Kwoon: When the Flowers Were Singing

Encore un groupe dont le nom et le titre d’album va faire ricaner le cyberpalmipède qui hante ces lieux: Kwoon, dont le dernier album en date s’intitule When the Flowers Were Singing. On peut faire plus obscur, mais ce n’est pas évident. Curieusement, ce n’est pas du rock progressif, même si l’album m’a été recommandé par le dernier numéro de Prog-Résiste.

Kwoon est un groupe français qui fait du post-rock éthéré et minimaliste, nettement inspiré par Sigur Rós. Leur musique est en grande partie instrumentale, mais comporte également quelques partie chantées (mais qu’on entend peu). Si le nom du groupe est inspiré du mot chinois qui est l’équivalent du dojo japonais, en fait d’art martial, on est plus dans le domaine du Taiji pour ancêtres que du Kung-fu. Amis du rythme et de la puissance, passez votre chemin! On est ici dans le domaine de l’onirique évanescent et des ambiances mélancoliques.

Le gros avantage de cet album est que, si on aime le genre, il est parfait. Malgré son “Overture” quelque peu tonitruant, il part très rapidement dans les contrées plus calmes, avec des ambiances à base de nappes de guitare et de violon. Les morceaux ont un petit côté faussement naïf: simples en apparence, mais plus complexes qu’elles n’en ont l’air, avec des mélodies pop couvertes par des atmosphères musicales sur plusieurs niveaux. Mention spéciale à “Ayron Norya”, le plus long morceau de l’album qui est, à mon avis, également le plus réussi.

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“Les jours heureux”

L’ouvrage, chroniqué par mes hebdomadaires subversifs habituels, m’avait déjà titillé la fibre gauchiste, mais c’est le billet d’un lecteur qui m’a convaincu de commander et de lire Les jours heureux, ouvrage collectif signé par le collectif « Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui ». Que cache donc ce titre au parfum vieillot? Le sous-titre est plus explicite: “Le programme du Conseil national de la Résistance de mars 1944: comment il a été écrit et mis en œuvre, et comme Sarkozy en accélère la démolition.”

Les plus attentifs d’entre vous auront noté la date. Les jours heureux est un texte qui a été écrit alors que la France métropolitaine était encore entièrement occupée, de longs mois avant le Débarquement en Normandie. Ce n’est pas le côté le plus étonnant de cet texte, qui figure dans son intégralité dans l’ouvrage; au reste, ce n’est pas un long texte: une douzaine de pages. Le premier point, c’est qu’il a bel et bien été appliqué après guerre, sinon dans son intégralité, du moins dans les grandes lignes. Et que la France lui doit la plupart des avancées sociales du XXe siècle: retraites, services publics, Sécurité sociale, etc.

La premier tiers de l’ouvrage est consacrée à ce texte, à sa genèse et à sa mise en application. Rien que ça, c’est un film d’aventure. Quelqu’un qui écrirait un tel scénario – un groupe de partisans qui rédige, en pleine occupation ennemie, un texte qui devient une quasi-constitution après-guerre – se ferait renvoyer à ses chères études.

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Demians: Mute

Donc, hier, c’était convenu. Aujourd’hui, place à l’audace et à Mute, nouvel album de Demians. Derrière ce nom, un Français du nom de Nicolas Chapel qui a décidé de ne pas faire dans le simple. Déjà, son premier album, Building an Empire (que je pensais avoir chroniqué à l’époque, mais qui a dû disparaître dans les limbes de l’intarweb) était du genre bizarre, entre post-rock dépressif, métal progressif énervé et rock progressif mélancolique à la Porcupine Tree.

Mute est tout cela, mais à la puissance dix. Il y a dans cet album des accents d’Anathema, période A Natural Disaster, dans des morceaux comme “Swing of the Airwaves”, “Hesitation Waltz” et “Feel Alive”. On trouve également des inspirations venues en droites ligne de Devin Townsend (riffs lourds et hurlements), comme le déjà cité “Feel Alive”. Il y a également des périodes plus calmes, atmosphériques, comme “Porcelain” et “Black Over Gold”, qui fait suite aux deux précédents. Mélange d’ambiances, certes, mais beaucoup moins hétérogène qu’il n’y paraît.

Paradoxal, mais envoûtant. Demians ose les mélanges, les influences, les atmosphères – avec un certain brio, d’ailleurs, parce que même si certaines juxtapositions sont surprenantes (l’intro orientalisante d’un très métal “Overhead”), il est rare qu’elles tombent à plat. Je ne serais pas hypocrite (et/ou mesquin) au point de dire que c’est un signe que l’originalité paye toujours, mais dans le cas de Mute, elle paye certainement! Tiens, prenez un morceau comme “Tidal” et son intro quasi-pop, qui semble faire un peu tache au milieu de cet album. Paf! En deux minutes, on ressort les grosses guitares et l’orchestration râpeuse et chaotique. Tout l’album est de cet ordre.

