“Et si la France avait continué la guerre?”, tome 2: 1941-1942

Je viens de terminer le deuxième tome de Et si la France avait continué la guerre?, la série de bouquins tirées du projet uchronique “1940: la France continue“. Je rappelle en deux mots le principe: le 15 juin 1940, la France décide de continuer la guerre et organise un repli vers l’Afrique du Nord.

Déjà que le premier tome, qui ne couvrait que la seconde moitié de l’année 1940, était conséquent, celui-ci se développe sur près de dix-huit mois, du début 1941 à mai 1942. Du coup, c’est un pavé de 700 pages (sans compter la bibliographie, plus que conséquente) qu’il faut affronter.

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“Mon dictionnaire de Genève”, d’André Klopmann

Je rassure tout de suite les autres: il n’est pas nécessaire d’être genevois pour apprécier ce sympathique petit bouquin qu’est Mon dictionnaire de Genève, signé André Klopmann. Certes, ça aide quand même un peu de connaître la ville et son histoire, mais ce dictionnaire contient son lot de perles accessible à tout un chacun. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle, parce que des “vrais” Genevois, il y en a somme toute assez peu à Genève (et pas beaucoup plus ailleurs non plus, en fait).

Éclectique, forcément biaisé et impertinent, son sous-titre le résume fort bien: “De A comme Ador à Z comme Zep.” On y trouve donc autant des notices biographiques sur des grands personnages historiques, certains mondialement connus (sauf, parfois, à Genève même), que des notes sur la culture populaire contemporaine, comme Le Beau Lac de Bâle ou Zep (ce dernier réussissant à être à la fois mondialement connu – même à Genève – et représentant de la culture populaire).

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Une histoire populaire de l’empire américain

S’il y a bien une phrase que je déteste, parmi toutes les phrases que je déteste, c’est sans doute “l’Histoire est écrite par les vainqueurs”. Pipeau: l’Histoire est écrite par des historiens; le reste, c’est de la propagande. Howard Zinn (1922-2010) était un historien américain – engagé, certes, mais historien quand même – et cette bande dessinée Une histoire populaire de l’empire américain est directement inspirée de son Histoire populaire des États-Unis.

Si je parle ici d’une bande dessinée (avec Paul Buhle et Mike Konopacki au dessin) traduite au lieu du bouquin originel en anglais, c’est parce que Roboduck en a fait l’article sur son blog en termes suffisamment élogieux pour que le l’achète hier et que je lise dans la foulée (entre un crash aérien et une tornade; oui, j’aime bien regarder le disaster-porn dominical qu’est La minute de vérité). Vous allez rire: il avait raison.

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Suppressed Transmission: les chapitres perdus

Vous avez sans doute dû remarquer au hasard d’un certain nombre d’articles que Suppressed Transmission de Ken Hite est un des suppléments de jeu de rôle que je tiens en la plus haute estime. À l’origine, une chronique mensuelle, puis hebdomadaire du magazine Pyramid traitant du surnaturel, d’histoire cachée, d’uchronie et de conspirations; bref, rien que du miam au sucre pour votre tonton Alias préféré.

Or, si ces deux volumes déjà sortis contiennent déjà une foule d’idées et de références sur de multiples sujets traités via le filtre de ces trois genres susmentionnés, il reste encore une masse de chroniques inédites. Or, le problème est qu’il semble que si je ne suis pas le seul à penser que ce sont des bouquins absolument géniaux, nous ne sommes pas spécialement nombreux dans ce cas ou, à tout le moins, nous ne sommes pas très nombreux à avoir concilié enthousiasme et action en passant à la caisse. En d’autres termes, les deux volumes ne semblent pas s’être très bien vendus.

Récemment, le petit monde rôliste anglo-saxon s’est relancé sur le truc, notamment via une série de fils de discussion sur RPG.net, un résumé de lecture et une spéculation sur les chapitres perdus en question, et quelques articles de blog qui ont fini par attirer l’attention de l’auteur lui-même. Je me permets donc de faire de même en espérant qu’à mon humble échelle, sur la zone francophone, je parvienne à inciter quelques-uns de mes lecteurs qui n’ont pas encore lu ces deux ouvrages de se précipiter chez leur fourgue habituelle pour les réclamer séance tenante.

