“Les Boissonnas”, de Nicolas Bouvier

Lentement, mais sûrement, je suis en train d’arriver au bout de l’œuvre de Nicolas Bouvier; Les Boissonnas, ouvrage de commande sur une dynastie de photographes genevois, est un des derniers que je n’avais pas encore lus.

Le fait est que, pour un ouvrage de commande, il est écrit avec une quantité presque déraisonnable d’enthousiasme par un Nicolas Bouvier qui, à cette époque, a déjà la plupart de ses voyages derrière lui. On sent un peu le retour aux sources d’un auteur qui se replonge dans la Genève de son enfance et, à travers la famille d’un photographe qu’il a appris à connaître via son dernier représentant (en nom, tout au moins), Paul.

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La Horde de Barbarie X

La Horde de Barbarie, c’est la convention en bas de chez moi. Presque littéralement, d’ailleurs, puisqu’elle a lieu au Grand-Lancy, un bled à deux bornes en contrebas de là où j’habite, sur une ligne directe de bus, en plus. Tout ceci pour vous dire que je n’avais à peu près aucune excuse pour ne pas y aller, même si c’est techniquement ma troisième conv’ en autant de week-end, après Cannes et Bagneux.

Bon, par contre, ce n’est pas exactement le même calibre d’événement: La Horde, organisée par un des clubs genevois, squatte une (petite) salle communale, qu’elle partage entre deux stands et une vingtaine de tables, répartis entre rôlistes et amateurs de jeux de plateau. Gros défaut, du coup: on est un peu les uns sur les autres, même si, objectivement, la salle était un peu vide. Pénurie de MJ, de ce que j’ai compris.

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Il n’y a pas de plan B

Ayé, l’Apocalypse TPG m’a rattrapé! J’ai passé aujourd’hui plus d’une heure en plus dans les transports en commun. Oui, ces temps-ci je prends le tram et le bus, parce que le vélo par temps de glace, c’est sans moi.

Ce n’est cependant pas pour me plaindre des transports publics genevois que j’écris ce billet. Au reste, ils n’ont pas grand-chose à voir dans l’histoire: le retard était dû à la rupture d’une canalisation d’eau au centre-ville.  Et c’est là où je veux en venir.

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“Mon dictionnaire de Genève”, d’André Klopmann

Je rassure tout de suite les autres: il n’est pas nécessaire d’être genevois pour apprécier ce sympathique petit bouquin qu’est Mon dictionnaire de Genève, signé André Klopmann. Certes, ça aide quand même un peu de connaître la ville et son histoire, mais ce dictionnaire contient son lot de perles accessible à tout un chacun. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle, parce que des “vrais” Genevois, il y en a somme toute assez peu à Genève (et pas beaucoup plus ailleurs non plus, en fait).

Éclectique, forcément biaisé et impertinent, son sous-titre le résume fort bien: “De A comme Ador à Z comme Zep.” On y trouve donc autant des notices biographiques sur des grands personnages historiques, certains mondialement connus (sauf, parfois, à Genève même), que des notes sur la culture populaire contemporaine, comme Le Beau Lac de Bâle ou Zep (ce dernier réussissant à être à la fois mondialement connu – même à Genève – et représentant de la culture populaire).

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Qui a peur du grand méchant Vert?

Dimanche prochain (bon, techniquement avant ça, puisqu’à peu près tout le monde vote par correspondance, mais dimanche est la date officielle), les Genevois vont voter sur cinq objets cantonaux, dont deux à connotation écologiste qui, je dois l’avouer, me laissent perplexe tout en illustrant assez bien un des problèmes actuels de l’écologie. Le premier projet concerne l’établissement d’un “éco-quartier” sur les terrains agricoles des Cherpines et le second, une initiative populaire pour la promotion de la “mobilité douce” (cycles et piétons).

