Zone franche Bagneux 2012

C’est sur les conseils d’Éric Nieudan qu’au milieu des frimas de saison, j’ai pris ma besace sous le bras, mon courage à deux mains et, ainsi encombré, j’ai pris le chemin de la riante cité de Bagneux, dans la banlieue sud de Paris, pour l’édition 2012 de Zone franche Bagneux (attention, site qui pique les yeux – de l’intérieur si vous êtes graphiste). Cette phrase vous montre d’ailleurs bien que, contrairement à nombre des personnes y rencontrées, je n’ai aucune chance de devenir un vrai auteur de science-fiction, mais passons.

Zone franche est une manifestation un peu différente des conventions et autres salons plus ludiques que je fréquente d’habitude, en ce qu’il s’agit d’une convention dédiée aux « cultures de l’imaginaire ». Vaste sujet. Dans les faits, on y retrouve surtout un grand nombre d’éditeurs spécialisés dans la science-fiction, la fantasy et/ou le fantastique (SFFF pour les initiés), une petite foule d’illustrateurs, quelques associations et une petite section rôlistes, animée principalement par le Grog et la FFJDR.

Disons les choses ainsi : d’un point de vue purement rôlistique, l’intérêt est assez limité. L’entrée gratuite signifie que c’est un évènement qui a un côté très grand public et la rareté des tables d’en fait pas un lieu idéal pour jouer. Mais les apparences sont trompeuses : c’est un lieu propice au réseautage, où la plupart des exposants sont (ou ont été) rôlistes. J’y ai d’ailleurs pu rencontrer certains contacts que je ne connaissais que via réseaux sociaux et autres forums rôlistes (pas toujours très sociaux) et discuter plus longuement avec d’autres.

Zone franche, c’est aussi l’occasion d’assister à près d’une vingtaine de conférences, qui peuvent aller de sujet aussi pointus que l’astrophysique et la science-fiction à des présentations de l’univers de Perry Rhodan, qui est tout de même la saga littéraire encore en activité la plus longue au monde, tous genres confondus, ou encore sur les intérêts et inconvénients du livre numérique. Pour un rôliste, se confronter à un monde plus conventionnellement littéraire permet aussi de distinguer certaines passerelles, pas toujours évidentes dans notre petit milieu un peu incestueux.

Ce qui est un chouïa déprimant (intéressant, mais déprimant quand même), c’est de voir que certaines conférences – comme par exemple celle sur le livre numérique – attire surtout comme intervenants un grand nombre de vieilles barbes et, souvent, le choc des générations apparaît assez clairement. Ce n’est pas comme si la littérature SFFF française ne comptait pas un certain nombre de nouvelles têtes qui pourraient apporter un regard plus neuf sur un certain nombre de sujet, mais il semble que le modèle Cory Doctorow d’auteur internet native n’a pas encore percé en nos contrées.

Une autre chose qui m’est apparue au cours des conversations et des conférences, c’est que s’il est clair pour un peu tout le monde que la science-fiction est une littérature du présent (qui utilise l’avenir comme accessoire de narration pour faire passer son message), un corollaire est que c’est un genre qui, souvent, vieillit très mal.

La discussion sur le reboot de Perry Rhodan, lancé par les Allemands en octobre passé, a généré un beau clash entre « anciens » et « modernes » ; il faut dire que la série, si elle compte plus de 280 volumes en français, est encore en retard de presque quarante ans sur les parutions allemandes (un fascicule par semaine depuis cinquante ans). Du coup, cette modernisation de la saga passe très mal auprès de certains fans de la première heure, alors qu’un intervenant disait que c’était une entreprise potentiellement salutaire pour sa pérennité.

Bref, après deux jours passés dans un froid circumparisien qui n’a pas grand-chose à envier à celui de Genève, je rentre deux sacs passablement cubiques pour cause de fièvre acheteuse assumée avec peine. Une petite quantité de livres que je cherchais – certains signés par des auteurs passablement éméchés, d’ailleurs – d’autres acquis sur la foi d’une quatrième de couverture aguicheuse ou d’un discours bien rodé. Entre ce que j’ai reçu à Noël et pour mon anniversaire et ce que j’ai acheté ce week-end, j’ai de quoi lire jusqu’au 21 décembre – voire au-delà, soyons fous !

Et si le monde ne s’est pas autodétruit d’ici là, j’espère bien revenir l’année prochaine.

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7 réflexions au sujet de “Zone franche Bagneux 2012”

  1. “un corollaire est que c’est un genre qui, souvent, vieillit très mal.”
    la plupart du temps, surtout quand l’histoire est fortement empreinte de technologie oude spéculations scientifiques ; mais pas toujours, comme le très beau roman d’Ursula Le Guin la main gauche de la nuit, ou Jack vance, ou Dune de frank Herbert, ou encore “les portes de la mort” de Margarett Weis et Tracy Hickman (mais là on est à la frontière du genre…) et tant d’autres que j’oublie… (enfin non pas vraiment, mais je ne vais pas faire un catalogue…)

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    • Bien sûr, il y a des exceptions, des romans qui sont basés sur des thèmes impérissables et qui survivent raisonnablement bien à l’usage du temps, mais en général, la SF lambda a tendance à mal vieillir.

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      • comme pour beaucoup de choses (musique, littérature, cinéma, peinture et même électroménager lol…

        ce qui survit est alors qualifié de “classique”…

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    • OK, ben si tu insistes, je n’y irai pas. 😉

      (Il se trouve surtout que, niveau dates, c’est pas super-pratique pour le boulot.)

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