Et c’est donc reparti pour le Night of the Prog Festival, neuvième du nom: treize groupes et vingt-deux heures de rock progressif dans un des plus beaux sites du monde : le Loreley Freilichtbühne, un amphithéâtre à ciel ouvert qui surplombe la vallée du Rhin et dont les sons mélodieux font venir tout un tas de vieukons dans mon genre. Encore que, cette année, il m’a semblé qu’il y avait un public un chouïa plus jeune.
Les blagues que je ne ferai qu’une fois :
- « le public était chaud » : tout le monde était chaud, les deux jours se sont déroulés sous un cagnard à peine contrarié par un peu de vent et des nuages en dose homéopathique ;
- « et des poussières » : chaleur + terrain sablonneux = beaucoup de poussière ;
- « je suis crevé » : j’ai de plus en plus l’impression que les festivals de dix heures et plus, ce n’est plus fait pour moi. À la fin de la première journée déjà, j’avais les papattes en miettes et je dois avouer que mon état de fatigue a dû avoir un impact négatif sur mon appréciation de certaines des dernières prestations.
Ah oui: comme d’habitude, les photos que vous voyez ici sont de moi et elles, ainsi que celles que j’ai mises sur Flickr, sont disponibles sous licence Creative Commons.
Comme d’habitude, j’arrive en retard et je rate les premières minutes de Gran Turismo Veloce, qui ouvre le bal. Encore un groupe que, rétrospectivement, j’aurais regretté de rater : le quintet italien, dans ses combinaisons rouges de course automobile, déroule un rock progressif surprenamment moderne, qui fait souvent honneur à la partie « Veloce » de son nom.
On a un peu l’impression de voir un groupe de vétérans qui auraient embarqué au passage quelques petits jeunes pour muscler leur musique et ça fonctionne très bien. Le guitariste en profite pour faire chanter « Happy Birthday » à tout l’auditoire pour sa maman.
Suit, assez rapidement, Traumhaus ; comme son nom l’indique, c’est un groupe allemand et, du coup, il entraîne un public de fans très enthousiastes. Leur set ne compte que trois morceaux, mais comme on parle ici de rock progressif, cela suffit pour remplir les quarante-cinq minutes qui leur sont allouées.
Proposant une musique à mi-chemin entre Riverside et Haken, c’est musicalement très plaisant, mais un jeu de scène très statique casse un peu l’ambiance. Il faudra que j’y jette une oreille pour la version studio, parce que la musique en elle-même est intéressante.
On continue le tour d’Europe avec Collage, vétérans du rock progressif polonais – du genre à être actifs avant la chute du Rideau de fer. J’aurais même tendance à dire que le groupe est un peu resté scotché dans cette époque, avec un néo-prog rappelant le Twelfth Night de la période Art & Illusion et un chanteur à la dégaine et au jeu de scène ultra-théâtral – comme dans, « en fait des tonnes ».
Ça reste plaisant, car très bien exécuté, mais ce n’est pas exactement mon sous-genre de prog préféré.
Avec Long Distance Calling, je rentre en terrain de connaissance. Certes, on n’est plus dans la petite salle de l’Usine, mais le groupe allemand fait une démonstration de son post-rock énergétique, avec des montées en puissance de folie et des murs de son qui font vibrer tout l’amphithéâtre. Notamment un « Black Paper Planes » toujours aussi efficace.
On pourrait regretter une présentation un peu académique, sans surprise, mais on ne boudera pas notre bonheur.
Les suivants, c’est IQ. Contre toute logique, je me rapproche des Belges – pour m’apercevoir qu’il sont loin d’être les fans les plus bruyants des premiers rangs. À part ce détail, j’appréhende quand même beaucoup ce concert, après la semi-déception d’il y a trois ans – et au début, je crains de voir l’histoire se répéter.
Puis vient « The Road of Bones » et Peter Nicholls est complètement transfiguré, comme habité par cette chanson – voire par cet album, car il explose de nouveau sur « Without Walls ». Le reste du groupe est très sage et me confirme que, si IQ est encore un des meilleurs groupes de prog du moment, ce ne sont pas exactement des bêtes de scène. Reste quelques moments de pure magie, avec un crépuscule de circonstance en toile de fond.
Tête d’affiche incontestable de ce samedi, Transatlantic monte sur scène à la nuit tombée. Dans le genre supergroupe, on ne fait pas beaucoup mieux : cinq pointures de classe interplanétaire, emmenés par… ben, par un peu tout le monde, en fait.
Neal Morse, Peter Trewavas (Marillion), Roine Stolt (The Flower Kings, The Tangent), Mike Portnoy (ex-Dream Theater) et Ted Leonard (Spock’s Beard, Enchant) prennent le micro à tour de rôle, avec une mention spéciale pour un Mike Portnoy complètement déchaîné, qui bouge plus derrière sa batterie que beaucoup d’autres musiciens conventionnels.
Le concert, dernier de leur tournée européenne, est d’une durée surprenamment raisonnable (1 h 45, par rapport à certains de leurs shows qui dépassent les trois heures) et enchaîne des morceaux de Kaleidoscope, mais également d’autres albums, dans une orgie de light-show.
Le reste de la soirée implique beaucoup de bières peu raisonnables et peu d’heures de sommeil, ce qui est également peu raisonnable. La suite demain.
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