Le premier cas met en lumière un des problèmes principaux et récurrents du canton: le manque de logement. Pour ceux qui ne connaissent pas Genève, c’est un petit territoire très urbanisé (plus de 450 000 habitants dans 280 km2) et quasi-entièrement enclavé; donc, construire des logements est en théorie une Bonne Chose. En pratique, le projet ferait disparaître près de 60 hectares de terres agricoles très fertiles et inclut également une zone industrielle; bonjour l’éco-quartier! Du coup, les écolos et les paysans râlent, tandis que les partis de droite dénoncent ces salauds de Khmers verts qui empêchent les Genevois de trouver du logement.

Le second est un peu différent car il s’agit d’une initiative populaire, objet référendaire qui par nature fait rarement dans la demi-mesure. Il demande que toutes les routes principales et secondaires du canton soient aménagées avec des pistes ou des bandes cyclables et que des aménagements pour les piétons. Objectivement, cette initiative est un tantinet irréaliste et ses opposants ont là encore beau jeu de dénoncer le méchant lobby écolo qui veut bannir les substituts phalliques voitures du canton, tout en soulignant qu’il y a déjà beaucoup de pistes cyclables dans le canton, ce qui est vrai.

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La Horde de Barbarie 2010, partie en petit comité

Deuxième week-end de convention de suite: après Sion, me voici au Grand-Lancy pour la neuvième édition de la Horde de Barbarie. Du coup, c’est un peu plus proche de chez moi, genre une demi-heure à pied. Là encore, ce n’est pas exactement le gros raout qui remplit des palais des congrès, mais plutôt une conv’ de club de format très honorable, avec une vingtaine de tables dans une salle communale.

Par rapport au précédent opus, changement d’horaire: on passe de la saison des conventions du printemps à celle d’automne. On passe également d’une grosse salle pleine à craquer et fort bruyante à deux salles, dont une réservée aux rôlistes et plus calme (à part les hurlements de Cuchulainn et ses joueurs).

Par contre, ce qui ne change pas, c’est que je me retrouve à faire une partie avec deux joueurs.

C’est marrant, parce qu’à peu près à chaque fois que je joue “L’héritage”, je me retrouve avec une conclusion originale. Bon, il faut aussi dire que, quand on a deux joueurs, ça implique un choix limité dans les compétences et, du coup, des combinaisons variables par rapport à mes prétirés. À Sion, les personnages étaient un baroudeur et un informaticien, cette fois-ci un animal social et un gosse des rues; forcément, ça change la donne.

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Le Marathon des Gnomes

Hier soir, je suis allé faire un saut au Marathon des Gnomes, une mini-convention organisé par le club genevois des Gnomes ludiques (“gnolus” pour les intimes). Le Marathon des Gnomes, c’est quarante heures de jeu non-stop dans les locaux du club, non loin du Musée d’histoire naturelle, ouvert à tous: jeu de plateau, wargame, jeu de rôle. Un évènement qui mériterait plus de visibilité et peut-être aussi un espace plus convivial.

C’est pour moi l’occasion de retrouver des gens avec lesquels j’ai joué il y a longtemps (du genre à se souvenir de Tigres Volants avant la première édition) et que je ne vois plus que rarement. À l’occasion, ça me permet de faire quelques parties de jeux de plateau sympas.

Cette année, j’ai enfin pu y faire une partie de Tigres Volants; je m’améliore: l’année passée, je n’avais pas trouvé de joueurs et, celle d’avant, j’avais carrément raté l’horaire et m’étais pointé, la bouche enfarinée, après la fermeture. J’ai donc joué le désormais habituel scénario de “L’héritage”, celui qui est en quelque sorte l’intro de la campagne lupanar.

Quand on est déhemme en convention, c’est toujours un peu la loterie: on ne sait jamais sur quel genre de joueurs on va tomber. Je devrais presque dire “sur quel genre de cas social on va tomber”, mais comme on parle de rôlistes, c’est un peu redondant. Du coup, j’ai eu droit à une belle brochette d’excités, le genre de jeunes joueurs qui considèrent que l’intégralité du scénario n’est qu’un immense punching-ball défoulatoire pour trop-plein d’hormones juvéniles.

