Quand on aime le rock progressif, l’annonce d’un nouvel album de Spock’s Beard – en l’occurrence, The Oblivion Particle, le douzième – est toujours accueilli avec un certain enthousiasme. Enthousiasme teinté d’un certain scepticisme, car les Américains ont souvent déçu, ces derniers temps. Dans le cas présent, je me dois de prévenir que ce n’est pas le cas.
Spock’s Beard est un de ces – trop – rares groupes de rock progressif de ces vingt dernières années qui a su développer un son à lui. Que ce son soit associé à Neal Morse, au point qu’on le retrouve dans ses autres projets (ses albums solo et Transatlantic, notamment), est un détail.
Au reste, même si le turbulent évangéliste ne fait désormais plus partie du groupe, son héritage très « prog-champagne » est toujours présent (preuve par l’exemple avec, notamment, « The Center Line »).
Question structure, The Oblivion Particle est clairement un album de rock progressif, puisque ses dix pistes – neuf, plus une reprise du « Iron Man » de Black Sabbath en bonus – totalisent plus de septante minutes. La plus courte est juste en dessous des cinq minutes, la plus longue dépasse les dix minutes.
Et c’est là que Spock’s Beard brille vraiment: si les morceaux de The Oblivion Particle ne sont pas particulièrement impressionnants pris dans leur ensemble, ils regorgent de ponts instrumentaux très impressionnants.
Disons les choses ainsi: à la base, on a ici un mélange entre néo-prog à l’américaine – très léché, voire pompier – et des inspirations progressives « classiques », notamment de Genesis ou Kansas (“Disappear”). En soi, ce n’est pas particulièrement original, ni toujours très inspiré.
Mais Spock’s Beard connaît son affaire et, dans le domaine des compositions complexes et de l’exécution impeccable, le groupe ne craint pas grand-monde. Du coup, des morceaux comme « Tides of Time », « Bennett Built a Time Machine », « A Better Way to Fly » contiennent de véritables pépites.
Le professionnalisme des musiciens, l’énergie et une profusion d’excellentes idées parviennent à transformer une musique quelque peu standardisée en exemple de rock progressif moderne, un album très accessible – quoique peut-être un peu long, quand on n’est pas un fan de prog.
The Oblivion Particle n’est probablement pas le meilleur album de Spock’s Beard, mais il se classe aisément dans la première moitié du classement. Il ne révolutionne ni le rock progressif ni même le style du groupe, mais il est réalisé avec cœur et savoir-faire. N’hésitez pas à lui consacrer une sérieuse écoute, il le mérite.
Pour vous faire une idée, voici la « lyric video » de « Bennett Built a Time Machine »
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