L’Apocalypse TPG, édition 2014

Hier, il y a eu grève à Genève. En soi, la chose tient déjà du scoop: en Suisse, de façon générale, et dans le canton en particulier, on râle beaucoup, mais on fait rarement grève. Le mouvement a touché les Transports publics genevois – TPG pour les intimes – en protestation contre des menaces de suppression d’emplois et des tensions croissantes sur leurs conditions de travail.

Alors bon, faire la grève, surtout de façon préventive, ne m’apparaît pas comme la façon la plus intelligente de faire avancer des revendications syndicales. C’est surtout pénaliser des usagers qui, dans l’absolu, n’y sont pas pour grand-chose.

Sauf que, dans le cas présent, l’affaire est un peu plus complexe. En Suisse, on ne fait certes pas très souvent la grève, mais une activité politique beaucoup plus fréquente, c’est le vote sur des référendums ou des initiatives populaires. Ici, c’est une initiative visant à baisser le prix du billet de bus qui est à l’origine de la grogne.

Sauf que, là encore, c’est plus compliqué, puisque le cœur du problème, c’est une discussion des autorités cantonales sur une augmentation du budget des TPG – partiellement contrôlé par l’État – pour compenser les pertes dues à la baisse des tarifs votée. Discussion qui est partie pour aboutir à un refus: la commission parlementaire a dit non et il y peu de chance que les députés prennent une décision contraire.

Résumons: si j’ai bien tout compris au film, on a

  1. un vote populaire qui demande de baisser les tarifs des transports publics,
  2. le canton qui refuse de compenser financièrement la baisse des revenus qui en découle,
  3. la compagnie gestionnaire desdits transports qui répond en annonçant des suppressions de postes et des réductions de prestations, et, du coup,
  4. les employés de la compagnie en question qui se mettent en grève.

(Je vous passe le point 5: les Genevois râlent, parce ça, c’est la routine.)

Vu sous cet angle, je trouve que le canton fait preuve de mesquinerie dans l’histoire. J’ai un peu l’impression qu’il y a, dans la décision probable du Grand conseil (le parlement cantonal), un côté “vous avez voté comme des cons, c’est bien fait pour votre gueule!”

Ce d’autant plus que je rappelle, une fois de plus, que les Genevois ont également voté il y a quelques années pour promouvoir la mobilité douce – vélos, marche à pied, même si ça ne concerne pas directement les transports publics.

Même si j’ai tendance à préférer le vélo, je suis un utilisateur régulier des transports publics. Je veux bien admettre brocarder le personnel des TPG pour sa tendance à conduire façon bétaillère, les retards systématiques sur certaines lignes et le tapissage publicitaire des véhicules. Cependant, je reconnais volontiers que les conducteurs, notamment, ont un peu un métier de merde, entre la gestion de passagers râleurs et un trafic automobile à la limite de l’hystérie.

Du coup, je ne m’étonne pas trop qu’entre les exigences de leur direction, les votations populaires contre-productives, la tendance générale de la population genevoise à rouler tout seul dans des 4×4 et les mesquineries de leur autorité de tutelle – sans même parler de la xénophobie anti-frontalière –, le personnel des TPG pète les plombs. Et à ceux qui parlent d’une grève “à la française”, à mon avis, en France, le ministre aurait retrouvé un tram dans son bureau au milieu d’un tas de pavés.

(Image: “1891 Grève des transports” via Wikimedia Commons, domaine public.)

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2 réflexions au sujet de “L’Apocalypse TPG, édition 2014”

  1. Je ne vais pas me lancer dans un commentaire exhaustif, car j’aurais la peine à mettre de l’ordre dans tout ce qui m’énerve dans cette histoire. Ce qui est sûr, c’est que la grève elle-même n’en fait pas partie. Les xénophobes et nos politiciens à la mords-moi-le-noeud, si.

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