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Djizoes: Ichi Ten Dai

On dit que nul n’est prophète en son pays; je suppose que c’est particulièrement vrai pour le trio de métalleux genevois Djizoes, qui se prononce précisément “Jesus” à l’anglaise et qui vient de sortir son deuxième album, Ichi Ten Dai sur un label japonais (Outbreak Records). Avec une telle entrée en matière, je suppose que vous allez croire que je me fous de votre gueule, c’est pourtant la pure exacte vérité.

Si cet album devait avoir un maître-mot, ce ne serait sans doute pas “subtilité”: la musique de Djizoes, c’est du gros métal qui tache, à mi-chemin entre le hard rock sudiste et le nu-métal, avec quelques touches de prog façon Tool (“Pocket Kings”). Des morceaux comme “Billy the Winner”, “The Machine”, “Culbutos” ou l’excellent “The World is Undersized” (de près de neuf minutes), pour ne citer qu’eux, transpirent beaucoup de choses, mais pas vraiment la délicatesse.

À vrai dire, le titre de l’album lui-même, s’il doit pouvoir se traduire en quelque chose comme “la brigade de la maison numéro un”, peut également se comprendre “Eat Shit and Die” – qui, comme par hasard, se trouve être le titre de l’avant dernier morceau de l’album. Une balade, d’ailleurs. Ça ne s’invente pas!

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Le parti de la peur

Finalement, si les résultats des votations fédérales de ce dimanche nous apprennent quelque chose, c’est bien une image actuelle de la Suisse: les Musulmans, c’est le Mal, les ventes d’armes, c’est Bien.

Autant dire que ce n’est pas exactement l’image que je me fais du pays dans lequel je vis – encore qu’on pourrait m’opposer que je vis à Genève et pas en Suisse, pas la même chose…

Isis à Genève

Isis Genève 08

J’en ai tellement pris plein les oreilles hier au concert d’Isis au Kab de l’Usine de Genève que je dois résister à la tentation d’écrire en gras et en majuscule. Ça, plus le fait que c’était un putain de bordel de nom de bleu de concert qui dépote!

Je dois avouer que je ne m’y attendais pas: je voyais Isis comme un groupe de post-rock presque comme les autres, avec quelques guitares râpeuses, un chanteur qui alterne growl et vocaux “propres” et c’est un peu tout.

Monumentale erreur! Isis, c’est un rouleau compresseur conduit par un colibri, un astéroïde façonné comme un œuf de Fabergé, un bombardement stratégique composé par Vivaldi. C’est un mur de son qu’on se prend en pleine face et, juste avant l’impact, on s’aperçoit que chacune des briques est une mosaïque représentant une fresque avec la finesse d’un grand maître flamand.

Je pourrais continuer longtemps avec les images foireuses, mais, pour résumer, c’est un putain de groupe de métal avec trois guitares en façade qui alterne des plages de pure brutalité et des moments de grâce musicale – un peu comme le chanteur et son style growl et propre. Mention spéciale au batteur, absolument prodigieux tout au long du set.

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La bêtise xénophobe est très tendance, cet automne

J’ai longuement hésité à vous faire un Spider Jerusalem et à écrire trois mille fois le mot “fuck” dans ce billet. Nonobstant la beauté du geste (sinon son originalité), j’ai crains qu’il ne soit mal compris par ceux de mes lecteurs qui ne sont pas au fait de l’actualité politique genevoise. Car ce matin, Genève se réveille avec une gueule de bois qui a pour nom MCG.

