Qu’on apprécie le bonhomme (et sa musique) ou non, il est difficile de nier que Steven Wilson est un des musiciens les plus influents de ces dernières décennies. C’est pourquoi je me suis intéressé à son autobiographie, intitulée Limited Edition of One, découverte il y a quelques temps déjà grâce à une chronique d’Amarok Magazine.
Comme le bonhomme ne fait rien comme tout le monde, il commence par la fin. Enfin, par une fin: celle de Porcupine Tree, plus précisément le dernier concert de la tournée The Incident. Probablement une manière de poser tout de suite les choses pour ceux qui ne voient en lui que le leader de ce groupe, certes mythique, mais qui a, en fait, été lui-même un « incident ».
La première chose qui m’a marquée, c’est que lui et moi avons presque le même âge, à quelques mois près. La deuxième, c’est à quel point Steven Wilson s’efforce ici de « casser » son image de snobinard un peu froid. En même temps, j’ai trouvé que son penchant pour l’autodérision derrière une façade impassible était somme toute très britannique.
Dans Limited Edition of One, il revient assez longuement sur sa jeunesse, passionné par la musique – il écoute de tout, de Donna Summers à la musique concrète, en passant par un album de Noël. Passionné au point de commencer à en faire lui-même, notamment avec l’aide son père, ingénieur et surtout bricoleur de génie, qui lui monte des enregistreurs et des vocodeurs à base de pièces de rebut.
Une anecdote marrante concerne ses débuts en tant que musicien de scène. Mis à part le fait qu’il est alors d’une timidité maladive, au point de jouer assis au bord de la scène, il fréquente un peu tous les groupes de son bled de la banlieue de Londres. Y compris un groupe qui donne un de ses premiers concerts et qui a pour nom « Marilyn » ou un truc du genre.
Oui, ce « Marilyn »-là… En discutant bien plus tard avec Steve Rothery, ce dernier pense qu’il était probablement une des seules personnes à les avoir écoutés ce soir-là.
Mais le truc, c’est qu’à la base, Steven Wilson n’est pas un fan de prog. Il aime bien, mais pas forcément plus qu’un milliard d’autres trucs qu’il écoute. À la base, son kiff, c’est plus les expérimentations, la musique électronique – ce qui deviendra le projet No-Man. Et Porcupine Tree, c’est une blague qu’il bricole pour un pote, une sorte de pastiche – qui va finir par devenir son groupe principal.
Un des aspects amusants avec Limited Edition of One, mis à part ce ton décalé, c’est que certains chapitres sont composés de listes. Steven Wilson utilise beaucoup les listes, affirmant même ne pas pouvoir vivre sans. Et du coup, on a donc droit à ses albums préférés et c’est vraiment très éclectique. Il mentionne aussi, dès le début, le top des idées fausses que les fans ont sur lui – en premier lieu le fait qu’il ne rigolerait jamais.
D’autres chapitres, vers la fin du livre ont pour thème « casser le quatrième mur », expression en lien avec son album solo The Future Bites. Album qui, d’ailleurs, n’aurait au départ pas dû paraître sous son nom. Mais du coup, en lieu et place de la narration, on a une retranscription des entretiens par visioconférence entre Steven Wilson et Mick Wall, le journaliste musical qui a mis en forme le manuscrit.
À noter qu’un des chapitres est même une nouvelle fantastique autour de The Harmony Codex.
Au-delà du côté autobiographique, Limited Edition of One propose pas mal de réflexions intéressantes sur l’état actuel de la musique – vu par Steven Wilson, bien sûr. Ça fait ce que ça vaut, mais disons qu’après plus de trente ans passés dans l’industrie musicale, on peut lui accorder un peu de crédit. Et, à minima, ça éclaire pas mal sur sa propre démarche d’artiste.
Ça faisait donc bien deux ans que Limited Edition of One était dans ma liste des livres à lire, j’ai fini par le récupérer il y a quelques mois et le lire seulement maintenant – j’ai une pile à lire plutôt conséquente. Je l’ai trouvé vraiment sympa à lire, avec son humour très british et son format peu conventionnel – un peu comme son auteur, en quelque sorte.


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