Et si, une fois pour toute, on faisait taire tous les semi-cérébrés qui prétendent sans distinction (ni jugement) que le téléchargement tue la musique? Prenons par exemple le groupe de métal progressif français Anasazi et son tout nouvel album Playing Ordinary People, disponible gratuitement sur leur site. Oui, tout l’album et oui, gratuitement. Et vous savez quoi? En plus, il est bon!

C’est leur cinquième album (ce qui n’empêche pas que je n’en avais jamais entendu parler) et ça se sent: Anasazi, qui évolue entre rock progressif pur et métal progressif, sait de quoi il parle et produit une musique pêchue et maîtrisée, avec un chant en anglais qui tient la route. C’est tant mieux, parce que le chant est souvent le gros point faible des groupes de prog en général et des français en particulier.

Playing Ordinary People passe aisément d’un “Welcome to the Show” limite pop à l’intro d’un “Jeopardize” qui mord; les transitions entre les morceaux sont travaillées et l’album s’écoute presque d’une traite. On retrouve, d’un bout à l’autre de Playing Ordinary People une ambiance mélancolique ponctuée d’estraits audios, émissions de télé ou de radio, ou monologues introspectifs, qui sert l’ambiance générale de l’album, très raccord avec la pochette vintage.

Si je devais faire un reproche – parce que si je ne fais pas de reproche, d’une part on va m’accuser d’être un vendu (aux albums gratuits, pourquoi pas?) et, d’autre part, mon moi trollesque s’étiole et dépérit et ensuite je suis gentil sur les forums (et personne n’a vraiment envie de cela) – c’est ma foi le même qu’à la plupart des albums de métal progressif: ce n’est pas vraiment de l’original.

Certes, mais c’est très, très bien fait et pour un “This Ain’t Over” un peu convenu ou un “Welcome to the Show” pop-prog, on a un puissant “Something’s Wrong” avec une intro au clavier qui dépote, un “Silently” torturé, le sombre “Shame” et surtout “What If”, culminant à près de seize minutes, morceau-fleuve remarquable d’atmosphère et de maîtrise, accompagné de vocaux féminins.

Playing Ordinary People, c’est donc douze morceaux, septante minutes de métal progressif le tout pour zéro kopecks; avec Anasazi, on n’est pas volé! Que cela ne vous empêche pas de leur glisser un petit don en remerciement pour ce fort bel album.

(Même si, en vrai, le très gros défaut de l’album est que les titres des fichiers MP3 sont tout en minuscule. Grmbl.)

Stéphane “Alias” Gallay, graphiste de profession, quinqua rôliste, amateur de rock progressif, geek autoproclamé et résident genevois, donc grande gueule. On vous aura prévenu.

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