“Pirate Cinema”, de Cory Doctorow

Comme je l’avais prédit vendredi, il ne m’a pas fallu longtemps pour finir Pirate Cinema, le dernier bouquin de Cory Doctorow. Enfin, dernier, c’est vite dit: il en a publié tellement ces derniers temps que j’ai un peu perdu le compte. Toujours est-il que Pirate Cinema est le plus récent de ces bouquins “jeune adulte” dans la lignée de Little Brother ou For The Win.

Cette fois-ci, il met en scène un jeune anglais, fana de création vidéo. Sauf que sa passion se nourrit de téléchargements illicites et finit par causer la coupure de la connexion Internet de toute sa famille. Dans cette Grande-Bretagne futuriste (genre 10-20 ans) en proie à la crise, cette coupure menace de mettre sa famille sur la paille et, de honte, Trent fugue vers Londres.

La structure de Pirate Cinema est somme toute assez classique: le jeune homme se trouve un mentor, Jem, à peine plus âgé que lui, qui lui fait découvrir la vie de (brièvement) sans-abri et la débrouille. Il rencontre d’autres jeunes fugueurs qui partagent également sa passion et, ensemble, ils se lancent dans un combat pour inverser la loi qui, non seulement leur a valu d’être à la rue, mais menace maintenant de mettre les enfants en prison pour téléchargement illicite.

Par rapport aux deux précédents ouvrages sus-cités, Pirate Cinema ne présente pas de menace majeure, c’est plus l’aspect kafkaïen de la “lutte contre le piratage” et les aspects de l’activisme politique face à une politique gangrenée par les groupes d’influence (pour ne pas parler de corruption pure et simple) qui est mise en avant dans ce bouquin. On trouve aussi un intéressant point de vue sur l’originalité dans l’art (indice: ça n’existe pas).

Avec sa narration à la première personne, Pirate Cinema ressemble plus à Little Brother qu’à For The Win et, à mon avis, il lui est égal, voire supérieur sur quelques points. D’une part, Trent est loin d’avoir les compétences de son alter-ego américain, ce qui le rend plus crédible; c’est un excellent réalisateur, mais c’est – au début de l’ouvrage – une quiche pour à peu près tout le reste. En fait, plus que Trent, c’est intégrale de son groupe d’amis qui est le vrai protagoniste de ce bouquin.

La faiblesse de Pirate Cinema est peut-être que, vu qu’il n’y a pas de réel antagoniste, l’histoire n’a pas réellement de tension sous-jacente. Mis à part l’activisme politique et le procès, qui n’intervient réellement que dans le dernier tiers, c’est plus la chronique de la survie en milieu urbain d’un jeune déraciné et son amour pour le remix de films. Il manque un enjeu fort.

Ça ne m’a pas empêché de dévorer le bouquin en quelques jours à peine de lecture sur iPhone (je l’avais acheté dans le cadre du Humble eBook Bundle, dont j’ai totalement oublié de vous parler à temps). Doctorow se permet même quelques clins d’œil, notamment un à Little Brother, ainsi que des idées de détournements spectaculairement débiles (le chapeau anti-moustiques reconverti en zappeur de caméras de vidéo-surveillance).

Ceux qui me lisent depuis un moment savent que je suis un chouïa FBDM de Cory Doctorow, donc ne me croyez pas sur parole si je vous recommande Pirate Cinema avec un enthousiasme délirant. Cela dit, vu que l’animal le propose (ainsi que ses autres bouquins) sous licence Creative Commons, vous pouvez allez le lire ou le télécharger sur son site et vous faire une idée par vous-même.

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