Machine of Death

Et s’il existait une machine, un peu comme une unité de test sanguin, qui, à partir d’une goutte de sang, serait capable de dire comment une personne va mourir? C’est le point de départ de Machine of Death, un recueil de nouvelles rassemblées par Ryan North, Matthew Bennardo, and David Malki ! (oui, le point d’exclamation fait partie de son nom; c’est le créateur du webcomic Wondermark).

Entendons-nous bien: la machine dit comment la personne va mourir, mais pas quand. Et ses prédictions, si elles sont toujours exactes, se réalisent parfois de façon passablement tordue. Ainsi, “SUICIDE” peut se comprendre comme mettre fin à ses jours ou être tué par un kamikaze et “AMOUR” peut très bien dire que vous allez vous noyer dans le fleuve du même nom.

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Torchwood: Miracle Day

L’annonce de Miracle Day, quatrième saison de la série britannique Torchwood – par ailleurs spin-off de Doctor Who – avait de quoi laisser sceptique même le fan le plus endurci. D’abord, il s’agit de succéder au spectaculaire Children of Earth et, ensuite, de survivre à un production américaine.

Eh oui, exit les épisodes so british aux effets spéciaux un peu kitschouilles et bonjour les superproductions US, avec beaucoup d’explosions et des conspirations à la X-Files. Miracle Day part d’un évènement si énorme que personne n’y avait jamais pensé: et si plus personne ne mourrait sur la planète Terre? Et pas seulement pour un seul jour, mais plus du tout.

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“Transition”, de Iain Banks

Iain Banks, qui écrit de la science-fiction (comme la série de la Culture) sous le nom de Iain M Banks, signe également des ouvrages plus conventionnels, comme Transition, dernier en date. Enfin, “conventionnel” est ici un terme très relatif, puisque le sujet de ce roman est une organisation qui supervise des personnes capables de voyager à travers des univers parallèles.

On y suit donc Temudjin Oh, agent de l’Expédience (en français dans le texte) et une tripotée d’autres personnages qui sautent d’univers en univers alors que se trame un complot qui menace l’organisation et, partant, la cohésion des univers parallèles. Il y aurait là matière à faire une histoire brillante, mais j’ai trouvé ce bouquin surtout frustrant.

Le problème vient, comme souvent, des personnages: même le principal protagoniste, Temudjin, n’est pas très intéressant. Pour être plus précis, il n’est pas rendu très intéressant: l’auteur s’attarde plus sur des personnages au final secondaires, comme Adrian le trader, ou le Philosophe, un tortionnaire de renom.

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Principes davincipunkesques

Mon précédent et séminal article sur le davincipunk a été sans doute un peu léger. Je blâme l’enthousiasme: la bande-annonce de Three Musketeers venait de sortir et je réagissais à chaud. L’enthousiasme étant quelque peu retombé depuis, il est temps de s’interroger sur les éléments du davincvipunk et de voir où piocher des inspirations. Ou, pour être plus précis, de mes inspirations – parce que oui, je pourrais également parler de Assassin’s Creed ou même des Merveilleuses Cités d’Or, mais comme c’est quelque chose que je ne connais pas, je laisse s’y essayer ceux qui connaissent mieux.

Une chose que beaucoup d’amateurs de whateverpunk oublient régulièrement, c’est qu’à l’origine, le cyberpunk jouait beaucoup sur l’opposition entre avancée technologique et recul social (high-tech, low-life); le steampunk, par exemple, joue beaucoup plus sur le côté clinquant de la haute société victorienne. Cela risque d’être aussi le cas du davincipunk, dont l’inspiration première va être les histoires de cape et d’épées classiques, avec ses jeunes nobles désargentés, certes, mais en quête de gloire et d’ascension sociale, plutôt que des gueux des campagnes ou les tire-laines de la Cour des Miracles.

Sans être forcément le point le plus important dans l’absolu, celui qui va le plus facilement attirer l’attention des joueurs (ou des lecteurs) est probablement celui de la technologie. La source évidente des technologies anachroniques est bien évidemment Leonardo da Vinci; le rôliste peut se référer au semi-médiocre, mais amusant supplément The Lost Notebook of Leonardo da Vinci pour Castle Falkenstein ou piocher dans des inventions plus connues comme le char d’assaut, l’hélicoptère ou le planeur.

