Imaginez que vous êtes des musiciens nés sous une dictature, harcelés par le régime à cause de votre art, et que le pays où vous fuyez se retrouve en guerre. Ces musiciens, c’est Dymna Lotva et leur album, The Land under the Black Wings: Blood (Зямля Пад Чорнымі Крыламі: Кроў). Et j’aime autant vous dire qu’il fait mal.
Découvert via Angry Metal Guy, comme d’hab’, Dymna Lotva est un groupe biélorusse, qui a dû s’exiler d’abord en Ukraine et aujourd’hui en Pologne. S’ils se définissent post-metal et doom, ils sont également très proches de la scène black-metal et cet album a également un côté néoclassique, avec violons et cuivres.
The Land under the Black Wings: Blood est le troisième album du groupe. Si ses pistes sont plutôt courtes, entre quatre et six minutes, il en compte pas moins de treize, pour une durée totale de septante-deux minutes.
Alors oui, j’ai dit que cet album fait mal. Il faut voir que Dymna Lotva a décidé de faire cet album sur le thème de l’oppression. Déjà, en tant que biélorusses, ils ont l’embarras du choix, compte tenu de l’histoire et de l’actualité du pays. Ensuite, leur musique se prête admirablement à l’exercice.
The Land under the Black Wings: Blood joue sur un registre qui rappelle certes le post-metal, mais aussi le black-metal symphonique, mélangé avec des sonorités traditionnelles est-européennes et plusieurs bruitages vraiment pas rassurants. Quelque part, la sirène d’alerte de « Come and See » est la moins anxiogène du tas, surtout par rapport à l’homme qui agonise sur « The Pit ».
Ajoutez à cela la chanteuse Katsiaryna Mankevich qui screeche comme peu, comme si elle exorcisait les horreurs dont parle l’album. Elle chante aussi en clair, notez, mais ce n’est pas dans ce registre qu’elle est le plus impressionnant. On peut aussi entendre du saxophone sur plusieurs pistes, juste histoire de dire.
The Land under the Black Wings: Blood est un album que je qualifierais d’implacable. Il vous prend et il ne vous lâche pas. Peut-être, si vous êtes sages, vous récompensera-t-il avec quelques trouées lumineuses quelques fugaces instants de beauté au milieu d’un ciel de cendres.
Je peux souvent être très sensible à la musique, mais Dymna Lotva m’a particulièrement touché avec cet album. The Land under Black Wings: Blood est une grosse baffe, extrême comme toutes les grosses baffes, mais qui a également des moments de grâce – pas comme toutes les grosses baffes.
Si les mélanges bizarres et les ambiances poignantes ne vous font pas peur, foncez écouter cet album, il est vraiment impressionnant. Vous pouvez le trouver sur Bandcamp.
Bonus: la vidéo de « Hell »
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