“Karen Memory”, d’Elizabeth Bear

En cette année 1878, dans la ville (fictive) de Rapid City – quelque part dans le nord-ouest de ce qui n’est pas encore les États-Unis – vit Karen Memery, l’héroïne quasi-éponyme du roman d’Elizabeth Bear Karen Memory.

Karen est une des jeunes pensionnaires du claque de Madame Damnable, propriétaire de l’Hôtel Mon Chérie – dont le nom fait râler la francophone de l’établissement – et elle va se retrouver impliquée dans une histoire qui commence par la libération mouvementée d’une jeune fille et se termine par un complot international déjoué.

Karen Memory est un roman qui m’avait tapé dans l’œil suite à un article de BoingBoing – je crois; je n’arrive plus à le retrouver – et qui, à la lecture, s’avère tenir ses promesses. D’une part, il y a un univers qui fleure bon le steampunk, avec des machines extraordinaires, des dirigeables, une machine à coudre qui peut se transformer en exosquelette de combat et des permis de savant fou.

Ensuite, il y a les personnages: la plupart sont des prostituées, certaines sont d’origine asiatique ou africaine – plus une transgenre – et, parmi les rares protagonistes masculins, il y a un US Marshall afro-américain et son associé amérindien. Je vous conseille d’ailleurs de lire les brèves notes finales de l’auteure, qui détaille certaines de ses inspirations; la réalité dépasse parfois la fiction.

En fait, les méchants – un maquereau brutal et avide de pouvoir, un tueur psychopathe sadique et tout une clique de sbires patibulaires – sont des mecs blancs. Du steampunk féministe no-binaire et non-eurocentré, yay!

Si l’intrigue est somme toute assez banale, avec méchants très méchants, complots sinistres et rebondissements, c’est enlevé et très distrayant. En plus, le roman est écrit du point de vue de Karen – ce sont ses “mémoires”, son journal en fait. Par voie de conséquence, il est écrit dans un anglais assez peu académique. Karen est à peine lettrée et ça se voit – ça se lit, en fait.

Du coup, la lecture de Karen Memory peut être parfois un peu rude quand on a pas le cerveau bien câblé sur l’anglais. Il y a des tournures de phrases qui ne font sens que quand on les lit à haute voix, pour cause de faux ami ou d’homophonie. Toutes proportions gardées, ça doit faire à peu près la même chose que, pour un anglophone, la lecture d’un monologue de Bérurier dans un San-Antonio.

C’est un peu le seul défaut que je trouve à ce bouquin – et encore n’est-ce un défaut que si on n’a pas une certaine maîtrise de l’anglais, sinon ça fait également partie du charme et de l’ambiance. Pour les amateurs de steampunk non-conventionnel, avec beaucoup de punk dans le steam, Karen Memory est un ouvrage que je recommande.

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3 réflexions au sujet de ““Karen Memory”, d’Elizabeth Bear”

  1. J’avais bien aimé ce livre quand je l’ai lu l’an passé, mais c’est vrai que le style est totalement non conventionnel et donc pas super facile (j’avais eu du mal au tout début xD).

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    • Disons que c’est quand même moins difficile à lire que quand Charles Stross reproduit à l’écrit l’accent écossais. 😉

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  2. Lu et trouvé très chouette. J’ai juste trouvé que, parfois, la narratrice se dispersait un peu trop dans ses propres réflexions, ce qui nuisait notamment aux scènes d’action. Mis à part cette réserve, très cool.

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