J’ai fini par voir le reportage, diffusé dimanche passé par la TSR, intitulé L’honneur perdu de la Suisse (visible sur le site). Un cas d’école: comment abattre, en deux heures, tous les mythes sur l’attitude de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale.
La neutralité? Les élites suisses des années 30-40 étaient fondamentalement anti-communistes, donc pro-fascistes. Elles avaient les meilleures relations du monde avec le Troisième Reich et, après l’effondrement de la France en été 40, se sont efforcées de lui donner toutes les garanties possibles (et même plus).
L’aide aux réfugiés? Elle a été, dans un premier temps, minimale (jusque vers 42-43), fortement limitée (surtout envers les Juifs) et assortie de diverses conditions – comme, par exemple, le transfert de réfugiés “indésirables” (comprendre: juifs) à travers la France de Vichy hors d’Europe.
Le réduit national, cette stratégie reposant sur un repli des forces armées vers des forteresses de montagne réputées inexpugnables? Une vaste fumisterie, visant d’une part à donner des garanties aux Allemands (moins de soldats aux frontières) et d’autre part à démobiliser les deux tiers de l’armée pour faire tourner les usines — qui livraient aux Allemands.
La conclusion est sans appel: la Suisse a apporté une aide certes quantitativement limitée, mais d’une importance stratégique primordiale. Les devises suisses ont notamment permis aux industries du Reich de se fournir en matériaux stratégiques. Du coup, l’invasion de la Susse devenait contre-productive.
On pourra compléter cet édifiant voyage par la lecture de l’excellent Les Suisses et les nazis : Le rapport Bergier pour tous, de Pietro Boschetti.
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