Asia: Omega

Avec son nouvel album, OmegaAsia est de retour! Bon, d’accord, malgré ses presque trente ans d’existence, le supergroupe le plus connu de la planète prog n’était jamais vraiment parti, mais on ne peut pas vraiment dire que l’équipe précédente, qui avait commise le calamiteux Silent Nation (je n’ai pas encore écouté Phoenix, paru en 2008) était le meilleur exemple d’un groupe au sommet de son art.

Pour être très honnête, Omega non plus, mais avec le retour aux manettes de l’équipe originelle – Steve Howe (Yes) à la guitare, John Wetton (UK, King Crimson) à la basse, Geoffrey Downes (The Buggles, Yes) aux claviers et Carl Palmer (ELP) à la batterie (plus Roger Dean pour la pochette) – signifie également un retour aux sources et à un prog léché flirtant avec le hard-FM.

Cet aspect “retour vers le futur” a un côté à la fois amusant et agaçant. Amusant parce que j’ai beau me dire un anti-nostalgique de première bourre, Asia a été un des groupes-phares de mes années 1980 à moi. Et de ce point de vue, un album qui attaque avec des morceaux comme “Finger on the Trigger” rappelle forcément des bons souvenirs. Agaçant, parce que si j’achète un album sorti en 2010, ce n’est pas (que) pour me rappeler de bons souvenirs d’il y a trente ans.

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Kaipa: In the Wake of Evolution

Pour un peu, j’aurais pu complètement passer à côté du nouvel album de Kaipa, intitulé In the Wake of Evolution. La faute à une précédente expérience avec ce groupe de rock progressif suédois: l’album Angling Feelings m’avait laissé des sentiments mitigés – entendez par là que je suis longtemps demandé s’il était juste médiocre ou pas bon du tout. Je ne crois pas l’avoir chroniqué à l’époque, ce qui donne une assez bonne idée de mon impression générale.

La morale de cette chronique est qu’il faut toujours laisser une seconde chance aux gens en général et aux groupes de rock progressif en particulier. Surtout s’ils ont signé chez InsideOut, label qui n’a pas exactement pour habitude de produire des bouses. Dans le cas présent, cette seconde chance m’a permis de découvrir un très bon album de rock progressif, à mi-chemin entre le prog classique et le néo-prog, avec des grosses influences classic rock à la Queen.

Il faut dire que les p’tits gars de Kaipa, ce ne sont pas exactement des perdreaux de l’année. Un indice sérieux est apporté par le titre d’une compilation: The Decca Years 1975-1978. Ça pose quelque peu son groupe, une référence de ce calibre! À vrai dire, ça se sent également: si la musique de Kaipa lorgne sérieusement du côté d’un néo-prog festif à la Pendragon mâtiné de Queen, on sent également la grosse influence Yes qui déboule dès le premier morceau de l’album,”In the Wake of Evolution” — comme par hasard au moment où le refrain affirme “We’re getting closer to the edge”… On a connu des clins d’œil moins appuyés.

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Big Big Train: The Underfall Yard

Dans la grande et longue série des noms de groupes débiles, il est difficile de trouver des concurrents de la trempe de Big Big Train, groupe de rock progressif anglais. Comme c’est assez mesquin de se moquer du nom des gens et des groupes, surtout quand on a un patronyme comme le mien, je vais arrêter là et m’intéresser plutôt au contenu de leur nouvel album, The Underfall Yard.

The December People: Sounds Like Christmas

Cette chronique met en lumière trois évidences: d’une, il faut s’appeler Alias pour chroniquer un disque de chansons de Noël le jour de l’Épiphanie; de deux, il faut également s’appeler Alias pour avoir ne serait-ce qu’entendu parler de cet ovni musical – ça tombe bien, dans ces deux cas: je m’appelle Alias. De trois, je suis une vraie madeleine, parce que c’est en entendant à La Citadelle une compile de chansons de Noël enregistrée par une tripotée de gros métaleux que je me suis souvenu de cet engin.

(Oui, j’ai bien conscience qu’avec une telle intro, je viens de réduire mon lectorat potentiel à quatre personnes, moi-même compris.)

Or donc, Sounds Like Christmas, des December People, groupe éphémère car créé pour le seul enregistrement de cet album. À l’origine, des pointures comme Robert Berry (connu pour ses collaborations avec Keith Emerson et Carl Palmer, excusez du peu, et la production de quelques albums “Tribute To…”), Steve Walsh (Kansas), John Wetton (Asia) ou Trent Gardner (Magellan et un demi-million de projets annexes). Au final, treize chants de Noël – okay, douze chants et un poème de Noël – à la façon de.

De quoi, au fait? On commence un “Carol of the Bells” Yessien en diable, suivi par “We Three Kings of Orient Are” que j’ai longtemps cru être inspiré par Toto alors que c’était du Sting. “Silent Night” sonne comme Pink Floyd, “What Child Is This?” fait remonter des souvenirs de Genesis période “The Lamb Lies Down on Broadway” et “Little Drummer Boy” fait plus ELP qu’ELP eux-mêmes.

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Astra: The Weirding

Théoriquement, la notion de rock progressif devrait inclure l’idée de progrès, de vision tournée vers l’avenir et de modernité. Mais, de même que “l’art moderne” n’est plus très moderne, le rock progressif a une fâcheuse tendance à plus se tourner vers un passé glorieux que vers un avenir incertain, témoin The Weirding, premier album des Américains d’Astra.

