Galaad: Frat3r

Vingt-cinq ans après! Autant dire que Frat3r, troisième album des Suisses de Galaad, s’est fait attendre. À vrai dire, après la scission du groupe, peu après la sortie de Vae Victis, on ne l’attendait même plus. Et puis il y a eu, en 2017 et 2018, cette série de concerts.

Les légendes reviennent. N’est pas mort qui à jamais dort, et tout ça.

Galaad est un groupe de rock progressif suisse – et même, voire surtout, jurassien – qui propose un néo-prog classique, mais musclé. Encore que, sur cet album, on pourrait dire que les années ont quelque peu adouci la rage – mais j’y reviendrai.

Avec huit titres et un peu plus de trois quarts d’heure, Frat3r n’est pas un gros gabarit. Les pistes tournent autour de cinq à six minutes, avec un seul epic, « Stone », qui flirte avec les dix minutes.

Peut-on réellement être objectif en partant sur le thème « successeur du meilleur album de prog francophone evar qui arrive vingt-cinq ans plus tard » ? Je ne sais pas, mais j’ai des doutes sur mes capacités personnelles.

Parce que je veux que cet album soit génial. Et, au final, il ne l’est pas vraiment.

Ce n’est pas que Frat3r soit un mauvais album, loin de là. Galaad a toujours un goût sûr pour des mélodies néo-prog qui tapent juste, des musiciens qui savent les mettre en valeur, et la voix de Pyt – Pierre-Yves Theurillat pour les intimes – est toujours présente, profonde et intense.

Seulement, une chose est rapidement évidente: les années de rage sont désormais passées. Frat3r est un album aux compositions apaisées. Certes, le groupe va lâcher les bourrins sur des pistes comme l’instrumental « Moloch », l’étonnant hymne quasi-patriotique « Justice », « Merci [puR] », voire « Encore ! », mais le reste est bien plus posé.

Un cliché de la chronique musicale est de parler « d’album de la maturité ». C’est certainement vrai pour celui-ci, mais ce n’est pas forcément un compliment. À « la loi c’est la rage » de Vae Victis, Galaad répond aujourd’hui « Justice est fête ».

Et, en Jurassiens facétieux, ils ajoutent « distille ». Les absinthes n’ont jamais tort. Et un des signes distinctifs du groupe, à savoir le travail sur des textes qui jonglent entre poésie énervée, calembour et écriture automatique, est toujours présent en force.

Face aux brûlots susmentionnés, des pistes comme “La Machine”, qui forme un diptyque avec “Moloch”, “Stone” ou le morceau-titre tiennent leur rang; seul “Kim” est à mon avis un ton en dessous de l’ensemble.

Et donc, finalement, Frat3r n’est pas un album génial. Ce n’est pas Vae Victis II (La Revanche des Fils de Brenn). C’est cependant un très bel album de néo-prog aux accents fin eighties dans un style tout de même très inspiré par Marillion, avec des fulgurances dignes de son prédécesseur.

On en revient à un problème classique de tout artiste: comment gérer les attentes quand on a réalisé un jour un chef d’œuvre. Le seul fait que cet album existe tout court est en soi un petit miracle pour lequel je ne remercierai jamais assez Galaad. Je le fais donc ici en attendant de le faire de vive voix samedi, à Estavayer-le-Lac.

Bonus: la vidéo de “Justice”

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