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Braunstein, aux origines du jeu de rôle

Je me coucherai moins bête ce soir, grâce aux efforts combinés du blog Ars Ludi de Ben Robbins et de celui qui commente de temps en temps ici même sous le nom de Greg Pogorzelski (nom connu de la rédaction). En effet, par le biais d’un article maintenant assez ancien intitulé Braunstein: the Roots of Roleplaying Games, j’ai appris l’histoire de ce premier pas vers la notion de meneur de jeu et de personnage-joueur lancée par un wargamer de la vieille école, David Wesely.

Pour faire court, ce dernier a eu l’idée, en 1967, de faire jouer à ses joueurs habituels non seulement les commandants militaires, mais également des citoyens de la ville voisine, une cité prussienne fictive du nom de Braunstein. En ce faisant, il est sans doute devenu le premier MJ de l’histoire – sans le savoir, puisque le terme est apparu longtemps après. Dingue ce qu’on a pu faire comme conneries en 1967!

Lisez l’article, il est certes en anglais, mais il est passionnant pour qui s’intéresse – même de loin – à l’histoire du jeu de rôle. On y apprend que la première partie a été, du point de vue de son organisateur, un échec cuisant – sauf que ses joueurs en redemandèrent. On apprend également comment un certain Dave Arneson est devenu le premier PJ en s’investissant totalement dans son rôle de révolutionnaire sud-américain dans une version postérieure de Braunstein se déroulant dans une république bananière.

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“Et si la France avait continué la guerre…”

En ce 6 juin 1940, alors que l’armée française est encerclée en Belgique et recule presque partout ailleurs, un banal accident de voiture change la face de l’histoire. La mort de la comtesse Hélène de Portes, place de l’Alma, est le point de divergence choisi par les auteurs de Et si la France avait continué …

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La Deuxième Guerre mondiale, c’est pas crédible

Grand moment d’internetitude par le dé(sur)nommé squid314 qui, sur son compte LiveJournal, balance un des meilleurs compte-rendus jamais lus de ce côté-ci de la blogosphère. Le résumé de son intervention: la Deuxième Guerre mondiale est un des scénarios les moins crédibles jamais écrits pour une série télé. OK, c’est très con et probablement un peu offensant, …

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Archiver Internet

Hier, je suis allé à une conférence du Forum des Archivistes – Genève sur le projet Archives Web Suisse de la Bibliothèque nationale. Le projet consiste à archiver une sélection des quelques 1.4 millions de sites en .ch, en coopération avec les bibliothèques cantonales, et se résume pour le moment à un chiffre assez peu impressionnant d’une centaine de sites archivés.

“Jouer avec l’Histoire”

Je dois avouer avoir affiché un certain scepticisme vis-à-vis du projet “L’Atelier du jeu de rôle », dont le premier volume, Jouer avec l’Histoire, vient de sortir chez Pinkerton Press. L’idée d’écrire sur le jeu de rôle a un côté “nombrilisme pour Auteur Pédant” (™ Antonio Bay) dont l’utilité première m’échappait quelque peu.

La lecture de l’ouvrage a en grande partie dissipé mon scepticisme: Jouer avec l’Histoire est une fort intéressante collection d’articles sur l’écriture rôlistique et les termes qu’elle traîte et devrait intéresser tous les auteurs de jeux ou, plus modestement, de scénarios.

Le livres divisé en trois thèmes autour de l’Histoire: dans un premiers tiers, trois auteurs de jeux historiques (Te Deum pour un massacre, Pavillon noir et Maléfices) expliquent leur démarche. Les trois articles suivants explorent le jeu dans un contexte historique, alors que les trois derniers traitent des thèmes sensibles. Le tout est complété par des encadrés traitant de thèmes connexes ou revenant sur des points précis et une introduction présente l’ensemble du projet.

