Il y a quelque chose de dérangeant à écouter The Raging River, le dernier album de Cult of Luna, au moment où des inondations massives ravagent une partie de l’Europe. Bien sûr, c’est une coïncidence. Ou peut-être un signe des temps à venir.
Cult of Luna est un groupe suédois de post-metal actif depuis une vingtaine d’années. Il compte parmi les pionniers – voire les survivants – du genre, avec une musique intense, sombre et lourde ponctuée par des vocaux hurlés.
The Raging River est un album plutôt court, surtout compte tenu de la discographie du groupe. Avec un peu moins de quarante minutes, il compte cinq pistes entre six et douze minutes, si l’on excepte un interlude de trois minutes, au milieu de l’album.
Il faut dire ce qui est, Cult of Luna, c’est du râpeux. Encore qu’il faut modérer cette affirmation: la musique en elle-même est plutôt mélodique. Lourde et puissante, mais mélodique. Ce sont les vocaux de Johannes Persson qui font toute la différence – en fait de vocaux, ce sont limite des invocations lancées face à une apocalypse en développement.
Parce que oui, The Raging River a nettement un côté apocalyptique. C’est le genre d’album aux compositions implacables, qui s’avancent comme un rouleau compresseur musical qui aurait la claire d’attention d’aplatir la physionomie de l’auditeur. Rien que les titres, comme « What I Leave Behind », « Wave After Wave », sont autant de professions de foi.
Seul le bref « Inside of a Dream » apporte une forme de répit. Et encore: son titre laisse penser qu’il ne s’agit que d’une illusion. Il est chanté par Mark Lanegan, musicien américain surtout connu pour avoir été longtemps la voix de Queens of the Stone Age, et c’est le seul passage chanté en clair de l’album.
Par rapport au monstrueux A Dawn to Fear, The Raging River est un album qui paraît presque raisonnable. Sauf qu’il est dans la continuité de Cult of Luna, c’est-à-dire pas raisonnable du tout. Comme bande-son de fin du monde, il se pose un peu là: à l’instar de son titre, il va balloter l’auditeur entre cailloux, troncs arrachés et débris divers.
On ne sort pas forcément indemne d’un tel album. C’est même un peu le but. Je recommanderai donc The Raging River à ceux qui se sentent prêt à affronter la Fin des Temps à mains nues, parce qu’il faut au moins ça. L’album est disponible sur Bandcamp.
Bonus: la vidéo de « Three Bridges »
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02/08/2021 at 13:20
Bon faudrait quand même que j’écoute un Cult of Luna un jour, enfin je veux dire jusqu’au bout. J’ai un peu de mal avec le growl vomito par contre j’aime bien la zique. T’en pense quoi toi ? Je vais t’en vouloir après ?
02/08/2021 at 13:35
Je me rends bien compte que c’est difficile; le growl ou le scream, je ne suis pas fan non plus. Mais souvent, je trouve que ça apporte quelque chose à la musique, un contrepoint.
Alors oui, d’une part, faut pas se forcer, mais d’autre part, ce sont des nouveaux territoires à défricher. Tu avais essayé le “Mariner” avec Julie Christmas? Ça rajoute des vocaux féminins à l’ensemble.
02/08/2021 at 13:57
Non. Je vais y jeter une oreille ou deux. Merci.