C’est en partie la note de Thias sur les micro-données, cumulée à mon billet d’hier sur Un dé dans la face,  qui a réveillé chez moi une réflexion qui me tourne dans la tête depuis un petit moment sur la mise en commun des bases de données qui existent dans le jeu de rôle francophone et, partant, sur l’idée d’une stratégie “open data” pour les différents sites qui les utilisent.

Pour ceux qui ne connaissent pas le principe derrière cette notion de “données ouvertes”, l’idée est de non seulement partager des données de façon ouverte et gratuite, mais aussi de définir publiquement et ouvertement la structure de ces données, de façon à en faciliter l’utilisation.

À ma connaissance, il existe au moins deux grosses bases de données francophones en rapport avec le jeu de rôle: le Guide du rôliste galactique (Grog, pour les intimes), pour tout ce qui est jeux en eux-mêmes, et la Scénariothèque (ou Scentek), pour les scénarios, feuilles de personnages et autres aides de jeux.

En élargissant à un univers ludique plus généraliste, un site comme Tric Trac a également une grosse base de données de jeux, dont certains jeux de rôle. Ajoutez à cela la multitude de sites qui gèrent des événements (conventions ou autres) ou même la FFJDR pour des données sur les clubs (localisation, activités, jeux joués, etc.).

Il me semble qu’il y a pas mal d’éléments redondants dans les différents sites qui traitent du jeu en général (et du jeu de rôles en particulier) et encore plus d’occasions manquées pour avoir de vraies synergies. Internet est un outil génial quand il s’agit de faire de l’agrégation de données, mais je suis moins sûr que ce soit une bonne idée d’avoir une multitude de sites centralisés.

Une vraie stratégie de données ouvertes, si elle était adoptée par au moins les deux grands acteurs précités et pour les événements, permettrait d’avoir un format standard de données, partageable par tous. Un club pourrait annoncer une partie d’un jeu sur son site avec accès aux informations pertinentes du Grog; un autre pourrait pointer vers des scénarios et aides de jeux disponibles sur la Scénariothèque.

On pourrait aussi imaginer prendre avantage de certaines fonctionnalités de sites comme Flickr en utilisant des balises automatiques permettant d’agréger des photos d’un événement. C’est ce que fait Last.fm: en allant par exemple sur la page du concert d’Eluveitie (chroniqué en ces lieux), on peut y voir mes photos, postées sur Flickr avec le tag ad hoc. Ça pourrait être très sympa sur un site qui gère des événements.

Après, je suppose qu’il y a quelques réticences à vaincre: le Grog, par exemple, n’est pas très chaud pour partager certaines données (c’est indiqué dans leur FAQ), mais ça n’est pas un gros problème: l’open data s’applique plus facilement à des données factuelles. Il est logique que certains sites gardent pour eux ce qui fait leur “valeur ajoutée”. Ça demande cependant un changement de mentalité.

Je pense que le jeu de rôle francophone a beaucoup de choses à gagner en adoptant une stratégie d’ouverture et de partage de ses grosses bases de données – qui, de plus, sont à ma connaissance les plus grosses du monde sur ce domaine. Cela demande un peu de coordination et pas mal de bonne volonté, mais c’est faisable.

(Image “Open Data Scrabble” par Justin Grimes via Flickr, sous licence Creative Commons)

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