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Magma: Ëmëhntëhtt-Ré

L’anecdote du jour: j’étais parti pour vous faire la chronique d’un autre album jusqu’au moment où, en vérifiant deux-trois virgules, je me suis aperçu que le vendeur chez qui je l’avais acheté s’était trompé et avait mis un autre album à la place d’un des deux CD. Das lol!

Donc, Ëmëhntëhtt-Ré, de Magma. Vous vous en doutez sans doute rien qu’au titre – et les moins ignares d’entre vous auront également reconnu le nom du groupe –, c’est du lourd! Magma est un de ces dinosaures du progressif, avec quarante ans de carrière derrière eux et une liste d’albums longue comme le bras – sauf que pas tant que ça, vu qu’ils ont fait une pause de vingt ans entre 1984 et 2004.

Magma (et son leader, Christian Vander), c’est surtout l’inventeur de tout un tas de choses, à commencer par un genre spécifique, le Zeuhl, et le langage qui va avec, le kobaïen. Je vous avais prévenus: c’est du lourd (les articles Wikipédia valent leur pesant de concept), et la musique ne fait pas grand-chose pour infirmer ce qualificatif. Elle est définie par les puristes comme un mélange improbable de jazz-rock, de chant choral et de musique classique contemporaine.

De ce point de vue, Ëmëhntëhtt-Ré (gloire à l’inventeur du copier-coller!) est un album typique. Mais seulement de ce point de vue: on a droit à une intro parlée en kobaïen faisant référence à des divinités égyptiennes, puis à des longs morceaux d’une musique complètement décalée et hantée par des chants féminins; plus besoin de LSD, ça part tout seul. Ajoutez à cela que cet album est censé être le troisième (avec Köhntarkösz Anteria (K.A) et Köhntarkösz) d’une trilogie initiée… en 1975.

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« Les Arcanes du chaos », de Maxime Chattam

Il m’a fallu un certain temps pour oser attaquer ces Arcanes du Chaos, mini-pavé signé par le français Maxime Chattam et étiqueté « thriller », qui m’avait été offert par The Old Ben au cours de l’échange traditionnel de cadeaux rôlistes (et assimilés) connu sur Antonio Bay comme « Secret Santos ».

Le sujet en est une jeune femme parisienne au demeurant parfaitement banale, Yael Mallan, qui se retrouve à voire des ombres qui n’y sont pas dans les miroirs et recevoir des messages de mystérieux correspondants l’incitant à chercher la vérité derrière les apparences.

Vous l’aurez peut-être deviné, le thème du « Secret Santos » de cette année était les conspirations. Sujet qui m’amuse beaucoup, mais que je trouve souvent mal traité (et maltraité) dans les médias contemporains, qui semblent avoir décidé, depuis X-Files, que c’est très tendance.

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Les Discrets: Septembre et ses dernières pensées

Si j’étais taquin, en lieu et place de cette chronique sur Septembre et ses dernières pensées, premier album du groupe de post-rock français Les Discrets, je vous dirais bien de prendre mon billet d’hier sur le dernier album d’Alcest et de remplacer noms du groupe et de l’album, tant ils sont similaires. Mais je ne suis …

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Les Gérard

Je me rends bien compte que j’arrive un peu après tout le monde sur ce coup, mais il y a une semaine étaient décernés les Gérard 2010 du cinéma (il en existe aussi pour la télé). Les Gérard, c’est un peu comme les César, sauf que c’est le contraire: au lieu de récompenser les soi-disant …

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Festival international des jeux à Cannes

C’est un peu en touriste (ou « semi-branleur », pour reprendre l’expression de Neko) que je me suis rendu avec Isa ce week-end au Festival international des jeux, qui avait lieu à Cannes.

Le but premier était de prendre un (long) week-end de vacances et voir des potes, en profitant de la liaison TGV directe entre Genève et Nice et, très accessoirement, de faire des parties de Tigres Volants. Du coup, je n’en ai fait qu’une, mais je ne me plains pas : on s’est bien amusés (mention spéciales à mes joueurs, qui sont les premiers à me prendre l’option “coup de pute” dans le scénario Ciel! J’ai égaré mon carburateur) et j’ai eu largement de quoi m’occuper pendant le salon.

Il faut dire que le festival est un événement de grande taille : installé au Palais des festivals (celui-là même où a lieu le Festival du film de Cannes, mais on n’a pas monté les marches), il regroupe jeux classiques (échecs, bridge, Scrabble), jeux de société plus modernes (Catane et autres jeux de « l’école allemande »), casse-têtes, jeux vidéos, wargames, jeux de carte et jeux de rôle. Ajoutez à cela un (petit) « village manga » et une entrée gratuite, vous obtenez une manifestation grand public, blindée de monde le samedi et le dimanche.

