Si je devais résumer en une phrase L’Héritage de Richelieu, je dirais « Les Lames du Cardinal, vingt ans après ». En effet, il s’agit là d’une suite officielle, signée Philippe Auribeau, de la trilogie de cape et d’épée de Pierre Pevel.
Comme le laisse supposer le titre, le Cardinal de Richelieu est mort et enterré, de même que son protecteur Louis XIII. C’est donc un autre cardinal, Mazarin, qui s’occupe des affaires de la France en attendant la majorité du futur roi Louis, quatorzième du nom. Et les dragons conspirent toujours.
Car dans cet univers, l’humanité doit cohabiter avec les peuples draconiques : dracs, wyvernes, dragonnets et, bien sûr, les puissants dragons à la magie délétère. Qui, bien évidemment, conspirent pour renverser les hommes – et plus précisément la France.
Qu’on me pardonne la pointe de sarcasme: ça fait un moment que j’ai lu Les Lames du Cardinal et, si j’avais bien aimé cette série, je ne me souviens plus précisément des tenants et aboutissants de la géopolitique. Du coup, les deux anciens dragons de la Griffe noire qui cherchent à envahir la France, ça fait un peu « parce que raisons ».
Mais bon, c’est du roman de cape et d’épée, qui plus est teinté de fantasy. La vraisemblance historique a depuis longtemps fui les lieux en passant par la fenêtre (après s’être accrochée au lustre, une horde de spadassins à sa suite). Là n’est pas le propos.
Dans L’Héritage de Richelieu, on retrouve ce qui reste des Lames du Cardinal – pas la fine équipe de la trilogie, mais leurs successeurs. Au reste, les Lames ont été dissoutes par Mazarin, mais voici qu’une nouvelle menace incite le Cardinal à les reformer, ce qui ne va pas sans mal.
On a donc un mélange de vétérans et de nouveaux, qui doivent tant bien que mal faire équipe pour tenter de comprendre ce qui se cache derrière un trafic de jusquiame dorée, une substance liée à la magie draconique et qui a des effets corrupteurs sur les hommes comme sur les dragons.
Il est difficile de ne pas comparer une suite à son prédécesseur, surtout quand elle est de la plume d’un auteur différent. Je vais cependant essayer, ne serait-ce que parce que Philippe Auribeau est un de mes contacts sur les réseaux sociaux (et qu’en plus il était présent aux Hydriades).
Je dirais donc ceci: L’Héritage de Richelieu se lit bien et plutôt vite, malgré un gabarit plus que conséquent. Il se dégage de ce roman à la fois un souffle épique et un côté très « les bottes dans la merde ». Littéralement. C’est peut-être un des reproches que je lui ferais: le texte insiste souvent sur le côté crasseux des rues de Paris.
Côté reproches, j’ai eu aussi l’impression que, du début à la fin, les personnages se prennent des quantités de baffes ahurissantes sans que ça ne porte trop à conséquences. Oh, un peu quand même, mais ça ne les empêche que rarement de continuer à se battre contre des hordes hostiles, jusqu’au moment où ils tombent pour de bon.
C’est un peu le style qui veut ça, aussi. Mais je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir une « touche rôliste ». Au reste, ces nouvelles Lames ont tout du personnage de jeu de rôle, avec leurs défauts, leurs sombres secrets et leurs compétences pétées en combat.
L’Héritage de Richelieu est une suite qui n’a pas à souffrir de la comparaison avec Les Lames du Cardinal – et réciproquement, d’ailleurs. Elle est peut-être un peu plus « pulp » avec des personnages plus archétypiques et une situation bien plus explosive. Si vous avez aimé le roman de Pierre Pevel, vous allez sans doute apprécier cette suite de Philippe Auribeau.
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