« Dice Men », de Ian Livingstone et Steve Jackson

Quand on parle des origines du jeu de rôle, on pense toujours à Dungeons & Dragons, moins à ce qui s’est passé de côté-ci de la Mare aux Harengs. Dice Men, de Ian Livingstone et Steve Jackson, est là pour remédier à cet oubli en s’intéressant aux débuts de Games Workshop.

J’ai récupéré la version française de cet ouvrage lors de mon récent à Paris et, d’emblée, j’ai été surpris par son format inhabituel. Dice Men est en effet plus proche de la grande BD ou du livre d’illustrations (format A4 et 280 pages) que de l’ouvrage historique. Il bénéficie en outre d’une maquette très travaillée et d’une iconographie très riche – ça veut dire qu’il y a beaucoup d’images.

Vraiment beaucoup; ça m’a frappé au point que je me suis demandé s’ils avaient à l’époque l’habitude de tout photographier, tout le temps. Plus encore que maintenant, à l’heure des smartphones ubiquitaires.

Autre particularité, il est signé par les deux fondateurs emblématiques de la compagnie (même si, au départ, ils étaient trois, avec John Peake). C’est principalement raconté par Ian Livingstone, mais avec beaucoup de citations et de narrations par divers intervenants de l’époque, ce qui lui donne un côté autobiographique, plus personnel. Ce qui change des ouvrages de Jon Petersen, plus « scientifiques » – ou à tout le moins avec plus de recul.

Ce n’est pas plus mal ainsi, d’autant que Ian Livingstone parsème son récit d’anecdotes souvent savoureuses, mais mieux vaut être prévenu. Et au reste, ce n’est pas non plus la peine de répéter ici toute la genèse des jeux de rôle déjà couverte par moult autres ouvrages. Le cœur de Dice Men, c’est l’histoire de Games Workshop et de ses fondateurs.

À l’origine, donc, trois amis qui fréquentent la même école du côté de Manchester dans les années soixante, qui se séparent le temps de faire des vagues études supérieures pour se retrouver en colocation à Londres, au milieu des années septante. Leur passion, c’est les jeux de société: Subbuteo, Monopoly, Risk, puis rapidement Diplomacy, les wargames et, enfin, Dungeons & Dragons.

Dice Men se concentre surtout sur les vingt premières années de la société, jusqu’au moment ou Ian Livingstone et Steve Jackson décident de se retirer de sa direction. Et c’est vraiment une histoire rags to riches, plus que celle de TSR, depuis les appartements sordides et les boutiques microscopiques (la « boîte à pain »), jusqu’à la société cotée en bourse.

Une des particularités de Games Workshop, c’est d’avoir plutôt bien réussi l’intégration de plusieurs activités différentes. D’abord la vente par correspondance, puis la distribution, la conception de jeux, la rédaction de magazine, la création de figurines, la gestion de boutiques et les livre-jeux dont vous êtes le héros. Entre autres.

Certes, le « grand modèle » américain, j’ai nommé TSR, a aussi fait tout ça, parfois plus, mais on a l’impression qu’ils ont eu plus de mal à gérer leur croissance, avec pour conséquence le départ de Gygax. Bon, c’est peut-être un effet de l’aspect autobiographique, qui a tendance à gommer les détails sordides.

Même si je n’ai jamais été très fan de Games Workshop et de ses productions, ça m’a rappelé pas mal de souvenirs. Notamment plusieurs voyages à Londres dans la deuxième moitié des années huitante et les périples-pèlerinages jusqu’à Hammersmith et la fameuse boutique.

Je me souviens avoir visité une convention dans un lieu qui ressemblait beaucoup au Seymour Hall des premières Game Day (mais vu la date et la taille de l’événement, ça ne devait pas être ça). J’ai aussi pas mal lu de White Dwarf à l’époque, avant que le magazine ne se concentre exclusivement sur les produits de la compagnie-mère.

Du coup, je recommande chaudement la lecture de Dice Men à ceux qui s’intéressent aux premières années du jeu de rôle. Certes, le bouquin n’est pas donné et a ses limitations de par sa forme, mais il est plutôt impressionnant, autant par son apparence soignée que par son contenu.

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