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“Things That Never Were”, de Matthew Rossi

Si vous êtes un fan de Suppressed Transmission et de Ken Hite en général, vous allez adorer Things That Never Were, de Matthew Rossi. Ou le détester, c’est selon. La raison en est que ce bouquin aux 260 pages assez denses, divisé en une quarantaine d’articles de taille variable, reprend des principes similaires à ceux qui fondaient la rubrique hebdomadaire de Ken Hite, publiée en son temps dans le magazine Pyramid, sans en avoir nécessairement la même qualité.

Histoire parallèle, histoire cachée, uchronie, mythologie, occultisme et fantastique contemporain sont certes au rendez-vous et, de ce point de vue, les amateurs vont se régaler. Là où ça coince, c’est la forme. Je passe sur l’océan de typos et d’à peu près linguistiques qui menace à chaque page de submerger le texte (j’exagère, mais pas beaucoup), ce qui risque d’être plus gênant pour le fan de base, c’est l’impression que Matthew Rossi fait du Ken Hite sans être Ken Hite.

Bon, ça m’a un peu gêné au début, mais assez rapidement, je me suis rendu compte que l’auteur a son propre ton, ses propres idées et son propre style – moins rigoureux, plus littéraire, plus poétique aussi. Et surtout que ses idées ne sont pas moins barrées et érudites que celles de son modèle (je doute que Rossi ignore l’existence de Hite, vu qu’il le cite et mentionne à un moment avoir une impressionnante collection de jeux de rôle auxquels il ne jouera jamais; bienvenue au club!).

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“The Fuller Memorandum”, de Charles Stross

Dans la foulée des Atrocity Archives et Jennifer Morgue, j’ai commandé, reçu et lu The Fuller Memorandum, troisième volume des aventures de Bob Howard, informaticien-démonologiste au service secret de Sa Majesté. En guise de destinations exotiques, nous avons cette fois-ci droit à Londres et sa banlieue – ce qui, vu de Genève, est déjà passablement exotique – et une intrigue également plus introspective, car centrée autour du bon docteur James Angleton, supérieur de Bob, et de la possibilité d’une taupe au sein du service.

Dans l’intro, le protagoniste-narrateur nous fait part de la fin de son athéisme et de la raison pour laquelle, lorsque Dieu reviendra, il l’attendra avec un fusil à pompe en gardant la dernière cartouche pour lui-même. Ça pose le ton: exit le décalage des précédents, cet épisode est considérablement plus sombre que les précédents. On y parle cultistes, dévoreurs d’âme, rituels morbides et nécropoles, et il faut bien toute la verve geeko-cynique de Bob pour avoir droit à quelques moments de rire dans ce volume.

Cela dit, la noirceur du ton n’ôte rien à la qualité de la trame et de l’écriture de Charles Stross. On sent encore le technophile (ancien administrateur système) derrière l’auteur, qui déteint sur son personnage; les interactions avec l’iPhone sont un régal. Un côté amusant du bouquin est qu’on a droit à différents points de vue, mais qui sont tout de même narrés par Bob – lequel n’hésite d’ailleurs pas à prévenir le lecteur que ce n’est peut-être pas tout-à-fait exact.

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“Les nouvelles aventures de Harry Dickson”, de Gérard Dôle

Il y a pas mal de petites marottes sur lesquelles je peux devenir un peu concon (par opposition à mon état normal: con tout court); le personnage de Harry Dickson en fait partie. C’est pourquoi, de passage à Trolls & Légendes (sur le stand du chanteur de Borrachoz, d’ailleurs), j’ai raflé les trois volumes des Nouvelles aventures de Harry Dickson signés Gérard Dôle et parus aux éditions Terres de Brume: Le vampyre des Grampians, Le loup-garou de Camberwell et Le diable de Pimlico. Je n’aurais peut-être pas dû: ils m’agacent.

Je me rends bien compte que le problème vient peut-être du fait que j’ai lu assez peu des histoires “originelles” (si on peut utiliser ce terme pour parler d’une série qui est passée entre tant de mains), mais là, j’ai l’impression de lire une caricature. Le grand détective est brutal, cruel et moqueur, son apprenti Tom Wills a tout de la demoiselle en détresse, façon potiche, et les intrigues se résolvent par tellement de deus ex machina qu’on a l’impression que la machine en question est un distributeur automatique bloqué en flux continu.

