« Comment je suis devenue anarchiste », d’Isabelle Attard

Comment je suis devenue anarchiste, d’Isabelle Attard, est un livre que j’ai lu en un peu moins de deux heures. Je l’ai pris ce matin avant d’aller travailler et je l’ai terminé le soir, dans le bus du retour. À l’heure où j’écris ces lignes, c’était il y a environ trente minutes; autant dire que c’est un peu une chronique à chaud.

Isabelle Attard est la seule personnalité politique française que je suis sur les réseaux sociaux. Députée écologiste entre 2012 et 2017, c’est une des rares personnes qui attaquaient les lois liberticides mise en place pendant cette législature. Aussi une des rares qui donnait l’impression de savoir ce dont elle parlait sur ce sujet – et sur d’autres.

Dans ce livre, elle revient sur son parcours personnel et politique. Elle a longtemps vécu dans les pays scandinaves et a un peu tâté de la vie académique en France, avant d’être élue députée du Calvados. Elle a quitté Europe Écologie Les Verts pour aller fonder Nouvelle Donne; où elle a assisté à la faillite morale et financière de ce mouvement.

De ses années de députation, elle garde le souvenir d’un système qui fonctionne principalement à l’entre-soi, déconnecté du monde réel. Et aussi d’un procès en diffamation intenté par Denis Baupin, qu’elle et d’autres femmes politiques avaient accusé d’agression sexuelle. Il l’a perdu.

Je ne vous surprendrai pas en vous disant que Comment je suis devenue anarchiste raconte comment Isabelle Attard est devenue anarchiste. Ce qui est plus intéressant, c’est que cet ouvrage essaye de dédiaboliser l’anarchie. Plutôt avec brio, d’ailleurs.

Car l’anarchie, ce n’est pas le chaos, l’absence de règles (ça c’est l’anomie), comme on l’entend le plus souvent dans le langage courant. L’anarchie, c’est l’absence de gouvernement, de chef, un système collectif qui passe par l’auto-organisation, l’autogestion.

Plus précisément, Isabelle Attard mentionne l’éco-anarchisme, un mouvement qui prend déjà racine dans les années 1950-1960 avec les textes de l’Américain Murray Bookchin. Elle cite aussi Howard Zinn, Tancrède Ramonet, Emma Goldman, Voltairine de Clayre, et bien d’autres.

En plus de l’approche historique, Comment je suis devenue anarchiste mentionne plusieurs expériences, certaines connues (Ukraine, Chiapas, Rojava), d’autres moins (Aragon, Mandchourie). Isabelle Attard cite aussi Notre-Dame des Landes.

Pour le cas où ça n’était pas clair au départ, Comment je suis devenue anarchiste est un bouquin qui se lit vite et bien. Ça ne me convaincra sans doute pas de le devenir moi-même, mais je peux très bien comprendre la démarche. Et ça a l’avantage d’expliquer clairement ce qu’est – et ce que n’est pas – l’anarchisme.

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7 réflexions au sujet de “« Comment je suis devenue anarchiste », d’Isabelle Attard”

  1. Pareil : la philosophie en elle-même me semble juste, mais je suis sceptique vis-à-vis de l’organisation à l’échelle d’un pays et l’idée un peu naïve que ça résoudra tout. Mais il faut donner de la visibilité à ces idées-là, d’autant plus que ça fait quand même 12 mois que l’École du Chat Noir est partie en vacances…

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    • En fait, nous avons eu plusieurs preuves dans l’histoire qu’une telle organisation fonctionne à l’échelle d’un pays. On pourrait parler de l’Ukraine en 17 ou de l’Espagne en 36. L’économie espagnole était tellement florissante malgré la guerre et les rationnements qu’il a fallu que les franquiste détruisent les outils de production pour éviter que cela serve de propagande aux anarchistes. Et je rappelle que les anarchistes ont été vaincus parce que les franquiste et les staliniens avaient uni leurs forces pour les détruire.
      Aujourd’hui, nous avons encore un bel exemple malgré les efforts répétés de Daech, de Bachar-el-Assad, des russes, de la Turquie pour les anéantir, c’est le Rojava. Le Rojava s’est construite sur la base de l’écologie sociale de Murray Bookchin. Cela fait des années qu’elle se construit sur la base d’une Confédération démocratique. Et malgré la guerre et les trahisons elle tient encore debout.
      Sinon, effectivement il faut être sacrément naïf pour croire qu’une organisation, quelle qu’elle soit d’ailleurs, puisse résoudre tous les problèmes d’un coup de baguette magique. Une organisation, ce sont avant tout des femmes et des hommes qui se rassemblent dans une perspective politique commune. Je ne crois pas que le livre dise autre chose d’ailleurs.

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