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Con comme un xénophobe

J’avais vu, sur un autocollant apposé ça et là dans les rues de Genève, “Les identitaires ont un petit zizi.” On ne peut pas vraiment dire que leur cerveau soit particulièrement développé non plus: déjà, il faut vraiment être du genre mou du bulbe pour être fier d’être né quelque part. Une preuve supplémentaire nous …

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“Worldwar”, la tétralogie de Harry Turtledove

Dans le vaste foutoir qu’est le genre science-fiction, il y a un style qui me branche particulièrement, c’est l’uchronie. C’est pourquoi, au détour d’une librairie à Kyoto, je me suis lancé dans la tétralogie Worldwar de Harry Turtledove, l’un des grands maîtres de l’histoire alternative.

En deux mots, une civilisation extra-terrestre débarque sur Terre avec l’intention de coloniser la planète. Problème premier: leurs infos ont huit cents ans de retard et ils n’avaient pas prévu que les autochtones évolueraient aussi vite. Problème second: ils débarquent en 1942.

On suit donc, dans la grande tradition du roman américain, une foultitude de personnages impliqués dans la guerre, en suivant la chronologie des combats; ainsi, on apprend souvent les conséquences d’une opération vécue par un personnage au travers des commentaires d’autres personnages, ce qui permet à l’histoire de se dérouler de façon assez fluide.

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“Le Jour des Barbares”, d’Alessandro Barbero

Sur les conseils avisés de Cuchulain, un habitué des mêmes forums rôlistes que moi, j’ai acheté et lu Le Jour des Barbares: Andrinople, 9 août 378, d’Alessandro Barbero. Le livre raconte une bataille mal connue et, pourtant, avec un impact considérable sur l’empire romain d’alors.

Tout commence par l’arrivée massive de réfugiés goths sur les frontières du Danube. Entre les Goths qui veulent fuir les Huns, les Romains qui essayent d’exploiter la situation (la main d’oeuvre goth est très appréciée) et les officiels corrompus sur place, la situation dégénère assez rapidement. Un groupe de Goths se met à piller les régions alentours et l’armée romaine qui est envoyée pour les arrêter se fait anéantir, causant la mort de l’empereur Valens.

Mais le livre revient également sur l’état de l’Empire romain de l’époque, cassant le mythe d’une nation en déclin (ce n’est plus le cas depuis la fin du IIIe siècle), ainsi que ses interactions avec les “barbares”. Parce qu’en fait, ces méchants barbares qui menacent les frontières de la civilisation romaine sont souvent “romanisés”: beaucoup d’entre eux vivent et travaillent dans l’empire, comme travailleurs agricoles ou comme soldats et certains font même carrière politique.

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1940: La France continue

Ça fait plaisir que je ne suis pas le seul à m’intéresser à des uchronies autour de la Seconde Guerre mondiale! Cela dit, là, je crois que je suis tombé sur une grosse bande de furieux: plusieurs groupes de chercheurs et d’étudiants en stratégie se sont lancés dans une simulation de ce qu’aurait été la …

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“Le long dix-neuvième siècle”, d’Eric Hobsbawm

La lecture de cet hiver a été pour moi la “trilogie”, dite du “long dix-neuvième siècle”, par Eric J. Hobsbawm: The Age of Revolution, The Age of Capital et The Age of Empire. Ce n’est pas de la fiction, mais de vrais bouquins d’histoire bien carrés, un panorama synthétique de la période 1789-1914.

J’avais déjà lu, de cet auteur, son histoire du “court vingtième siècle”, intitulé L’Âge des Extrêmes; cette trilogie la précède (comme il se doit) et on y retrouve pas mal des traits communs de Hobsbawm: beaucoup de statistiques, pas mal de citations (souvent assez obscures, mais qui posent bien l’ambiance), un langage pas forcément évident, mais très agréable à lire et pas dénué d’humour (so British…). On notera aussi que l’auteur se définit volontiers comme un historien marxiste, il ne faut donc pas trop s’étonner des quelques élans de sympathie gauchiste qu’on y trouvera.

Mais, à mon avis, tout ça n’enlève rien à la valeur des ouvrages, qui couvrent la période de la façon la plus globale possible, touchant à toutes les facettes de la période: économie, politique, social, idées, arts. C’est là sa grande force.

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