Cela dit, hormis des conclusions que n’auraient pas reniés les auteurs de Scooby-Doo, les intrigues en elles-mêmes sont loin d’être inintéressantes, mêlant motifs humains et sordides et une touche de fantastique horrifique. Pour le rôliste moyen en manque d’inspiration pulp, il y a là matière à quelques dizaines de scénarios dans le décor de la Grande-Bretagne de l’Entre deux guerres. Encore que ce décor reste singulièrement flou, sinon pour décrire des bas-fonds sanieux et une faune faite de marins cosmopolites, de chiffonniers errants et d’ouvriers immigrés (qui n’ont que là où aller).

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“The Atrocity Archives” et “The Jennifer Morgue”, par Charles Stross

Bob Howard est ce que l’on pourrait appeler un espion standard. Entendez par là que ce n’est pas un surhomme en smoking qui dessoude des agents ennemis par palettes tout en buvant des vodka-martini et en draguant tout ce qui passe, mais un geek, fonctionnaire de la Couronne britannique. Bon, à part que son employeur, connu sous le nom de The Laundry, est plus secret que secret, car s’occupant d’incursions dans notre réalité par des entités extra-dimensionnelles dont la seule mention suffirait à rendre la moitié de la planète folle à lier.

J’avais beaucoup entendu parler de The Atrocity Archives et de sa suite, The Jennifer Morgue, série signée Charles Stross (je n’ai pas encore lu The Fuller Memorandum, ni les autres nouvelles) et j’avais jusque là un peu hésité, principalement par anti-lovecraftisme primaire. Car non, je n’aime pas non plus les histoires d’Horreur Indicible; je sais, je suis chiant, vous devriez avoir l’habitude, depuis le temps. Dans le cas présent, c’est un tort, car la série est tout bonnement excellente.

D’abord, c’est une série écrite par un geek, pour des geeks. Les références informatiques obscures, tout droit sorties du Jargon Book, sont nombreuses et souvent hilarantes; bon, ça implique qu’il faut avoir une certaine connaissance du folklore en question, sinon des références comme le “Scary Devil Monastery” – sans même parler du fait que les deuxième et troisième prénoms du protagonistes sont Oliver et Francis – risquent de vous passer loin au-dessus de la tête.

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Suppressed Transmission: les chapitres perdus

Vous avez sans doute dû remarquer au hasard d’un certain nombre d’articles que Suppressed Transmission de Ken Hite est un des suppléments de jeu de rôle que je tiens en la plus haute estime. À l’origine, une chronique mensuelle, puis hebdomadaire du magazine Pyramid traitant du surnaturel, d’histoire cachée, d’uchronie et de conspirations; bref, rien que du miam au sucre pour votre tonton Alias préféré.

Or, si ces deux volumes déjà sortis contiennent déjà une foule d’idées et de références sur de multiples sujets traités via le filtre de ces trois genres susmentionnés, il reste encore une masse de chroniques inédites. Or, le problème est qu’il semble que si je ne suis pas le seul à penser que ce sont des bouquins absolument géniaux, nous ne sommes pas spécialement nombreux dans ce cas ou, à tout le moins, nous ne sommes pas très nombreux à avoir concilié enthousiasme et action en passant à la caisse. En d’autres termes, les deux volumes ne semblent pas s’être très bien vendus.

Récemment, le petit monde rôliste anglo-saxon s’est relancé sur le truc, notamment via une série de fils de discussion sur RPG.net, un résumé de lecture et une spéculation sur les chapitres perdus en question, et quelques articles de blog qui ont fini par attirer l’attention de l’auteur lui-même. Je me permets donc de faire de même en espérant qu’à mon humble échelle, sur la zone francophone, je parvienne à inciter quelques-uns de mes lecteurs qui n’ont pas encore lu ces deux ouvrages de se précipiter chez leur fourgue habituelle pour les réclamer séance tenante.

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The Box: Le Horla, d’après Guy de Maupassant

Coïncidence: je découvre cet album Le Horla, d’après Guy de Maupassant du groupe de prog canadien The Box peu de temps après avoir rattrapé mon retard et lu ce classique de la littérature fantastique. Et, pour le coup, je ne suis doublement pas déçu du voyage. Autant la nouvelle, typique de la littérature dite “d’épouvante” de la première moitié du XIXe siècle, est sympathique et se laisse lire sans faim, autant l’album qui en est inspiré est un écrin remarquable à cette histoire de double maléfique et de possession.

