“The Windup Girl”, de Paolo Bacigalupi

Si vous voulez de la science-fiction exotique, pas besoin de faire des milliers d’années-lumière ou des milliers d’années tout court: il suffit de se plonger dans The Windup Girl, le roman de l’Américain Paolo Bacigalupi, qui se déroule dans une Thaïlande de l’après-pétrole (Wikipedia parle de XXIIIe siècle, mais le livre ne cite aucune date précise).

Le pays est une exception sur une planète ravagée par les pandémies, les expérimentations génétiques ratées et le bio-terrorisme: une terre où les “monopoles caloriques” – les grands groupes agro-alimentaires qui tiennent le monde par la faim – font la loi, si nécessaire en créant des pénuries et des catastrophes. Les monopoles n’aiment pas les exceptions.

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“The Quantum Thief”, de Hannu Rajaniemi

La servante transhumaine d’une semi-divinité, son vaisseau cristallin intelligent et un voleur aux multiples copies quantiques rentrent dans un bar… Bon, dans The Quantum Thief, de Hannu Rajaniemi en fait de bar, Mieli, Perhonen et Jean le Flambeur (le trio, donc) commence déjà par s’échapper d’une prison stellaire, puis se dirigent vers Oubliette, la cité mobile de Mars, à la recherche de la mémoire du voleur. C’est déjà pas mal, mais ce n’est que le début.

Dit comme ça, le roman ne sonne pas exactement comme étant facile d’accès. Il ne l’est pas réellement : les premières pages, constellées de jargon, ne sont pas évidentes à appréhender, mais le génie de l’auteur consiste à nous décrire des scènes où les différents concepts et gadgets ne forment qu’un décor exotique à une action trépidante.

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Deus Ex: Human Revolution

Bon, maintenant que j’ai fini Deus Ex: Human Revolution, sorti sur Mac tout récemment, je vais pouvoir télécharger Diablo III. Comme ça va prendre une certain temps, je vais quand même vous parler un peu de ce jeu (Deus Ex, donc, je précise pour ceux qui n’auraient pas lu le titre de cet article; ne riez pas: ça arrive).

Pour simplifier, disons qu’il s’agit d’un jeu de tir à la première personne dans un univers futuriste de type cyberpunk à l’ancienne: nuit permanente, pollution, misère urbaine et corporations en roue libre. Vous voyez le genre: c’est le genre d’univers dans lequel les rôlistes des années nonante se reconnaîtront.

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Bonne nouvelle: l’avenir est sombre

En général, quand un auteur de science-fiction nous parle de l’avenir, c’est souvent soit pour nous dépeindre une utopie progressiste, soit pour nous avertir que ça va craindre sec. John Shirley, sur io9.com, propose une vue plus contrastée avec sa présentation The Next 50 Years: Why I’m Optimistic Because Everything Will Be Terrible.

L’avenir qu’il nous décrit n’a pas grand-chose pour nous réjouir: diminution drastique des ressources, changements climatiques massifs, avancées technologies accaparées par une élite ayant accès à des techniques médicales qui pourraient la rendre potentiellement immortelle (au prix de son empathie, en plus) – un avenir à la Transhuman Space, mais en moins drôle (sans l’infosocialisme, par exemple).

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Soixante-cinq milligrammes: Charles Stross et l’avenir

Je vous ai déjà parlé de Charles Stross, auteur – entre autres – d’Accelerando, Halting State et la série de The Laundry. Je vous conseille d’aller lire son discours lors de la conférence USENIX 2011, intitulé Network Security in the Medium Term, 2061-2561 AD.

Bon, le titre est un peu une arnaque en ce sens qu’il parle très peu de sécurité informatique, mais beaucoup plus de futurologie et de prévisions à peu près réalistes sur les 50-550 ans à venir. Mais il en parle bien – c’est Charles Stross, quand même – et donne deux-trois pistes très intéressantes.

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“Black Man”, de Richard K. Morgan

Un des effets secondaires de mon récent engouement pour LibraryThing est que je me suis aperçu que j’avais depuis bientôt un an (je l’avais reçu à Noël) Black Man, le dernier roman de Richard Morgan, sans l’avoir lu. C’est malin.

Pour situer, Richard Morgan est l’auteur de la trilogie Altered Carbon / Fallen Angels / Woken Furies et j’ai un peu l’impression que cette histoire d’anticipation aux relents post-cyberpunk et transhumaniste se situe dans le passé de cette trilogie – un peu comme un autre ouvrage isolé, Market Forces.

À l’aube du XXIIe siècle, Carl Marsalis est un humain dont le génome artificiellement modifié fait de lui un monstre aux yeux de la société d’alors. Son boulot: chasser les “monstres” comme lui; c’est pourquoi une agence gouvernementale fait appel à lui – et le sort d’une prison floridienne – lorsqu’un de ses congénères revient illégalement des colonies martiennes et commence à massacrer allègrement des gens sur le territoire nord-américain.