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En route vers Cannes!

Je suis en train de mettre la dernière main à mes préparatifs pour mon départ pour Cannes. Moitié vacances avec Isa, moitié convention, nous partons pour le Festival International des Jeux, qui s’y déroule depuis hier jusqu’à dimanche. Côté préparatifs, cela implique de faire quelques sauvegardes de fichiers, d’imprimer prétirés, scénarios et feuilles de présentation …

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Mistercake: Fill Empty Spaces

À force de vous sortir des groupes aussi improbables, vous allez finir par croire que je vous les invente par pur désœuvrement, mais Mistercake existe non seulement, mais il m’a parlé! Enfin, écrit; du coup, cette critique est un peu une commande, ce qui prouve que, lentement mais sûrement, Blog à part est en train de devenir le site de référence en matière de musiques bizarres, de groupes introuvables venus d’horizons improbables, le Télérama du prog et assimilés, muhahaha!

Progression by Failure

Il fallait être français pour oser un titre comme Progression by Failure, dans la grande tradition de la logique shadock: “plus ça rate, plus ça a des chances de réussir”. Sans aller jusqu’à dire que cet album est un franc succès, je dois dire qu’il a dû avoir déjà beaucoup d’échecs derrière lui pour être arrivé à ce niveau.

Lazuli: Réponse incongrue à l’inéluctable

Mettons fin tout de suite au suspens: l’écoute du nouvel album de Lazuli, Réponse incongrue à l’inéluctable, est pour moi la confirmation de ce que je pensais depuis que j’avais vu ce groupe en concert sous un chapiteau au fin fond du Valais profond: c’est grand! Le doute venait principalement de la différence entre les albums – biens, certes, mais juste biens – et l’expérience en concert, énorme.

 

Spheric Universe Experience: Unreal

Est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer pourquoi la scène musicale française – je parle de la scène rock, là, même pas des gonadoclastes roucoulophoniques de la “variété” – continue à nous bassiner avec des groupes qui, à de rares exceptions près, sentent le moisi, alors que des formations du calibre de Spheric Universe Experience existent?

 

Abacab: Mal de Terre

Un des plus gros problèmes du rock progressif, c’est qu’il trimbale un héritage historique lourd; à ce stade, en fait de passé, on devrait plutôt parler de passif. Beaucoup de groupes font référence, parfois lourdement, à des Grands Anciens, comme Yes, Genesis, Pink Floyd ou même (chez les prog-métaleux) Dream Theater. Dans le cas du rock progressif français, il faut ajouter Ange.

Ce préambule pour vous parler de Mal de Terre, dernier album en date du groupe de rock progressif français Abacab (né Contresens), qui réussit l’exploit de combiner deux héritages: Genesis (pour le titre) et Ange (pour le style) – voire trois, en comptant l’influence Dream Theater dans certains passages.

Des trois, c’est clairement Ange qui prédomine. Ça ne serait pas gênant si au moins 80% de la production de rock progressif francophone ne partageait cette même inspiration (citons rapidement des groupes comme Éclat ou Galaad; même Lazuli est dans ce cas).

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Fairyland: Score to a New Beginning

Plus que jamais, il faut se méfier des idées reçues, surtout en ce qui concerne la scène métal: alors que le power-métal mélodique semblait être l’apanage des scandinaves et des germaniques, voilà-t-y pas qu’en terre de France, un candidat sérieux du nom de Fairyland arrive avec Score for a New Beginning. Fairyland, c’est surtout Philippe …

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Nemo: Barbares

La France a, de tous temps, produit des groupes de rock progressif de haute volée: Ange, bien sûr, mais aussi Arrakeen ou Lazuli, pour ne citer que quelques noms. J’aurais aimé pouvoir dire que Nemo fait partie de ceux-ci, mais, sur la base de leur dernier album, Barbares, j’ai un peu du mal.

En fait, je crois qu’il a fallu un album de rock progressif pour que je comprenne ce qui m’agace dans la chanson française: le chant. Je ne sais pas ce qu’ont la plupart des chanteurs français, mais leur façon de chanter m’horripile. Je soupçonne que le fait que ce soit précisément en français a un effet aggravant.

Dans le cas présent, Barbares serait un album de néo-prog tout à fait décent s’il n’était desservi par une voix que je trouve particulièrement banale et poussive. Une des caractéristiques du néo-prog est une certaine énergie (propre à propulser le groupe dans le top-50 des variétés, disent les mauvaises langues qui pensent que passer du prog à la radio, c’est de la confiture à des cochons), qui est ici en grande partie absente.

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