Je ne connaissais pas The Box, malgré ses quelques trente ans d’existence; il faut dire que le groupe a fait aussi plusieurs pauses et n’a réellement été actif que pendant la moitié de cette période; il est aussi surtout connu au Canada et j’ai l’impression que ce Horla est leur premier album qui a réellement un impact en dehors de leur pays d’origine. Et quel impact!

Si j’aurais du mal à qualifier d’original le rock progressif à l’ancienne, quelque peu minimaliste, qui compose la plus grande partie de l’album, il faut avouer que, combiné aux textes de Maupassant et à la voix de Jean-Marc Pisapia, le style colle à merveille avec ses accents de Genesis époque Gabriel et, surtout, une ambiance qui n’est pas sans me rappeler un de mes albums préférés, Bienvenue au conseil d’administration, de Pulsar. On retrouve dans Le Horla cette même théâtralité, ce même monologue d’un homme aux prises avec une situation qui lui échappe complètement.

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Freaks’ Squeele 4: Succube Pizza

L’autre soir, en faisant un peu la poutze dans ma bibliothèque, je suis tombé sur mes trois volumes de la bédé Freaks’ Squeele de Florent Maudoux et je me suis dis que ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu droit à un nouvel album. Bien vu: le quatrième tome, intitulé “Succube Pizza”, était chez mon fourgue habituel le samedi suivant. Yahou!

“Yahou!” parce que Freaks’ Squeele, c’est vraiment de la bonne! Cette histoire d’école de héros, à mi-chemin entre Harry Potter, INS/MV et Soul Eater – mais avec plus de plans cul – est un grand moment de bonheur en bandes dessinées. Le quatrième tome conclut fort heureusement le cliffhanger du volume précédent – la bataille entre Chance la démone et le champion de l’école concurrente Saint-Ange – et démarre sur une nouvelle année d’études pleines de menaces et de coups fourrés, plus une bonne dose de bagarres improbables et de poursuites de folie.

Le contexte devient de plus en plus fouillé; on apprend beaucoup dans cet épisode sur un certain nombre de personnages principaux, notamment le directeur Scipio, ainsi qu’Ombre. De plus, au milieu du volume, on a droit à quelques pages de promotion pour deux séries parallèles – l’une sur Faucheur et l’autre sur la mère de Xiong Mao. L’univers s’étend; il faut juste espérer que ça ne va pas se faire au détriment de la série principale, parce qu’un an entre deux volumes (même si ce sont des gros volumes: 144 pages), ça fait long.

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“Rue des Maléfices”, de Jacques Yonnet

C’est l’ami Loris qui, lors de notre dernier périple parisien, m’a passé Rue des Maléfices, unique livre de Jacques Yonnet. Pendant un petit mois, l’ouvrage a traîné sur mes étagères, où je lui jetais de temps à autre un œil torve, rendu méfiant par sa couverture pour roman noir de bas étage.

J’ai sans doute fait dans ma vie de plus grosses erreurs de jugement, mais je préfère ne pas m’en souvenir.

Car une fois ouvert, ce bouquin m’a happé en trois pages, guère plus. Entraîné dans un univers aussi exotique que familier: Paris. Oh, pas le Paris de ce début de IIIe millénaire, mais celui du milieu du XXe siècle, entre 1940 et 1966. Un Paris décrit par un amoureux de la ville qui, par nécessité autant que par curiosité, se retrouve à en explorer les quartiers populaires avec tout ce qu’il compte de mystères et de fantastique.

Tudieu quel voyage et quelle claque! On croirait un livre écrit par le père spirituel de Nicolas Bouvier, Jacques Bergier et Louis Pauwels: on y retrouve cette verve descriptive à la première personne et ses paysages et personnages si authentiques et pourtant si bizarres du premier et les pointes du réalisme fantastique des seconds (auteurs du Matin des Magiciens).

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FlashForward

Le 6 octobre 2009, toute la planète perd connaissance pendant deux minutes et dix-sept secondes. Pendant ce laps de temps, les personnes inconscientes voient ce qui leur arrive le 29 avril 2010, autour de dix heures du soir. Puis elles se réveillent au milieu d’un chaos indescriptible: le “blackout” est arrivé sans prévenir. Tel est le début qui claque de FlashForward, série télé en vingt-deux épisodes; la suite est un peu moins enthousiasmante.

