Et donc, ce week-end, il y avait une convention de jeu de rôle. Mais pas n’importe quelle convention de jeu de rôle: la première CyberConv, dite aussi 1.0. Une convention en ligne, sur Twitch, Discord et des plateformes de jeu en ligne (surtout Roll20).

À l’origine (notamment Orc’idée), on retrouve un certain nombre d’organisateurs de conventions de printemps, frustrés par les annulations en rafale pour cause de confinement, qui ont décidé de monter un truc en ligne. Genre, en trois semaines.

Le concept, c’était d’utiliser Discord comme « point central » de ralliement pour tout ce qui est administration, stands, discussions impromptues sur les chats vocaux et organisation des parties. Les conférences et tables rondes se déroulaient sur Twitch (et YouTube en simultané), quant aux parties, si certaines semblent s’être déroulées sur Discord, beaucoup ont migré sur des plateformes dédiées, comme Roll20.

J’avoue, j’étais sceptique. Confinement ou pas, je ne me suis jamais réellement intéressé aux parties de jeux de rôle en ligne, que ce soit par forums ou dans les différents services dédiés qui ont fleuri ces dernières années. En fait, plus que sceptique, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre avec cette CyberConv.

Mais je suis venu quand même. Un peu par curiosité, un peu aussi parce que les conventions de jeu de rôle, ça commence à me manquer. En plus, on est en plein dans la saison. Et j’ai été plutôt impressionné par ce que j’ai vu et vécu.

D’abord, énorme coup de chapeau aux organisateurs pour avoir monté un truc pareil en quelques semaines! Ensuite, le public semble avoir suivi en masse. Au moment où je tape ces lignes, le dimanche à 17 h 15, il y a près de 800 personnes en ligne sur le Discord. Et lundi matin, les chiffres sont:

+ de 1700 personnes sur le serveur Discord
+ de 200 salons sur ce discord
+ de 140 parties jouées ce week-end
+ de 40 participants à nos tables rondes
+ de 30 parties jouées simultanément
18 modérateurs pour veiller au grain
13 membres du CyberStaff (des malades ceux-là)
10 personnes pour s’occuper de la diffusion live (dans l’ombre et la lumière)
9 communicants qui ont fait un travail de fou
9 orgas pour gérer le pôle stage
4 cyborgs pour gérer les parties
MAIS SURTOUT :
3000$ pour le secours populaire.

Message d’Alex Eloy sur Facebook

Bon, j’avoue que j’ai passé le plus clair de mon temps dans les salons vocaux, celui des créateurs et celui des labels. J’ai également suivi quelques conférences sur Twitch. Ce sont à mon avis les deux points forts de cette CyberConv.

Je n’ai pas testé les parties en ligne, donc je ne peux pas vraiment me prononcer là-dessus. Il faudra que j’essaye. Un jour. Oui, je suis un peu réticent. C’est mon côté vieux.

Pour ce qui est des stands, je suis un peu plus circonspect. Il faut dire qu’une chatroom en texte seul (ou presque), c’est modérément sexy à la base. Il manque un côté « venez feuilleter nos œuvres », par exemple. Du coup, on passait plus de temps à papoter avec des gens dans les salons vocaux.

Ouais, un peu comme dans une vraie convention, en fait.

Je sors de l’événement avec un sentiment mitigé, mais globalement positif. D’un côté, la CyberConv est un concept qui a prouvé son intérêt et sa faisabilité. De l’autre, il y a, à mon avis des choses à revoir. Le côté stand, par exemple – le côté vente aussi, peut-être.

Ce qui est frustrant, c’est que, comme ce sont des outils que je ne connais pas vraiment, je ne vois pas comment améliorer ça – à part en allant squatter Second Life ou un autre environnement en ligne du même genre. Je suppose aussi que c’est à nous, éditeurs, de monter en puissance sur nos plateformes numériques respectives.

Je pourrais aussi piorner sur le fait que la plupart des outils utilisés sont des outils propriétaires, avec parfois un historique assez moisi du point de vue du respect de la vie privée. On en revient bien sûr au dilemme classique: on a le choix entre des trucs qui fonctionnent là, maintenant, tout de suite, et des services à l’utilisation plus respectueuse, mais, disons, avec une interface (et une fiabilité) plus rugueuse.

Mais c’est une expérience qui est plutôt réussie et qui ouvre pas mal de portes pour l’avenir. On pourrait notamment y penser lors de futurs essais de « jumelage » de conventions – comme celui tenté il y a deux ans à Orc’idée avec GNEthiQC. La prochaine fois, qui sait, j’essayerai peut-être même de jouer.

Mais bon. Résumé exécutif: cette CyberConv 1.0, c’était de la balle!

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