Attention: monument! Quand Magma, sort un nouvel album, c’est toujours un événement, à plus forte raison quand celui-ci s’appelle Zëss et s’annonce comme la conclusion d’une carrière de cinquante ans.
Oui, cinquante ans. Un demi-siècle au service du zeuhl, un univers musical unique, mélange de rock progressif symphonique, de jazz contemporain hypnotique et d’un style vocal centré autour d’un langue inventée, le kobaïen. Rien que ça.
Zëss, sous-titré Le jour du néant, compte en apparence huit pistes pour trente-huit minutes. En apparence seulement, parce qu’il s’agit d’un unique morceau, éventuellement encadré par un prologue et un épilogue, mais qui s’écoule sans interruption.
Il faut savoir que Zëss – « maître » en kobaïen – est, à l’origine, un morceau ancien. Il a été composé déjà à la fin des années 1970 et souvent joué en concert par le groupe et qui, ici, est repris et finalisé.
Zëss, c’est donc une sorte de voyage musical, souligné par une ligne rythmique hypnotique à la batterie, basse et piano qui court tout au long du morceau principal et sur lequel viennent se greffer plusieurs tableaux. Et là, l’album se fait tour à tour symphonique (avec l’Orchestre philharmonique de Prague), récité, rock, jazz, voire gospel.
Première constatation: la musique de Magma est toujours aussi impressionnante et, quelque part, unique. Deuxième constatation: alors que je m’attendais à quelque chose de sombre, c’est au contraire un album lumineux, joyeux même.
Une sorte de célébration qui commence avec « Da Zeuhl Wortz Dëhm Wrëhntt », l’incantation initiale de Christian Vander (qui se poursuit en kobaïen sur « Dïwööhr Spraser ») et qui culmine avec « Zï Ïss Wöss Stëhëm » et ses chœurs liturgiques.
Et, à vrai dire, « liturgique » est un qualificatif qui s’applique plutôt bien à Zëss. Mais pas de la liturgie occulte et ténébreuse, mais vraiment un truc solaire, une fin des temps qui marquerait le début d’un renouveau.
Alors, oui, dit comme ça, ça ne fait peut-être pas envie. Je vous l’avoue: la musique de Magma n’est pas forcément faite pour tout le monde. Pour ma part, je n’irais pas jusqu’à dire que je suis tombé dedans quand j’étais petit – je n’ai découvert Magma qu’il y a une dizaine d’années – mais c’est dans mes références culturelles.
D’ailleurs, ça me rappelle beaucoup les musiques présentes dans les films de Jean Yanne des années 1970 (on voit d’ailleurs Magma dans Moi y’en a vouloir des sous!). Mais, du coup, si votre approche du prog commence vers Marillion et finit à Dream Theater, le côté « comédie musicale kitschouille » risque de piquer un peu.
Cela dit, en apparence, la musique de Magma est plutôt simple, avec cette ligne rythmique dont je parlais précédemment et qui sert de base à de multiples variations instrumentales. Et vocales, parce que dans Zëss, la voix est un instrument à part entière, entre les incantations de Vander et les chœurs.
Voila, c’est Magma. C’est hors-norme, fou. Ce n’est pas un album qu’on peut recommander, parce que c’est tellement loin d’un peu tout ce qui se fait que c’est probablement « on aime ou on aime pas » et peu de choses au milieu. Pour ma part, si je ne classerai pas Zëss dans les meilleurs albums de l’année, c’est sans doute un des plus marquants.
C’est peut-être le tout dernier album de Magma, la conclusion d’une carrière unique, de cinquante ans. Si c’était le cas, ce serait… satisfaisant. Une belle épitaphe.
« Aujourd’hui est le jour où nous allons mourir et je te dis merci. »
Bonus: une vidéo « making-of » de l’album
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Merci pour la découverte, j’aime beaucoup l’orchestration et si je pouvais écouté le morceau sans les voix parlées ce serait grand !
Hello et bienvenue sur ce blog!
(Au passage, c’est bizarre le lien vers un blog de 2012 avec un article tout buggé en tête…)
Magma n’est à mon avis pas du genre à proposer des versions instrumentales de ses albums. C’est un peu le principe de “si ça n’était pas important, ça ne serait pas dedans”.