La série suit principalement un agent du FBI, Mark Benford, alcoolique repenti et, si l’on en croit sa vision du futur, l’agent au cœur de l’enquête sur les évènements du 6 octobre. Le problème est que, dans sa vision, il est sur le point de se faire tuer par de mystérieux commandos, pendant que sa femme vit avec un autre homme. Plus ennuyeux: son coéquipier n’a aucune vision, ce qui lui fait croire qu’il ne sera peut-être plus en vie ce jour du 29 avril. Alors que le FBI essaye de comprendre les tenants et aboutissants de l’évènement, ils comprennent que ce n’est pas un accident. Et que pas tout le monde était inconscient pendant le blackout.

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“The City & The City”, de China Miéville

Il y a des bouquins qui inspirent, chez l’aspirant (également au sens anglais du terme) auteur que je suis, un respect teinté de crainte. L’impression d’avoir touché du doigt et du cerveau quelque chose d’assez exceptionnel. The City & The City, de China Miéville, entre dans cette catégorie.

China Miéville, c’est l’homme de la fantasy urbaine: Perdido Street Station et les ouvrages qui tournent autour de cet univers, plus d’autres que je n’ai pas lus mais qui, à la lecture des résumés, laissent penser que ce sont les villes, plus que les personnages et les histoires qui s’y déroulent, qui occupent une place centrale dans ces romans. The City & The City, comme son nom l’indique – et si tant est que ma théorie est exacte –, ne fait pas exception.

Au commencement de l’ouvrage, il y a le meurtre d’une jeune femme, dont le corps est retrouvé dans un skate park de la ville de Besźel, quelque part en Europe du sud-est. L’enquêteur Tyador Borlú enquête pour se rendre rapidement compte que la clé de l’énigme se trouve dans Ul Qoma, la ville voisine, rivale et, pour tout dire, siamoise de Besźel.

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How to Train Your Dragon

Dimanche ciné hier, avec une double séance, ce qui va également faire une double note de blog, pour le coup. On commence (à onze heures du matin, ce qui n’est pas humain), avec How to Train Your Dragon, le dernier dessin animé de la maison Dreamworks.

À la base, on a un village viking sur une île perdue, qui est régulièrement attaqué et pillé par des dragons, et Hiccup, un gamin qui, comme de bien entendu, et à peu près l’exact opposé de la bande de velus surexcités et surarmés qui peuplent son village — à commencer par son chef de père.

Taillé comme une allumette qui aurait été malade et plutôt du genre inventif, le gamin dégomme par erreur un dragon légendaire et, ne pouvant pas le tuer, décide de le dresser. Ce faisant, il découvre plein de choses sur les bestioles en question; je ne vous fais pas un dessin: c’est du classique de chez classique. Les sarcasmes et les allusions sur l’adolescence en moins, Disney aurait pu le faire.

Classique, mais efficace: c’est drôle, enlevé, avec la bonne combinaison de recherche historique à moitié décente pour faire l’ambiance et le parlé contemporain pour le décalage. Il y a des gags visuels à foison et de l’action, Les bestioles sont sympa comme tout, avec une mention spéciale pour celle de l’histoire, qui prouve sans aucun doute la théorie que les dragons et les chats sont une seule et même espèce.

Le film serait sorti une année plus tard, j’aurais même pensé à une parodie des visuels d’Avatar, tant certaines de scènes de vol sont similaires — mais mieux, parce que ne se prenant pas au sérieux. Même l’image ci-dessus rappelle le graphisme du Pocahontas stellaire de James Cameron.

Exemple typique des dessins animés contemporains qui s’adressent autant aux adultes qu’à leurs gnomes, How To Train Your Dragon est plutôt réussi.

Freaks’ Squeele

En général, quand je parle de quelque chose “à la française”, ça veut souvent dire “en moins bien”, voire “en tout pourri”. Exemples: variété française, série télé française, etc. Il y a fort heureusement des exceptions et la bande dessinée de Florent Maudoux Freaks’ Squeele (trois volumes parus à ce jour aux éditions Ankama) est …

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“Someone Comes to Town, Someone Leaves Town”, de Cory Doctorow

Whoa. Après les deux précédents ouvrages de Cory Doctorow précédemment chroniqués ces derniers jours (Down and Out in the Magic Kingdom et Eastern Standard Tribe), Someone Comes to Town, Someone Leaves Town est un sacré changement! D’une part, en comparaison, c’est un pavé de 320 pages écrites en petits caractères et, d’autre part, l’accent fantastique du récit a de quoi surprendre.

