The Art of Loss, titre du dernier album de Redemption, est un peu prémonitoire, hélas. J’ai l’impression, à son écoute, que j’ai définitivement perdu le Redemption de The Fullness of Time et de n’avoir plus qu’un groupe de métal progressif lambda et pas toujours très inspiré.
Redemption est une sorte de super-groupe dans le monde du métal progressif, avec six albums studio au compteur et un casting de stars, à commencer par Ray Adler, chanteur de Fates Warning. J’ai longtemps été impressionné par le sentiment d’urgence, l’intensité qui se dégageait de leurs compositions.
The Art of Loss propose pas moins de neuf titres, d’une durée entre cinq et vingt-deux minutes, avec un total de près de septante-cinq minutes, sans compter le CD bonus et ses quatre titres. Le problème, c’est que c’est trop. Beaucoup trop.
À la première écoute, ce qui m’a marqué, c’est le fait que le groupe ne sait pas s’arrêter. C’est un problème courant dans le prog en général, mais là, c’est plus grave: j’ai l’impression que les musiciens ne savent pas où vont leurs soli, qui ont sérieux côté “poulet sans tête”.
C’est un peu comme si les instruments avaient été enregistrés séparément sur la base d’un vague plan écrit sur un coin de serviette et qu’un ingénieur du son avait dû remettre le puzzle ensemble un peu comme il pouvait. Toute l’intensité qui est pour moi l’élément qui définit la musique de Redemption est irrémédiablement détruite par ce côté mal construit.
Pour autant, l’album n’est pas une catastrophe complète. Certaines compositions sont globalement plaisantes et, s’il n’y avait pas ces soli qui partent dans tous les sens, j’aurais pu vous citer un ou deux morceaux qui tiennent la route (“Thirty Silver”, par exemple).
Sans aller jusqu’à dire qu’il est le seul à tenir la route, Ray Adler est clairement l’élément dominant de The Art of Loss: il survole les débats et son chant a rarement été aussi clair et percutant. Quelque part, c’est assez rare pour moi de dire, pour un album de progressif, que les parties chantées sont supérieures aux instrumentaux.
En résumé, The Art of Loss est moi une grosse, grosse déception – la deuxième de l’année après le dernier album de Dream Theater. Et là, ce n’est à mon avis pas une seule question de goûts, il y a quelque chose de fondamentalement bizarre dans cet album.
Il est néanmoins possible que je me fasse des idées, c’est pourquoi je conseille aux fans de métal progressif en général et de Redemption en particulier, plutôt que de me croire sur parole, d’aller juger sur pièce, l’album étant à l’écoute et au téléchargement sur Bandcamp.
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