Pour un peu, j’aurais pu complètement passer à côté du nouvel album de Kaipa, intitulé In the Wake of Evolution. La faute à une précédente expérience avec ce groupe de rock progressif suédois: l’album Angling Feelings m’avait laissé des sentiments mitigés – entendez par là que je suis longtemps demandé s’il était juste médiocre ou pas bon du tout. Je ne crois pas l’avoir chroniqué à l’époque, ce qui donne une assez bonne idée de mon impression générale.
La morale de cette chronique est qu’il faut toujours laisser une seconde chance aux gens en général et aux groupes de rock progressif en particulier. Surtout s’ils ont signé chez InsideOut, label qui n’a pas exactement pour habitude de produire des bouses. Dans le cas présent, cette seconde chance m’a permis de découvrir un très bon album de rock progressif, à mi-chemin entre le prog classique et le néo-prog, avec des grosses influences classic rock à la Queen.
Il faut dire que les p’tits gars de Kaipa, ce ne sont pas exactement des perdreaux de l’année. Un indice sérieux est apporté par le titre d’une compilation: The Decca Years 1975-1978. Ça pose quelque peu son groupe, une référence de ce calibre! À vrai dire, ça se sent également: si la musique de Kaipa lorgne sérieusement du côté d’un néo-prog festif à la Pendragon mâtiné de Queen, on sent également la grosse influence Yes qui déboule dès le premier morceau de l’album,”In the Wake of Evolution” — comme par hasard au moment où le refrain affirme “We’re getting closer to the edge”… On a connu des clins d’œil moins appuyés.
On va dire que j’ai mes lubies de vieux, mais encore une fois, je suis nettement plus enthousiasmé par les passages instrumentaux du groupe que par les parties chantées. Pas qu’Aleena Gibson et Patrick Lundtsröm, assurant respectivement les vocaux féminins et masculins du groupe, soient mauvais dans leur genre, mais je ne suis juste pas fan de leur prestation; en y repensant, c’est sans doute cela qui m’a rebuté dans l’album précédent.
Fort heureusement pour moi, en vieux routard du rock progressif de style dinosaurien, Kaipa tend à insister plus sur les premières que sur les secondes et In the Wake of Evolution regorge de morceaux ciselés à l’ancienne, de mélodies imparables et de soli de virtuoses, tel l’électrique “Electric Power Water Notes” ou “Arc of Sound”.
Cette chronique ne serait sans doute pas complète sans mon habituelle râlaison sur l’originalité dans le petit monde du rock progressif, suivi d’une conclusion à l’emporte-pièce sur le fait qu’il ne faut pas bouder son plaisir; si ça continue comme ça, je vais me faire un texte-type et un “shortcode” pour laisser WordPress l’ajouter tout seul. Après tout, puis-je exiger de l’originalité des groupes que j’écoute si moi-même je n’arrive pas à renouveler mes révoltes?
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