En Suisse, on vote souvent. Il y a certes des élections, mais il y a aussi ce que l’on appelle des “votations”, des référendums qui déboulent en général par paquets de quatre ou cinq, plus s’il y a aussi des sujets cantonaux en prime. On le sait assez vite quand fleurissent des affiches à caractère politique.
J’ai constaté à ce sujet une tendance assez intéressante: sur certains sujets, on a droit à des campagnes très agressives par voie d’affichage publicitaire “classique”. C’est très intéressant, parce que, le plus souvent, ça m’indique sans trop d’équivoque de quel côté penchent ceux qui ont de la thune.
Parce qu’il ne faut pas se faire d’illusion: une campagne d’affichage publicitaire, au niveau national, ça coûte un paquet de pognon – de l’ordre du million de francs suisses. Du coup, ce sont plus souvent les plus friqués des groupes d’influence qui peuvent se le permettre.
Et encore, je ne parle ici que des affiches, pas des campagnes publicitaires dans d’autres médias. Je ne lis pour ainsi dire pas les journaux locaux – principalement parce que je les trouve globalement médiocres – mais, de mes souvenirs, on avait également droit à ce matraquage publicitaire.
La bonne nouvelle, c’est que ça ne fonctionne pas à tous les coups. Récemment, dans ma commune (et dans d’autres du canton), on a vu le mouvement xénophobe local se livrer à une débauche d’affichage digne des concours “ma binette partout” du Canard Enchaîné – je ne crois pas exagérer en disant qu’une affiche sur trois comportait la tronche des zozos en question – pour un résultat final quasi-nul.
Du coup, la précocité d’affichage est devenu pour moi un excellent indicateur: plus un sujet est soutenu tôt et massivement, plus il plaît aux milieux économiques – avec un bonus si les affiches proviennent d’organisations ad hoc, genre comité de soutien créés pour l’occasion.
Ça ne veut pas systématiquement dire qu’ils sont mauvais en soi, mais mon gauchiste intérieur a tendance à s’en méfier d’autant plus. Cela peut s’avérer assez pratique lorsqu’un des sujets est très technique, ce d’autant plus que les intitulés ont une fâcheuse tendance à être contre-intuitif (genre, voter pour l’initiative qui est contre quelque chose).
En plus du “qui, pourquoi, comment”, le “quand” est également un facteur dont il faut tenir compte quand on veut appréhender les médias un peu intelligemment. Surtout quand ces médias ont la prétention de vous dire comment voter.
(Image: Chalais 16 Panneaux d’affichage 2013, par JLPC via Wikimedia Commons, sous licence Creative Commons, partage dans les mêmes conditions CC-BY-SA)
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