Il faut que je vous dise que ce concert d’Hypno5e à Genève, c’est un peu une revanche. Il y a quelques années, le groupe était déjà venu jouer – dans la même salle de l’Usine, d’ailleurs – et je ne l’avais appris que le lendemain. Cette fois-ci, je ne me suis pas laissé prendre.
Et me voici donc, par un samedi soir de février plutôt doux, que je me retrouve devant l’entrée de l’Usine, billet en poche et caméras dans le sac. Ça commence mal: il n’y a plus de Punk IPA au bar. Fort heureusement, ce fut le seul réel point noir de la soirée.
Il est 20 h 45 lorsque E-L-R monte sur scène. C’est une formation bernoise, un power-trio composé d’un batteur, d’une guitariste et d’une bassiste. Il propose un post-rock sombre – musicalement et visuellement – quasi instrumental, avec juste quelques parties chantées, le tout dans un décor constellé de bougies, de branchages séchés et d’encens.
Noyés dans un éclairage rouge et dans les fumigènes, le groupe va livrer trente minutes d’un show intense avec une ambiance impressionnante, avant de quitter la scène sans un mot. On a presque l’impression d’avoir assisté à une hallucination collective, un rêve de fièvre.
Je ne connaissais pas ce groupe et c’est une révélation. J’ai embarqué l’album, Mænad, et je manquerai pas de vous en parler prochainement.
C’est au tour de Herod, qui arrive à 21 h 30 et embarque le public dans un set de cinquante minutes. Eux, je les avais déjà vus, en première partie de The Ocean. Pas de décor, pas de gadgets: tout pour le son et c’est du gros, gros son.
Herod joue un metal puissant qu’il qualifie de « sludge progressif ». C’est très intense et très physique, avec des musiciens très remuants. Le tout est appuyé par un light-show de haute tenue, chose plutôt rare chez les groupes de première partie. Le défaut, c’est que musicalement, c’est pas mon truc, mais le groupe est objectivement solide et très impressionnant sur scène.
C’est à 22 h 40 – pile à l’heure – que Hypno5e monte sur scène, après un changement de scène accompagné par un instrumental aux teintes latino.
J’avoue: j’appréhende un peu. Comme je l’avais mentionné dans ma chronique du dernier album du groupe, A Distant (Dark) Source, c’est une musique que je n’aime pas forcément, mais qui m’impressionne. Surtout, le metal progressif « cinématographique » d’Hypno5e est une musique exigeante, qui demande beaucoup de maîtrise.
Eh bien j’aime autant vous dire que, sur scène, c’est pareil. Les compositions changent brusquement de direction. Un peu comme si on avait un artiste de folk-rock introspectif qui subitement passait au death-metal et retour. Des ambiances planantes qui, subitement, explosent. Et les explosions elles-mêmes explosent.
Et non seulement les musiciens arrivent à suivre cette dinguerie sans se prendre les pieds dans le tapis, mais l’éclairage suit à la milliseconde près, rehaussé par un quatuor d’écrans qui accueille des projections. Et ce pendant pendant un peu plus d’une heure de show. C’est juste bluffant de maîtrise.
J’en conviens: Hypno5e n’est pas le groupe le plus accessible de la scène actuelle. Même pour du metal progressif. Moi-même, j’ai du mal à complètement accrocher à ce style. N’empêche que sur scène, ça m’a bien scotché.
J’ai eu l’impression que le public a eu un peu plus de mal. L’Usine était à peu près au deux-tiers de sa capacité maximale – à vue de nez – et ça s’est un peu vidé pendant le set d’Hypno5e. Mais on devait encore être 200-300 à la fin du concert.
La seule critique que j’adresserais à cette soirée, c’est que le niveau sonore m’a paru un peu excessif. J’ai gardé mes protections d’oreille pendant presque tout le concert, ce que je fais très rarement (ce n’était pas le cas pour Moonspell et Rotting Christ, par exemple).
Mon photographe-pas-si-intérieur a aussi pas mal couiné sur les éclairages, quasi-systématiquement par l’arrière et aux changements imprévisibles, mais ça fait partie du jeu. Littéralement, dans le cas d’Hypno5e. Malgré tout, c’est quand même une très belle manière de marquer le premier concert de l’année.
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