Sur ce blog, si je sors un nom comme Mastodon, vous allez immédiatement penser au groupe américain de stoner/prog-metal, surtout qu’ils viennent de sortir un album. Dans le cas présent, Mastodon est un nouveau réseau social – mais rassurez-vous, je parlerai de l’album plus tard.

Je pourrais définir Mastodon comme étant né des amours illicites entre Twitter et Diaspora*, mais ce serait d’une part beaucoup résumer et, d’autre part, qualifier d’illicite des activités sexuelles entre majeurs (en années-logiciels) consentants, ce qui n’est pas mon genre.

Pourtant, il y a des points communs: d’une part, Mastodon ressemble de loin à un clone de Twitter, qui embarquerait quelques fonctionnalités intéressantes. Par exemple, une limite de message à 500 caractères, ainsi qu’un “content warning” intégré (qui permet de cacher une partie du message derrière un bouton cliquable) et des règles de diffusion – j’y reviendrai.

Ah oui, et les messages s’appellent des “toots” en anglais, ou des “pouëts” en français. C’est très con, mais ça m’amuse beaucoup.

D’autre part, Mastodon récupère de Diaspora* la notion de réseau distribué. Ainsi, chacun peut créer sa propre instance de Mastodon – en théorie, parce qu’en pratique, il faut disposer d’un serveur et des connaissances théoriques pour le gérer convenablement.

La grosse différence d’avec Diaspora*, à mes yeux, c’est qu’il est plus facile sur une instance Mastodon de suivre un utilisateur d’une autre instance. Il n’y a pas le côté “silo” que je perçois dans les instances Diaspora*.

Ça n’a pas l’air de grand-chose, mais ces modifications font que Mastodon est une alternative libre et ouverte à Twitter, avec pas mal de vraies fonctionnalités supplémentaires, et qui est plus facile à appréhender que Diaspora*.

L’autre point intéressant, c’est que chaque propriétaire d’instance peut la gérer comme il l’entend. Ainsi, on a non plus un gros réseau monolithique, géré par les sous-traitants sous-formé d’une compagnie à but lucratif – plus intéressée par l’utilisation commerciale des données que par ses utilisateurs – mais plusieurs réseaux qui peuvent se parler entre eux et qui peuvent mettre en place des règles de modération plus ou moins restrictives.

Ainsi, un/e utilisateur/trice qui ne sent pas à l’aise sur une instance peut en changer sans pour autant perdre ses contacts. Là encore, ça n’a l’air de rien, mais ça change pas mal de choses, surtout face à un Twitter notoirement passif face aux cas de harcèlement.

Pour l’instant, je vois deux soucis avec Mastodon, mais tous deux mineurs. D’abord, choisir l’instance qui vous convient n’est pas toujours chose aisée. Il existe quelques outils pour s’y retrouver, mais même ainsi, c’est pas facile. Personnellement, je me suis inscrit sur Framapiaf, l’instance ouverte par Framasoft, mais depuis il s’est ouvert une instance imaginair.es qui s’adresse spécifiquement aux auteurs SFFF et aux rôlistes et j’hésite à la rejoindre.

Ce qui m’amène au deuxième souci: Mastodon est encore un service jeune, voire très jeune (là encore, en années-logiciel) et il lui manque encore pas mal d’outils. L’interface utilisateur de Framapiaf est fonctionnelle, mais sans plus, je n’ai pas encore trouvé d’outils capables de véritablement gérer plusieurs comptes, par exemple. Il y a Tooty qui s’approche d’un Tweetdeck, mais le multi-comptes n’est pas encore complètement implémenté.

Mastodon a en prime un gros avantage: on a l’impression d’appartenir à un vrai réseau social, comme le dit Ploum. Il y a pour le moment une vraie ambiance conviviale – en tous cas sur Framapiaf. Bon, il y a parfois des bizarreries: l’arrivée des instances japonaises a été signalé un bombardement de robots nippons – normal, diront les fans d’animé.

Bon, ça pourrait ne pas durer, mais je soupçonne que la structure même de Mastodon, décentralisé et pourtant relié, devrait arriver à résoudre beaucoup des problèmes propres à Twitter.

C’est rare que je m’enthousiasme pour un projet de ce genre – j’ai souvent été déçu, aussi – mais je commence à penser que Mastodon est un premier pas vers une vraie alternative aux réseaux “commerciaux” existants.

Si vous voulez vous lancer, n’hésitez pas à jeter un œil sur le manuel Mastodon compilé par Framasoft et leur tuto en cinq minutes. Parmi la myriade de tutoriels et articles explicatifs, je vous conseille celui de Numerama.

Pour chercher des instances, il y a plusieurs outils, dont Mastodon Instances, qui se base sur la modération, et instances.mastodon.xyz qui est la méga-liste de tout et du reste.

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