Revoir Comanche

Revoir Comanche commence dans un bled paumé en Californie, en 1930. Une documentaliste cherche un ancien cow-boy, une légende de l’Ouest nommée Red Dust. Lequel vit bien là, sous au faux nom, parce qu’il est recherché dans au moins quatre États.

Et si, initialement, il n’est pas très amical, il va finir par passer un marché avec la documentaliste: son témoignage contre la route en voiture vers le Triple Six Ranch. Oui, la raison est dans le titre. Et non, ça ne va pas bien se terminer.

Parce que Revoir Comanche est un épilogue crépusculaire à la série de BD signée par Hermann et Greg. Série qui déjà, en son temps, taillait de sérieuses croupières à l’image de l’Ouest Sauvage.

Dans Revoir Comanche, Red Dust est un vieil homme taciturne, qui attend on ne sait quoi, la mort ou la rédemption (ou les deux). Vivienne, la documentaliste, représente le XXe siècle avec son indépendance et sa voiture. Et, au fil de la route, le duo va croiser plusieurs fantômes. Certains de chair et d’os; pas tous.

Mais, quelque part, le plus gros fantôme de cette histoire, c’est le rêve américain. Vivienne et Red, poursuivis par des agents fédéraux, vont traverser des paysages désertiques et dévastés. Ils croiseront aussi des désespérés et quelques îlots de civilisations – qui parfois font regretter les étendues sauvages. On est en 1930, c’est la Grande dépression et le Dust Bowl.

C’est le dénommé Romain Renard qui a réalisé l’intégralité de ce tome de 140 pages – et plus encore, puisqu’il signe également une bande-son, à la guitare et au chant. Amplifiant l’histoire, le dessin en lavis d’encre de Chine se décline souvent en des paysages silencieux, souvent dévastés. Il y a même, glissées au sein des chapitres, une poignée de scènes plus contemporaines, comme pour faire écho aux catastrophes à venir – « Ce monde est foutu », affirme Tache-de-Lune.

Au cas où ce n’était pas encore clair, cette BD m’a mis un grand coup dans la tronche. Je me souviens avoir lu la série – ou, à tout le moins, sa première incarnation, jusqu’au début des années nonante. Je ne pensais pas qu’elle m’avait autant marqué, mais lire Revoir Comanche a fait ressortir tout un tas de trucs.

Mais même si on n’a pas le vécu derrière, je pense que Revoir Comanche est une des bandes dessinées les plus impressionnantes de cette année. Une œuvre au noir et un hommage poignant.

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