Oui, j’ai choisi la date exprès pour la chronique de cet album et non, contrairement à un premier avril précédent, Allo Babar et les Caramboleurs de Ethmebb n’est pas un faux album. Mais je comprends vos doutes, parce que rien dans ce projet n’est normal.

Quatuor né en Île-de-France en 2006, Ethmebb se définit comme « Epileptic Power Death Progressive Black Doom » et… c’est pas faux. Disons que c’est surtout du death-prog avec des accents symphoniques et une blinde de passages parodiques avec un sens de l’humour très… spécial. Côté chant, ça growle, ça fait des choeurs, ça part en rap et c’est en français, en anglais, mais aussi en japonais et probablement en allemand, mais je ne suis pas sûr.

Allo Babar et les Caramboleurs est le deuxième album plein format du groupe, qui a également commis quelques EPs. Il se compose de trois titres: « J’ai demandé à la dune », qui fait 11:11, « Les Trois moustiquaires », qui dure 22:22, et « J’ai demandé Aladin, j’ai eu Captain Caverne » qui, vous l’aurez deviné, conclut l’album sur une durée de 33:33. Soit un total de 66:66. Bien sûr.

Ethmebb fait partie de ces groupes français dont j’ai entendu parler par des chroniqueurs anglo-saxons. En l’occurrence, les suspects habituels: Notes Review et Rhyme Signatures. Et vous avouerez que, sur la papier, la proposition a de quoi intriguer. Et, en musique, encore plus.

Et c’est un peu le souci: Allo Babar et les Caramboleurs, c’est plus d’une heure de nawak mélangeant environ trente-sept genres de metal extrême et d’autres styles qui sont là parce que les musiciens avaient juste envie: de la synthwave, de la pop, une imitation de Renaud et j’en passe. En tout cas, c’est l’impression que j’ai après de multiples écoutes. C’est un peu comme ces textes qui vous balancent un wagon de jeux de mots à chaque page: c’est rigolo, mais vite fatiguant. Surtout quand le texte passe du polar au traité de mathématiques à la romance à la SF à l’horreur cosmique en autant de pages.

Cela dit, il y a quand même des trucs biens dans cet album. Beaucoup, même. Certains passages en mode symphonique épique et en prog-metal de combat envoient bien du bois et j’ai beaucoup de mal à ne pas être bluffé par l’ensemble de l’album. Il faut quand même une maîtrise certaine pour réaliser ce genre d’ovni sans se prendre les pieds dans le tapis et avoir l’air ridicule. En même temps, vu les photos du groupe, je pense que le ridicule, ils s’en tamponnent massivement.

Je ressors de l’écoute de cet album avec un mal de tête conséquent. Mais c’est peut-être à cause des dix-sept bières que j’ai eu le temps de m’enfiler pendant son écoute. J’en ressors également avec un avis mitigé. Oui, Allo Babar et les Caramboleurs, c’est clairement du prog. Oui, c’est aussi clairement nawak. Et, du coup, c’est un peu difficile pour moi de le recommander: il y a des passages très sympas et Ethmebb force le respect avec un album de ce calibre, mais à mon avis, il faut avoir une certain état d’esprit pour apprécier un pareil album. Ou trois grammes dans le sang.

Si l’aventure vous tente, allez y jeter une oreille, par exemple, sur Bandcamp, mais soyez prévenu: le port du casque (avec un pète) est fortement recommandé.

Bonus: la lyric-video de la première moitié de « J’ai demandé à la dune »

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