Mélangeant les thèmes du techno-thriller, de la science-fiction et du policier, Black Man n’est pas un bouquin banal et, dans son genre, il est très bien. Bon rythme, écriture soutenue, une trame qui n’est pas vraiment prévisible, des protagonistes raisonnablement originaux dans une univers presque crédible.

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“Down and Out in the Magic Kingdom”, de Cory Doctorow

Cory Doctorow est un auteur que j’apprécie pour ses écrits sur le site BoingBoing et, souvent, pour ses prises de position sur des domaines tels que la sécurité, la liberté et les droits fondamentaux. Je l’avais déjà découvert comme romancier avec Little Brother, chroniqué ici-même l’année passée (ha! ha! on peut désormais dire “l’année passée” pour 2009!) et, pour le coup, je me suis fait offrir tous ses romans à Noël.

J’ai commencé par Down and Out in the Magic Kingdom (“Dans la dèche au Royaume Enchanté” en français), ce qui n’est probablement pas le bon ordre chronologique, mais tant pis. Le roman suit Jules, un p’tit jeune de moins de cent ans qui, en cette fin de XXIe siècle qui a vu la fin de la rareté, de l’argent et de la mort elle-même, réalise enfin son rêve de vivre à Disney World. Oui, le Disney World, en Floride. Tout va bien, jusqu’au jour où il est assassiné (ce qui en soi n’est pas très grave: il est cloné et ses connaissances régulièrement mises à jour) et que, dans le même temps, une bande de concepteurs rivaux tentent de mettre la main sur son attraction préférée.

Je soupçonne qu’à sa sortie, en 2002, l’univers décrit dans Down and Out in the Magic Kingdom devait être à la pointe du courant transhumaniste, avec la Culture de Iain Banks, L’Âge du Diamant de Neal Stephenson et quelques autres fondus de la même eau. Depuis, les principes qui s’y étalent ont été repris et, si je puis dire, banalisés. Il n’empêche que, plus que les personnages eux-mêmes, c’est la “société Bitchun” – où la réputation, ou “whuffie” a remplacé l’argent – qui est au centre de l’histoire.

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“Engines of Light”, de Ken MacLeod

Au cours du XXIe siècle, une station spatiale euro-soviétique annonce un premier contact avec une entité extra-terrestre. La nouvelle sème un certain souk sur une Terre en proie à une nouvelle Guerre froide depuis que l’URSS est revenue d’entre les morts géopolitiques et a pris le contrôle de l’Europe: espionnage, propagande, pressions et trahisons fusent …

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« Accelerando », de Charles Stross

Bon, j’ai enfin fini Accelerando, de Charles Stross (disponible sur le site en téléchargement gratuit, pour ceux qui n’aiment pas les arbres morts) et je reste sur une impression mitigée. J’ai l’impression que l’auteur a voulu faire le roman transhumaniste pour tuer tous les romans transhumanistes et qu’au final, ça ressemble plus à un exercice de style qu’à une réelle histoire.

Le problème est que ce genre de plan me laisse quelque peu froid: on perd assez rapidement contact avec quoi que ce soit de familier et il y a plusieurs moments où j’ai zappé des paragraphes entiers, parce que je n’arrivais même pas à comprendre ce qui se passait. Ajoutez à ça une quasi-Fin Scoubidou et vous aurez une idée de mon agacement.

Cela dit, il y a d’excellentes idées, surtout dans la première moitié du bouquin (quand ça reste à peu près accessible) et l’auteur a un style qui sait être plaisant. À ceci près qu’il faut quand même avoir son doctorat en geekitude non-euclidienne pour comprendre des références telles que “slashdotted” ou “killfile”.

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Iron Man: Hypervelocity

En général, je n’aime pas les comics de superhéros, à de rares exceptions près (Watchmen, The Authority et quelques autres). J’ai pourtant ramassé Iron Man: Hypervelocity et, soyons clair: ça déchiquete! C’est le nom d’Adam Warren (Dirty Pair, Grunge: The Movie, etc.), au scénario et au découpage, qui m’a attiré et… la vache!

L’histoire, qui peut paraître anecdotique face au déferlement de combats à haute vitesse et d’armes de destruction massive, est néanmoins bien tordue: à la suite d’une attaque sur son labo, le nouveau prototype d’armure d’Iron Man s’enfuit toute seule, avec une partie de la personnalité de son créateur, Tony Stark. On a donc une armure vide, qui contient une persona artificielle incomplète et, qui plus est, est attaquée de l’intérieur par un virus qui prend les traits d’un fantasme masculin.

Le titre ne ment pas: ça va à Mach beaucoup, avec tous les fétichismes habituels de Warren: ultratechnologie militaire, transhumanisme et intelligences artificielles, gros logos lumineux, créatures hypersexuées, bagarres survitaminées et humour décalé à base de références geek et pop-culture. En plus, non content d’être une course-poursuite spectaculaire, l’histoire reste lisible. Adam Warren maîtrise clairement son sujet.

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