Le MCG (Mouvement des citoyens genevois) est un parti dont la seule ligne politique est de dire que les frontaliers, c’est-à-dire les personnes habitant en France voisine et travaillant à Genève, sont le Mal Absolu (ainsi que d’agiter le vieux fantasme de l’extrême droite, les “étrangers criminels”). Pour illustrer la stupidité d’une telle démarche, il suffit de voir une carte du canton de Genève: ce n’est guère plus qu’une enclave suisse en terre française. On peut rajouter plus prosaïquement qu’un nombre certain de ces frontaliers sont simplement des Genevois qui ne trouvent pas à se loger à Genève même.

Vous l’aurez compris: je n’aime pas ce parti, je trouve que son programme est d’une stupidité confondante (mais ce n’est pas comme si l’extrême-droite nous avait habitué à un comportement rationnel) et coltine des idées qui puent et je m’abstiendrai de commenter sur un certain nombre des cas sociaux qui le composent. Le fait que quinze pour cent des votants leur aient donné leur voix est en soi une très mauvaise nouvelle pour tout le monde et le fait que les Verts aient le même score ne suffit pas vraiment à remonter le moral.

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Sacha Rapo, l’homme qui aimait les chats

En jetant un œil sur les statistiques de ce blog, je me suis aperçu qu’un nombre non négligeable de gens y arrivaient en faisant une recherche sur Sacha Rapo.

Isa et moi avions rencontré Sacha sur la recommandation de l’éleveuse de persans qui nous avait vendu le petit fantôme gris qui hante notre appartement. L’avantage des persans, c’est que je n’y suis pas allergique; le défaut est que ça demande un minimum d’entretien.

Sacha était toiletteur pour chats, spécialisé dans les persans; il tenait la boutique Dream Cats à Carouge. “Passionné” serait un terme plus exact: il aimait ces bestioles, même si la plupart ne le lui rendait pas. Mettez-vous à leur place: un bain, quelle outrecuidance!

Il y a un mois, nous avions rendez-vous pour qu’il s’occupe de nos deux monstres. Nous avons découvert la boutique fermée pour cause de décès. Ça fait un drôle de choc.

Je ne peux pas vraiment dire que je le connaissais. Nous avions papoté quelques fois de choses et d’autres, quand j’accompagnais Isa: les chats, bien sûr, ainsi que nos différents voyages respectifs. Je n’irai pas jusqu’à dire que je ne l’oublierai jamais; déjà que j’ai tendance à oublier mon propre anniversaire…

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Détournement endémique rue Rousseau

Pub Breguet détournée

Au centre ville de Genève, la rue Rousseau est en plein dans ce que j’appelle le “Triangle d’Or”, où s’agglutinent boutiques de bédé et d’informatique. Là, à l’angle avec la rue Lissignol, se trouve un emplacement publicitaire dont les affiches sont très régulièrement détournées par les autochtones.

La dernière en date est cette pub pour les montres Breguet; je n’ai pas réussi à en trouver une version originale, mais je peux vous assurer que ce n’était pas ça.

Au-delà de la qualité artistique intrinsèque de ce détournement, j’ai surtout été impressionné par l’idée de retourner la notion du “temps qui passe”.

Je ne sais pas qui en est à l’origine, mais je lui tire mon chapeau: c’est de la belle ouvrage!

La revanche des Savoyards

On connaissait la “revanche de Moctezuma”, à savoir la tourista qui s’abat sur le voyageur imprudent en périple sud-américain. Je propose de nommer “revanche des Savoyards” la crève contractée par le Genevois qui applaudit le passage du cortège de l’Escalade dans le froid de décembre. Tout ceci donc pour dire que j’ai la gorge en …

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L’air de rien

Depuis le 1er juillet, la loi genevoise interdit la fumée dans les lieux publics. J’ai pu découvrir les bienfaits de cette heureuse disposition en me rendant aujourd’hui au café Harar, un de mes lieux de prédilection du centre ville: ça fleurait bon l’absence de clope. Le bonheur, c’est simple comme de l’air pur.