Le protagoniste principal – appelons-le Alan, Abel, Arnold ou Andreas – vient d’emménager dans sa nouvelle maison, au cœur du quartier de Kensington Market, à Toronto et fait connaissance avec ses nouveaux voisins, tous plus bizarres les uns que les autres. Ce qui ne lui pose pas de problème particulier, lui-même étant le fils d’une montagne et d’une machine à laver et ayant pour frères un prescient, une île et trois poupées russes.

Les choses deviennent plus compliquées lorsqu’un autre frère – celui que les cinq autres croyaient avoir tué il y a des années – semble être revenu d’entre les morts et commence à pourrir la vie d’Alan et de ceux qui l’entourent. Quand je dis “compliquées”, ce n’est que le prénom! Car, pour ne rien arranger, Alan se lance dans un Plan Génial pour mettre au point un réseau Wifi communautaire et gratuit qui, à terme, doit couvrir tout la métropole.

Tout ceci pour dire que, pour sa première incursion dans le genre fantastique urbain, Cory Doctorow n’a pas choisi la facilité et c’est un peu dommage. On pourrait dire qu’il y aurait là matière à deux ouvrages: un roman de pur fantastique urbain à la Neil Gaiman et un techno-thriller anarcho-alternatif, mais ce ne seraient pas de très bons livres: les trames n’ont que peu de réel intérêt en elles-mêmes, c’est la conjonction des deux éléments qui donne son intérêt à l’ouvrage.

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De Cape et de Crocs

La sortie du neuvième volume de la série d’Ayroles et Masbou, De Cape et de Crocs, intitulé “Revers de fortune”, est l’occasion pour moi de revenir sur ce qui est sans aucun doute une des meilleures bandes dessinées franco-belges de ces dix dernières années.

Comme son nom l’indique, il s’agit des aventures de deux gentilshommes sillonnant le monde – et au-delà – aux alentours du XVIIe siècle. Enfin, quand je dis “gentilshommes”, Armand Raynald de Maupertuis est un renard et Don Lope de Villalobo y Sangrin un loup.

Ils y croisent des pirates, des bohémiens, un savant fou, des Sélénites, des mimes et Cyrano de Bergerac lui-même (sous des faux airs de de Gaulle). Ils volent, rament, volent encore (mais pas dans le même sens), se retrouvent impliqués dans un coup d’État impliquant un jumeau félon et un spadassin cruel, se battent en duel au moins une fois par épisode, rimaillent et se déguisent. C’est de la grande aventure!

Si je devais débusquer un point faible à cette série, je dirais que c’est le dessin: mais ce ne serait que pour en dire qu’il est moyennement génial, alors que le reste est génialement génial. C’est une série qui fourmille: un imaginaire visuel et contextuel d’une richesse inouïe, des idées à la pelle, des trouvailles scénaristiques grandioses, des petits détails dans tous les coins et des références à foison. Il faudrait plusieurs vies pour toutes les débusquer.

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Fringe

Dans Fringe, série télévisée dont je viens de voir la fin de la première saison, des agents du FBI enquêtent sur des phénomènes paranormaux qui semblent être liés entre eux par un mystérieux “Projet” aux allures conspiratoires. Et si vous pensez “pâle copie de X-Files” (ou que le nom de J.J. Abrams, co-créateur de la série et coupable de la soupe à l’eau tiède qu’est devenu Lost, vous répulse), c’est le moment de réviser votre jugement.

On va tout de suite commencer par évacuer le négatif: Fringe traite surtout de phénomènes aux limites de la connaissance scientifique actuelle (comme son nom l’indique). Du coup, on se retrouve de temps à autres devant un salmigondis scientifique que même moi, qui ai une culture scientifique qui tient plutôt de la jachère, trouve ça pas crédible. C’est un peu tout le mal que je pense de cette série.

J’ai coutume d’opposer deux types de séries: celles qui sont plot-based (centrées sur l’histoire) et celles qui sont character-based (centrées sur les personnages); en général, je tend à préférer les secondes. Ça doit être mon côté rôliste. Fringe réussit l’exploit de concilier les deux, même si elle est plus plot-based.

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