Marty Hensch est un comptable. Le genre qui débrouille des écheveaux internationaux d’argent sale et de cryptodevises. Alors qu’il est sur le point de prendre sa retraite, un vieil ami lui demande un dernier service. Et bien sûr, comme on est dans le roman Red Team Blues, de Cory Doctorow, ça va mal tourner, parce que sinon, il n’y a pas d’histoire.
Le titre joue sur le jargon de la sécurité, l’équipe rouge (red team) étant traditionnellement celle de l’attaquant. Celle qui est censée avoir le rôle facile: elle doit trouver une seule faille, là où la blue team – les défenseurs – doivent eux être parfaits.
Red Team Blues joue sur un certain nombre de thèmes, parfois assez proches de ceux dont traite habituellement Doctorow – l’impact de la technologie sur plein de trucs – mais aussi avec quelques points assez différents. Notamment le fait que ses personnages ne sont plus de toute première fraîcheur: Marty a soixante-sept ans et il n’est pas le plus vieux de l’histoire.
L’histoire tourne également sur des éléments franchement ésotériques: les arcanes de la finance internationale et du blanchiment d’argent sont franchement opaques et c’est encore pire avec des cryptodevises dans l’équation. L’auteur essaye de se faire didactique, mais ce n’est pas toujours idéal.
Si je ne me suis pas ennuyé à la lecture de Red Team Blues, ce n’est clairement pas mon roman de Cory Doctorow préféré. En plus des questions précitées, il suit une sorte de rythme bancal, où la trame principale semble se résoudre très vite, avant que les conséquences ne déboulent après une assez longue pause.
Le fait que les personnages aient une bouteille certaine donne un côté un peu froid dans leurs relations. Ça donne des dialogues très style-genre « je sais que vous savez », qui est certes parfois rafraîchissant, mais ce n’est pas toujours très naturel.
L’histoire comporte également une plongée dans le monde des sans-abris de la région de San Francisco qui me semble un chouïa forcée. Même si le contraste avec le protagoniste, techniquement multimillionnaire à cet instant, n’est pas inintéressant.
Avec Red Team Blues, Cory Doctorow s’essaye au genre « thriller pour adultes » (par opposition avec sa série commencée avec Little Brother, qui est plus « jeune adulte »). S’il n’a rien perdu de sa capacité à écrire des histoires prenantes sur des thèmes originaux, je trouve qu’ici il est moins convaincant qu’à son habitude.
Ce n’est pas un roman raté – encore que je pourrais dire qu’il y a quelques trucs foireux – mais plutôt un ouvrage moins intéressant que sa production habituelle. Je l’ai lue dans une version « livre électronique », sans DRM, disponible à un prix raisonnable auprès de l’auteur lui-même.
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