose quelque chose qui s’apparente à un voyage dans la tête d’un schizophrène, une alternance de subtilité et de brutalité similaire au “Death’s Design” de Diabolical Masquerade. La deuxième moitié de l’album est probablement plus réussie que la première et le dernier morceau, Bearing an Hourglass est une expérience dont on ne sort pas forcément intact.

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Amaseffer “Slaves for Life”: Mon album de l’année 2008

Cet article est le numéro 3 d'une série de 17 intitulée Albums de l'année

J’ai coutume de penser que les traditions, c’est pour les cons (une coutume étant un peu une tradition, ça vous donne une certaine idée de la hauteur d’une telle déclaration), mais ça ne va pas m’empêcher de sacrifier à celle qui consiste à désigner dans ce blog l’album de l’année 2008. Le choix a été …

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Enslaved: Vertebrae

Ce n’est pas tous les jours que j’achète un album de death metal, comme le Vertebrae de Enslaved ; c’est déjà arrivé, mais c’est rare et, souvent, je le regrette. Dans le cas présent, l’album m’avait été chaudement recommandé par un forumiste, qui avait cité des influences Pink Floyd.

Certes, il y en a. Mais pas que : on y entend certes des sonorités dignes des groupes de prog psychédélique des années 1970, tels justement les flamants roses en question, mais aussi des grosses ambiances post-rock à base de plages de guitares. Il y a également pas mal de grognements borborygmiques, qui personnellement m’agacent, mais qui ici restent discrets (pas comme Opeth, pour donner un nom au hasard).

Au final, Vertebrae est une expérience intéressante, à la frontière entre plusieurs styles, sans être révolutionnaire ou renversante. J’avais lu quelque part la théorie comme quoi les groupes de gros métal qui tache, genre death ou thrash, se transformaient peu à peu en groupes de prog-métal une fois qu’ils avaient fait le tour de la question. Théorie tentante, surtout à l’ouï de cet album (mais probablement fausse).

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Amaseffer: Slaves for Life

J’achète parfois des trucs bizarres. Ça, vous le savez: un certain nombre de mes acquisitions musicales tiennent plus du mécénat que de la politique d’achat réfléchie. Dans le cas présent, “Slaves for Life”, d’Amaseffer, ça tient surtout au label InsideOut, spécialiste du rock et du métal progressif. Du coup, ça tient un peu de la loterie, mais là, ça s’est avéré payant.

Amaseffer est un trio israélien, qui emploie un certain nombre de “mercenaires,” comme Mats Levén (qui a bossé avec Yngwie Malmsteem et Therion). La musique s’apparente clairement à celle de groupes de métal symphonique, comme Symphony X ou Kamelot, mais avec des accents moyen-orientaux plus qu’appuyés. Ça tombe bien, parce que les thèmes de l’album sont carrément bibliques. D’ailleurs, si j’ai bien compris, “Amaseffer” signifie quelque chose “les peuples du Livre”.

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Mind’s Eye: A Gentleman’s Hurricane

Il y a des albums qui traversent le temps et restent une référence incontournable. Operation: Mindcrime, de Queensrÿche, est de ceux-ci, comme le prouve l’album A Gentleman’s Hurricane, de Mind’s Eye et, avant lui, Tyranny de Shadow Gallery — deux … (Article incomplet, en attente de reconstitution)

Ayreon: 01011001

En général, le rock progressif ne fait pas trop dans le style rentre-dedans. En général, parce qu’en particulier, Ayreon ne fait pas exactement dans le subtil et le délicat — à part peut-être au niveau musical, et encore — et le dernier opus, sobrement intitulé 01011001, ne fait pas vraiment exception.

Arjen Antony Lucassen, le grand malade derrière Ayreon (ainsi que les projets Star One et Stream of Passion), est un peu le Jerry Bruckheimer du rock progressif: gros son, grosse production et casting pléthorique. On trouve des membres (entre autres) de Pain of Salvation, Dream Theater, Evergrey, ainsi que Bob Catley (Magnum) et Anneke van Giersbergen (ex-chanteuse de The Gathering), etc. À la limite, on pourrait dire qu’il manque Hans Zimmer…

Donc, les ingrédients sont de premier choix, qu’en est-il de la tambouille? Là encore, c’est un peu du Jerry Bruckheimer, en ce sens qu’Ayreon nous ressert un peu les mêmes recettes que sur The Human Equation ou The Electric Castle: du prog-métal symphonique à grand spectacle, de l’opéra-rock à thème SF et de l’emphase par wagons entiers. Ce n’est pas exactement désagréable, au contraire, mais il ressort de ce double album une impression bizarre: il y a de grands moments musicaux, mais l’ensemble manque sérieusement d’originalité. Ayreon fait de l’Ayreon, point-barre.

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Dreamscape: 5th Season

Un petit billet, en passant, pour vous parler d’un CD acheté ce week-end: 5th Season, du groupe allemand Dreamscape. L’étiquette, sur la pochette, disait quelque chose du genre “pour les fans de Dream Theater”; il faut entendre par là “… qui n’ont pas peur du plagiat.” Ce n’est pas que ce soit un mauvais groupe, …

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Circus Maximus: Isolate

Soit c’est moi qui devient pénible avec l’âge, soit cette année musicale est définitivement à mettre sous le signe de la médiocrité. De la demi-douzaine d’albums achetés ces deux dernières semaines, seul Isolate, de Circus Maximus, parvient un peu à sortir du lot. Et encore! C’est encore un des meilleurs que j’ai écouté ces derniers …

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Redemption: The Origins of Ruin

Ce n’est pas peu dire que je les attendais, ceux-là. “Comme le loup blanc” ou “au tournant” est une question de perspective, mais je vais tout de suite être clair: The Origins of Ruin de Redemption ne sera pas mon album de l’année 2007.

À vrai dire, cet album est une petite déception — principalement par rapport aux attentes générées par l’album précédent, The Fullness of Time, qui avait tout déchiré au niveau quantique il y a deux ans. Moins de rage, moins d’urgence; le succès les aurait-il assagis?

(Note: ceci est une question rhétorique. On parle ici d’un groupe de métal progressif qui ne s’appelle pas Dream Theater.)

Moins de cohérence, aussi. C’est peut-être hautement suggestif (comme dans “critique musicale”), mais j’avais l’impression que Fullness of Time avait une cohérence interne — probablemen dû au fait qu’il y avait moins de morceaux et des compositions plus longues.

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