S’il n’y avait pas eu la chronique de Lune, il y a des chances pour que je sois passé à côté de L’Effet Domino, de François Baranger. En effet, même si cet auteur (également illustrateur) est connu dans les cercles SF (avec le cycle Dominium Mundi), cet ouvrage-ci est un polar-thriller sis dans le Paris du début du XXe siècle.
On suit l’inspecteur Philippe Lacinière, policier à Rennes, qui est convoqué par le préfet de Paris, Louis Lépine, pour enquêter sur les agissements d’un “tueur à répétition” qui, non content de supplicier ses victimes dans des mises en scènes mystiques, s’attaque également aux proches des policiers chargés de l’enquête.
Lacinière, sans attaches et passablement mal vu par ses collègues en dépit de ses indéniables qualités d’enquêteur, se voit propulsé à la tête d’un petit groupe d’agents chargés d’enquêter en toute discrétion sur l’affaire. Sauf que la discrétion est quelque peu mise à mal quand un journaliste vient se greffer sur l’équipe.
Commençons par les choses qui fâchent – ou, à tout le moins, qui gênent un peu. Il y a pas mal de clichés dans cette histoire: un peu tous les protagonistes ont pris le défaut “sombre secret” et la seule femme de l’équipe va être prise pour cible par le tueur. Oui, je spolie un peu, mais c’était tellement prévisible que ça ne gâche pas grand-chose.
Je suis également assez peu fan des descriptions sordides, qui font très CSI et autres police procedurals récents. Le bouquin n’en déborde pas, mais il y en a quand même un certain nombre.
Ceci posé, L’Effet Domino garde tout de même pas mal d’atouts. D’abord, une reconstitution minutieuse du Paris du début du XXe siècle, surtout avec ses quartiers miséreux qui contrastent avec les hôtels particuliers des grands bourgeois. C’est aussi une période où s’affrontent laïcards et religieux – avec les spirites et autres sectes sataniques pour faire bonne mesure.
Ensuite, comme page-turner, il est très efficace. Certes, sur les 560 et quelques pages en grand format, il y a quelques longueurs, mais rien qui casse le rythme. Et puis l’intrigue est plutôt bien torchée, même si elle reste assez classique dans le fond. On suit l’action presque en temps réel à travers les yeux de Lacinière, narrateur et protagoniste principal de cet histoire.
Je peux également citer une atmosphère étouffante bien rendue, avec cette ville encore en pleine métamorphose et comme figée par un hiver qui n’en finit pas. Les personnages sont aussi intéressants, autant pour eux-mêmes que pour l’éclairage qu’ils apportent sur leur époque. Les Grands Secrets Dramatiques sont un peu too much, mais l’auteur n’en abuse pas, donc ça va.
L’Effet Domino est donc un roman que j’ai plutôt bien aimé, avec un contexte fascinant et une efficacité impressionnante. Il n’est pas sans défaut, mais l’un dans l’autre, il est hautement recommandable. Et puis, si vous voulez quelque chose de plus léger dans cette même époque, il y a Les Fantômes du Nouveau Siècle.
Hormis Lune, précédemment mentionnée, d’autres avis chez Les voyages de ma plume, Romans sur canapé, Les cibles d’une lectrice “à visée”, et les critiques de Bifrost.
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Bon bon, j’aime bien le style de Baranger, va falloir que je me penche sur son côté polar
Niveau style, ce n’est pas turbotranscendant, mais c’est bien tourné et, au minimum, ça fait le job.