Pourquoi je ne paierai pas pour les réseaux sociaux

Récemment, plusieurs réseaux sociaux ont annoncé le lancement de formules d’abonnement pour pouvoir, entre autres, y accéder sans pub. C’était déjà le cas sur YouTube depuis un moment, puis Twitter/X et, tout récemment, Facebook et Instagram.

En théorie, c’est une bonne idée. Une bonne idée que j’appelais même de mes vœux. Il y a quinze ans. Aujourd’hui, une telle option m’apparait comme trop peu, trop cher et trop tard.

Trop peu et trop tard, parce qu’entre temps, ces réseaux sociaux ont subi une cure de merdification massive.

Pour ceux qui ne sont pas familiers du terme, c’est la traduction, proposée par Ploum, du concept enshittification de Cory Doctorow, qui désigne la tendance lourde, surtout dans les services en ligne comme les réseaux sociaux, de baisser la qualité des services pour améliorer le profit immédiat, en comptant sur le fait que les clients desdits services sont plus ou moins captifs.

Et on peut difficilement nier que, ces dernières années, Twitter (puis X, l’évolution Pokémon du feu de poubelle hors de contrôle en feu de poubelle radioactif hors de contrôle), Facebook et consorts ont subi des changements au détriment des clients: fonctionnalités modifiées en pire pour carrément supprimées, interdiction des services tiers, augmentation massive des publicités, sans parler de l’encouragement documenté de propos d’extrême-droite pour générer de l’engagement et, donc, des revenus. N’oublions pas les plateformes effacées purement et simplement (RIP Google+).

L’argument de la gratuité est aussi une excuse pour appliquer ce que Cory Doctorow – oui, encore lui – appelle le MBA Darth Vader. En référence à la citation « Je change les termes du contrat, soyez heureux que je ne les change pas davantage ! » dans L’Empire contre-attaque.

Le souci, c’est que ces plateformes se sont « vendues » à l’origine comme un service gratuit et, au fur et à mesure qu’ils se sont constitués une base d’utilisateurs de plus en plus captifs. Si, dès le départ, elles s’étaient présentées comme des services « freemium », avec une option gratuite soutenue par la publicité et une option payante, sans pub, j’aurais été moins critique.

Et puis, il y a le prix: dix euros par mois sur Facebook et Instagram, huit euros sur Twitter/X et treize euros pour YouTube. Ce n’est pas cher, c’est prohibitif. Même pour moi. Ça représente plus de quarante euros par mois, dont la plus grande partie va dans la poche des plateformes elles-mêmes, pas des créateurs qui sont dessus.

Alors non, je ne paierai pas pour ces réseaux, sur lesquels je vais d’ailleurs de moins en moins (à part YouTube). J’aurais peut-être pu si ces offres étaient venues il y a cinq-six ans et à un prix plus raisonnable (genre €25 par an). Mais en l’état, je vais continuer à privilégier des plateformes plus respectueuses, comme Mastodon ou Peertube, à soutenir leurs hébergeurs et à utiliser un bloqueur de pub.

Photo originale: Dushan Hanuska via Wikimedia Commons sous licence Creative Commons (CC-BY-SA).

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4 réflexions au sujet de “Pourquoi je ne paierai pas pour les réseaux sociaux”

  1. Absolument d’accord. D’ailleurs j’envisage sérieusement de fermer mes comptes X et FB en guise de protestation. Tu n’es pas encore sur Bluesky ?

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    • Bluesky, bof… Si c’est pour passer d’un réseau social animé par un conspi d’extrême-droite à un réseau social animé par un autre conspi d’extrême-droite…

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  2. À 1€/mois, ça passait encore – pour faire sauter la pub.
    Là c’est non.
    Tumblr a au moins l’honnêteté de le proposer en faisant jarter la pub.

    Merci Mastodon… d’ailleurs va falloir que je mette des sous dans mon instance.

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