Ah, les sentai, ces héros en costumes colorés qui sauvent le monde des kaijus! Sauf que, dans le monde de Shin Zero, ça, c’était avant. Et dans cette bande dessinée, les « héros » sont des jobs précaires, souvent tenus par des jeunes.

L’histoire se déroule dans un monde alternatif qui ressemble beaucoup au Japon. Mais ici, point de Deuxième Guerre mondiale, mais une invasion de kaijus, des monstres géants venus de l’océan qui ont ravagé le pays. Jusqu’au jour où les sentai sont arrivé et ont finalement mis fin à l’invasion.

Et dans ce monde, en 2025, les sentai sont juste des jeunes gens en costume (souvent d’occasion), qui font des boulots à la con: vigile de supermarché, gardien d’immeuble, au mieux auxiliaire de police. Le métier a été privatisé et uberisé, avec tout ce que cela comporte et termes de salaire de misère et courses aux « étoiles », les notes positives sur l’app de la compagnie.

L’histoire de Shin Zero va surtout se concentrer sur une colocation de six jeunes sentai, qui tentent de prendre leur boulot au sérieux. Parfois trop. Quasiment tous essayent de prendre leur indépendance vis-à-vis de leurs parents, quelques-uns voient le métier comme une façon de gagner leur vie, mais d’autres se sentent plus investis. Parfois au point de se faire des plans pas raisonnables.

Et, en toile de fond, on voit cette société, encore traumatisée par les attaques de kaijus et les conséquences: les sentai de l’époque transformées en armes vivantes et qui, plusieurs décennies plus tard, sont autant des légendes (un peu oubliées) que des bombes à retardement. Bien entendu, quand on regarde cette histoire alternative sous le nez, difficile de ne pas y voir le parallèle avec la Seconde Guerre mondiale. Ce qui tombe bien, vu que c’est un peu la métaphore derrière Gojira et les autres kaijus dans notre imaginaire.

Derrière cette histoire très japonaise, il y a deux auteurs français: Mathieu Bablet (Carbone & Silicium) au scénario et Guillaume Singelin (Frontier) au dessin, avec un trait très « manfra » et un jeu sur les couleurs assez amusant (les illustrations sont en noir et blanc, sauf les costumes des sentai). Et visiblement deux fans du genre sentai, qui ont truffé leur bande dessinée de divers clin d’œil. On retrouve d’ailleurs pas mal de thèmes propres aux deux auteurs dans la série, comme le transhumanisme et le capitalisme débridé.

Même si je suis moi-même loin d’être un amateur du genre super-héroïque, que ce soit la variante américaine ou japonaise, j’ai plutôt été convaincu par cette relecture. Il y a un côté foisonnant à cet univers, pas mal d’idées très biens vues et les personnages sont très attachants. Shin Zero est prévu sur trois tomes et j’attends de voir ce que les suivants vont proposer.

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