Alors là, normalement, le fan de SF me lâche « Keuwhâ? Tu ne connaissais pas QuanTika? » Ben non. Enfin, si: je connais Laurence Suhner depuis un petit moment (entre autres, on se croise de temps en temps aux Mercredis de la SF de Genève) et je connaissais de nom sa trilogie, mais je ne l’avais jamais lue jusqu’à maintenant.
QuanTika, c’est donc une trilogie de science-fiction. Sauf que, comme je ne fais rien comme tout le monde, je l’ai lue en version omnibus, un gros volume de 1 500 pages paru chez l’Atalante dans la collection La dentelle du cygne. L’histoire commence sur la planète Gemma, au XXIVe siècle, un monde glacé autour d’une étoile binaire, mais habitable et où l’humanité s’est installée, tant bien que mal.
Une des particularités de Gemma, c’est le Grand Arc, une mégastructure extra-terrestre en orbite autour de la planète, que personne n’a jamais réussi à explorer. Mais, au début de QuanTika, on découvre que la planète abrite aussi des vestiges d’une civilisation non-humaine, baptisée « Les Bâtisseurs » et qui pourrait bien être la même qui a construit le Grand Arc.
On a donc une mission scientifique qui part, avec des moyens conséquents, percer les mystères de ses vestiges. Sauf que, dans le même temps, une faction indépendantiste fourbit ses armes et une autre faction, militaire celle-ci, vise à prendre le pouvoir. Et pour ne ne rien arranger, Ambre Pasquier, la scientifique à la tête de l’expédition pour découvrir les vestiges sait qu’ils sont là parce qu’elle en a rêvé. Et ce n’est pas une bonne nouvelle, d’autant que ce n’est pas le seul secret qu’elle cache.
Si vous pensez que c’est beaucoup, dites-vous que je vous résume principalement le premier tiers de QuanTika. Comme mentionné, c’est une trilogie, elle fait 1 500 pages et l’histoire prend des proportions plutôt dantesques.
Et, quelque part, l’ambition de cette histoire est un de ses points forts. QuanTika nous balade dans des mondes en apparence familier, mais d’un exotisme souvent hostile et nous confronte à une menace cosmique, pas très éloignée d’une divinité lovecraftienne. Et puis il y a de l’action: retournements, trahisons, découvertes, combats; pas de doute, ça bouge bien.
Je suis aussi très enthousiaste face à la culture non-humaine, celle dite des « Bâtisseurs ». Même si elle repose sur des principes mystico-mystiques qui ont quelques relents new-age, c’est amené de façon crédible. J’aime aussi beaucoup le lien qui est fait entre cette culture et la musique traditionnelle indienne, qui à elle seule apporte une touche qui nous rappelle que l’humanité elle-même a un haut potentiel d’exotisme dans sa diversité.
Deux-trois choses me chagrinent un peu dans QuanTika. Le principal, c’est que j’ai eu beaucoup de mal à m’intéresser aux personnages. Beaucoup d’entre eux semblent cultiver un côté connard qui n’aide pas vraiment à l’empathie; ça change au fil des pages, mais pas vite – et des fois pas dans le bon sens.
J’ai aussi eu l’impression que, pour une histoire qui se déroule en 2300 et des brouettes, les relations sociales ressemblent beaucoup à celles de ce début de XXIe siècle – et, j’ajouterais, d’un point de vue occidental. Par mal de côtés, il y a un côté « SF des années huitante » dans ce roman, et c’est un peu dommage en regard de l’inventivité déployée dans d’autres aspects.
Cela dit, sans être du pinaillage, ce sont des remarques plutôt mineures et QuanTika est une solide trilogie de science-fiction francophone (sans vouloir agiter frénétiquement des drapeaux genevois). Et d’ailleurs, comme je l’ai reçu à double à Noëliversaire, l’année passée, j’en ai un exemplaire surnuméraire que j’offre volontiers à la première personne à m’en faire la demande. Laissez un commentaire sur le blog, il faudra juste qu’on s’arrange pour l’expédition.
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Tu m’as donné envie avec ton bouquin de SF. Alors si personne n’en veut, ben moi je suis preneur 😉
Sinon j’irai me l’offrir.
Rhooooo ! Grillé par JC.
Plus qu’à me le procurer 🙂
J’ai été trop lent 🙂 Merci pour la critique / revue, ça m’a vraiment donné envie !
J’avoue que l’aspect “connard” des personnages et la SF style années 80 m’ont suffisamment freiné pour que je ne dépasse jamais le 1er tome. J’avais trouvé que 500 pages pour une intro, ça faisait long… Ceci dit, je suis bien conscient de peut-être passer à côté d’une bonne histoire, mais avec le temps, j’ai de plus en plus de peine avec les romans-fleuves.