Je vais être une fois de plus méchant et dire que tout, dans cet album, sent le vieux: de la pochette style Roger Dean des premières années à la musique, qui elle aussi emprunte beaucoup au Yes du début des années 1970 (elle leur emprunte tellement que je me demande si elle aura un jour les moyens de le leur rendre), jusqu’à la production qui, elle aussi, fait style-genre.

Dans l’absolu, ce genre de choses a tendance à m’agacer fichtrement, mais là, je dois avouer que toute considération passéiste mise à part, il y a chez ces p’tits-jeunes-qui-débutent une énergie et une virtuosité qui devrait leur attirer le respect de leurs aînés.

Car Astra ne se contente pas (enfin, pas seulement) de repomper les standards du progressif dinosaurien inférieur, ils y ajoutent une touche personnelle qui est, soit très originale, soit inspirée de tellement de sources différentes que ça revient au même. Comme en plus les musiciens ont clairement les moyens techniques de leurs ambitions, cela donne des compositions qui sont largement à la hauteur.

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Eureka: Shackleton’s Voyage

Tiens, c’est rigolo: j’ai récupéré ce Shackleton’s Voyage du groupe allemand Eureka il y a près d’un mois et j’ai totalement oublié de le glisser dans une playlist, ce qui fait que j’ai également oublié de l’écouter jusqu’à ce jour. Rigolo et pas très malin, mais passons. C’est surtout un peu dommage, parce que je …

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Sigur Rós: Með Suð Í Eyrum Við Spilum Endalaust

Cet album est un défi. D’une part, pour le support unicode de WordPress, parce qu’écrire Sigur Rós: Með Suð Í Eyrum Við Spilum Endalaust, ça n’est pas évident (si peu évident que j’ai fait du copier-coller). Pour ceux qui se posent la question: c’est de l’Islandais et ça veut dire “avec un bourdonnement dans les oreilles, nous jouons sans fin”. Concept, hein?

Comme si ça ne suffisait pas, voici le deuxième défi: catégoriser cet album, qui date de 2008. À première vue, on dirait du rock progressif, version années 1970 baba-cool, patchouli et chemise indiennes (avec en plus la pochette qui va bien dans le ton), pour ceux qui trouvent que Yes, c’est trop brutal; certaines parties font penser aux premiers albums de Mike Oldfield ou aux bouts déprimants de Pink Floyd. Il y a également des accents pop-rock british plus contemporaine, ainsi que des éléments post-rock. Un chant au ton faussement enfantin, en Islandais, vient compléter l’ensemble. On a déjà vu plus simple.

Dernier défi: est-ce que j’aime ça? Je vais être franc: je n’en sais rien. Tout ce que je peux dire, c’est que je ne déteste pas et que je trouve même certains morceaux très chouettes; dans l’ensemble, cet album passe bien. Mais ma doué ce qu’il est bizarre! On a vraiment l’impression d’écouter un truc d’un autre temps, échoué complètement par hasard dans le mauvais rayon du magasin de disques – et, en même temps, c’est très moderne.

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Abacab: Mal de Terre

Un des plus gros problèmes du rock progressif, c’est qu’il trimbale un héritage historique lourd; à ce stade, en fait de passé, on devrait plutôt parler de passif. Beaucoup de groupes font référence, parfois lourdement, à des Grands Anciens, comme Yes, Genesis, Pink Floyd ou même (chez les prog-métaleux) Dream Theater. Dans le cas du rock progressif français, il faut ajouter Ange.

Ce préambule pour vous parler de Mal de Terre, dernier album en date du groupe de rock progressif français Abacab (né Contresens), qui réussit l’exploit de combiner deux héritages: Genesis (pour le titre) et Ange (pour le style) – voire trois, en comptant l’influence Dream Theater dans certains passages.

Des trois, c’est clairement Ange qui prédomine. Ça ne serait pas gênant si au moins 80% de la production de rock progressif francophone ne partageait cette même inspiration (citons rapidement des groupes comme Éclat ou Galaad; même Lazuli est dans ce cas).

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The Tangent: Not As Good As the Book

Je viens de finir, non pas le dernier album des prog-pasticheurs The Tangent (qui tourne sur ma playlist depuis plus d’une semaine), mais la grosse nouvelle illustrée de science-fiction qui allait avec le CD “Not As Good As The Book”. Ni l’un ni l’autre ne révolutionneront le genre et je pense même que l’album est un …

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Glass Hammer: Culture of Ascent

Que je vous explique: vous allez voir pas mal de ces mini-critiques, parce qu’à Paris, j’ai profité du séjour pour sérieusement piller le rayon prog du magasin qui sonne comme un croisement entre Gibet et Bébert. Parmi les bidules que j’ai ramené, le dernier album de Glass Hammer, “Culture of Ascent”. À la première écoute, ça …

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Starcastle: Song of Times

Les groupes de prog ne vieillissent pas: ils engagent juste de meilleurs producteurs. C’est la réflexion que je me suis fait en écoutant Song of Times, le dernier album de Starcastle. Il s’agit d’un groupe américain, dont les débuts remontent au milieu des années 70 et qui a pondu quelques albums avant de complètement disparaître des radars …

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